NI VU NI CONNU (1958) SC�NARIO : Yves Robert, Jean Marsan et Jacques Celhay D'apr�s le roman d'Alphonse Allais : � L'AFFAIRE BLAIREAU � TH��TRE GUIGNOL - INT�RIEUR JOUR Plan rapproch� de la sc�ne d'un th��tre Guignol � l'ancienne. Le g�n�rique, en lettres blanches, d�bute sur le rideau de sc�ne ferm�. Puis le rideau s'ouvre sur une marionnette � gaine, qui ressemble � Blaireau, tel que nous allons le d�couvrir dans la suite du film. Derri�re la marionnette, le d�core repr�sente une grosse bourgade au bord d'une rivi�re. La marionnette joue une peu � cache-cache avec le bord gauche du rideau de sc�ne. Arrive, par la droite, une autre marionnette portant un b�ton. Cette marionnette, qui porte un k�pi, ressemble au garde-champ�tre Parju, tel que nous allons le d�couvrir bient�t. Les deux marionnettes, dos � dos, ne se voient pas. A un moment, elles se retournent, se voient, et s'enfuient dans les coulisses, chacune de son c�t�. Puis � Parju � revient sur sc�ne, toujours son b�ton � la main, et cherche visiblement son adversaire. � Blaireau � arrive derri�re � Parju �, qui ne le voit pas. Il tient, lui aussi, un b�ton dans ses bras, et il frappe � Parju � sur la t�te, puis il s'enfuit pr�cipitamment. � Parju � se retourne et cherche son adversaire. � Blaireau � revient subrepticement derri�re � Parju � et le frappe � nouveau, puis il s'enfuit en coulisses. � Parju � cherche � Blaireau �, qui revient face � � Parju �. S'ensuit une sorte de ballet, o� les deux protagonistes se toisent du regard. Une courte bagarre et � Parju � s'enfuit en coulisses. Puis il revient et toise de nouveau son adversaire. Chaque marionnette tape quelques coups de b�ton sur la bande. (Note : dans un th��tre de marionnettes � gaine, la bande est la planche situ�e sur le devant de la sc�ne, � hauteur du ventre des marionnettes, et sur laquelle les marionnettes posent les divers accessoires du spectacle) Puis le petit ballet d'intimidation des deux marionnettes recommence. � Blaireau � tapote un peu � Parju � de son b�ton, et ils recommencent � danser. Chacune, � son tour, pousse l'autre marionnette de l'extr�mit� de son b�ton. La bagarre s'intensifie, et les deux marionnettes roulent ensemble sur la bande. Finalement, � Blaireau � assomme � Parju �, puis ramasse le corps inanim� de � Parju � sur la bande avec son b�ton, et le jette en coulisses. Fin du g�n�rique FONDU ENCHA�N� MONTPAILLARD - ENTR�E DE LA VILLE - EXT�RIEUR JOUR Une route, bord�e d'un mur de pierre, � l'entr�e de la ville que l'on aper�oit en plan g�n�ral au bout de la route. En premier plan, un panneau routier, sur lequel est inscrit � Montpaillard �. Venant de la gauche, Parju, le garde-champ�tre de la ville, entre dans le champ. Le dos de son uniforme semble un peu sale. Il marche sur la route, se dirigeant vers le centre ville. Une moto arrive, � vive allure derri�re lui, et le fr�le, l'envoyant valdinguer sur le mur. Le � motard � porte un casque blanc avec un motif de damiers, et un blouson de cuir. Panoramique, nous permettant de d�couvrir, devant le panneau portant le nom de la ville, un autre panneau, plus imposant, sur lequel est inscrit en lettre majuscules noires sur fond blanc : � La ville la plus calme de France �. La moto continue, sans s'arr�ter, sa route vers le centre ville. MAIRIE - SALLE DU CONSEIL MUNICIPAL - INT�RIEUR JOUR Plan moyen de Monsieur Dubeno�t, le maire de Montpaillard. Il est en costume sombre et noeud papillon. Il est debout sous le buste de Marianne, elle-m�me entour�e de deux drapeaux tricolores. De chaque c�t� du buste de Marianne, une fen�tre entr'ouverte. Sur la table devant le maire, est pos� un t�l�phone. MONSIEUR DUBENO�T Oui, Messieurs. Moi vivant, rien ne viendra troubler la tranquillit� de notre petite sous-pr�fecture. Il ponctue sa phrase en se frappant la poitrine du poing. MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR Vue d'ensemble de la rue en enfilade. Au premier plan, une charrette portant des tonneaux de vin. Une mule, portant un chapeau blanc, est attel�e � la charrette. Derri�re la charrette, deux hommes d�chargent un tonneau. Au bout de la rue, on voit arriver la moto que l'on avait d�j� vu entrer en ville � la sc�ne pr�c�dente. MONSIEUR DUBENO�T (voix off) Depuis la fondation de Montpaillard, les r�volutions se sont succ�d�es en France... La moto fr�le l'un des hommes qui d�chargent le tonneau. L'homme fait un �cart et l�che le tonneau qui d�vale la rue l�g�rement en pente. Plan moyen sur un homme qui remontait la rue, et qui est fauch� par le tonneau. L'homme s'�tale par terre et le tonneau continue � rouler. MONSIEUR DUBENO�T (voix off) ... les tr�nes ont croul�, sans jamais troubler la paix de notre petite cit�. Un passant s'est pr�cipit� pour aider l'homme � terre � se relever. Un boucher � bicyclette d�bouche d'une ruelle adjacente et �vite de justesse l'homme allong� par terre. MONTPAILLARD - ATELIER DU TONNELIER - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen sur Auguste, le tonnelier, en train de travailler en plein air. Devant lui, plusieurs tonneaux et des cercles de fer. Derri�re lui, on voit les tours d'un b�timent assez ancien. Les tours, qui sont visiblement d'origine m�di�vale, ont �t� recouvertes de toits pointus. MONSIEUR DUBENO�T (voix off) C'est pourquoi les regrettables incidents qui, chaque jour, ridiculisent l'autorit�... Parju entre dans le champ sur la droite. Auguste le regarde en ricanant devant l'�tat nettement d�grad� de son uniforme. AUGUSTE Encore Blaireau, hein ? PARJU Oui, mais je l'aurai. Auguste continue � ricaner. AUGUSTE Ouais ! PARJU Je l'aurai. AUGUSTE Ouais ! MONTPAILLARD - RUE AVEC ARCADE - EXT�RIEUR JOUR Plan de demi-ensemble d'une rue, qui passe sous une arcade. Devant l'entr�e de l'arcade, deux hommes, l'un assez �l�gant, et l'autre, plus �g�, et qui s'appuie sur une canne. Parju passe devant eux, se dirigeant sous l'arcade. Les deux hommes son pli�s de rire, en voyant l'�tat de Parju. MONSIEUR DUBENO�T (voix off) ... l'autorit� respect�e par tous... Parju marche sous l'arcade. Les passants se retournent sur lui. Les deux hommes, � l'entr�e de l'arcade, continuent � rire. MONTPAILLARD - RESTAURANT - EXT�RIEUR JOUR Plan de demi-ensemble de l'ext�rieur d'un restaurant. Devant un escalier, le cuisinier et un serveur portant une pile d'assiette regardent Parju, qui arrive sur la droite du champ, et ils �clatent de rire. Le cuisinier se tape sur les cuisses. Parju hausse les �paules et continue son chemin. MONSIEUR DUBENO�T (voix off) ... et dont l'�loge n'est plus � faire. MONTPAILLARD - UNE RUE COMMER�ANTE - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen, devant un magasin, du juge Lerechigneux, portant un paquet de g�teaux de p�tissier, et discutant avec un gendarme. Parju passe dans la rue et se retourne l�g�rement sur les deux hommes. LE JUGE LERECHIGNEUX Que lui est-il arriv� � ce pauvre Parju ? Le gendarme regarde Parju s'�loigner, puis se tourne en riant vers le juge. LE GENDARME Encore un coup de Blaireau, monsieur le juge ! Voil� vingt ans que �a dure. Le juge hoche la t�te et s'�loigne MONSIEUR DUBENO�T (voix off) Ces incidents doivent cesser ! La cam�ra suit le juge qui marche dans la rue. MONSIEUR DUBENO�T (voix off) D�j�, l'on murmure... Le juge croise le chemin de Ma�tre Guilloche, avocat, et chef de l'opposition au conseil municipal, et Monsieur Bluette, le directeur de la prison. Le juge serre la main de Ma�tre Guilloche. MONSIEUR DUBENO�T (voix off) ... la calomnie se montre, s'embusque... Le juge serre la main de Bluette, qui s'incline l�g�rement. MONSIEUR DUBENO�T (voix off) ... nous guette de son oeil avide. Le juge termine une conversation, dont nous n'avons pas entendu le d�but, masqu� par la voix off du maire. LE JUGE LERECHIGNEUX ... oui, alors, c'est un fait. Ils marchent tous les trois dans la rue. Guilloche prend le bras de Bluette. MA�TRE GUILLOCHE Monsieur Bluette, combien de d�tenus avez-vous en ce moment dans votre prison ? MONSIEUR BLUETTE Une petite douzaine, de braves gar�ons, tr�s calmes. Guilloche se tourne vers le juge. MA�TRE GUILLOCHE Calmes !... M�me les d�linquants sont calmes ! Il s'arr�te de marcher, et regarde droit devant lui. MA�TRE GUILLOCHE Cette ville dort, cette ville s'encro�te. MAIRIE - SALLE DU CONSEIL MUNICIPAL - INT�RIEUR JOUR M�me plan sur le maire en train de parler debout devant le buste de Marianne. MONSIEUR DUBENO�T J'aimerais mieux voir ma ville en cendres qu'� la proie du d�sordre. Il s'arr�te et sourit. MONSIEUR DUBENO�T C'est tr�s bon, �a... Il s'assoit pour noter la derni�re phrase qu'il vient de dire. La cam�ra le suit en panoramique descendant, et on s'aper�oit que la salle du conseil est vide. Et que donc, il ne parlait pas devant un auditoire, mais pr�parait un discours. Zoom arri�re, montrant toute la longue table du conseil. Dubeno�t �crit. MONSIEUR DUBENO�T Depuis Henri IV... Il s'interrompt et �crit de nouveau. On frappe � la porte. MONSIEUR DUBENO�T Oui ! Plan moyen du maire assis � table en train d'�crire, avec la porte en arri�re-plan. La porte s'ouvre lentement et Parju entre en faisant un petit salut. PARJU Monsieur le maire... Il referme la porte. Le maire ne lui octroie qu'un coup d'oeil rapide, et donc ne se rend pas compte de l'�tat de son uniforme. MONSIEUR DUBENO�T Bonjour, Parju. Quoi de neuf ? PARJU Rien, monsieur le maire. MONSIEUR DUBENO�T Parfait. T�chez que �a continue. Parju s'appuie des deux mains sur le dossier de la chaise voisine de celle o� le maire est assis. PARJU Voil�, monsieur le maire, je voulais vous dire. MONSIEUR DUBENO�T Quoi ? Dubeno�t jette un autre coup d'oeil rapide vers Parju, puis revient vers les documents sur lesquels il travaille. Mais, � peine s'est- il pench� sur ces documents qu'il sursaute et regarde Parju avec plus d'attention et s'aper�oit enfin de l'�tat d�plorable de son uniforme. Il se l�ve et d�visage Parju, qui affiche un air penaud. Contrechamp avec Parju en premier plan. MONSIEUR DUBENO�T �a, c'est du Blaireau tout pur ! Parju tourne la t�te de c�t� pour dire : PARJU Oui, monsieur le maire. Dubeno�t se rapproche de Parju. MONSIEUR DUBENO�T Alors, Parju, quand est-ce que vous me le coffrez, ce pistolet ? PARJU Je voudrais bien, monsieur le maire, mais c'est qu'il est malin comme le diable ! MONSIEUR DUBENO�T Ah... Si c'�tait lui qui f�t garde-champ�tre, et vous qui fussiez Blaireau, y a belle lurette qu'il vous aurait pinc�, mon pauvre Parju ! Le maire ricane, et Parju �clate de rire. PARJU Ah, pour �a oui, monsieur le maire... Parju met amicalement la main sur l'�paule du maire, dont le visage redevient imm�diatement tr�s s�v�re. MONSIEUR DUBENO�T Alors Parju ! Devant le regard autoritaire du maire, Parju se met au garde-�- vous. MONSIEUR DUBENO�T De l'oeil ! Et du jarret ! Et vive Montpaillard ! Parju porte la main � son k�pi et salue. Le maire s'�loigne vers la porte de la salle. MONSIEUR DUBENO�T Repos ! Parju baisse le bras. On entend la porte de la salle qui claque derri�re Parju, et imm�diatement Parju se remet au garde-�-vous. MONTPAILLARD - PLACE DE LA MAIRIE - EXT�RIEUR JOUR Plan d'ensemble de la place, avec la mairie au fond de la place. On acc�de � l'entr�e de la mairie par un escalier et un petit perron. Des enfants font une ronde devant la mairie. Le maire sort de la mairie. Deux hommes qui passent le saluent, en soulevant leurs couvre-chef. L'UN DES HOMMES Bonjour, monsieur Dubeno�t. Le maire soul�ve son chapeau. MONSIEUR DUBENO�T Bonjour. Il descend les marches du perron. Le boucher passe avec sa bicyclette, et agite la main. LE BOUCHER Bonjour, monsieur le maire... Dubeno�t lui rend son salut et traverse la place. MONSIEUR DUBENO�T Bonjour. Une femme d'un certain �ge croise son chemin et incline l�g�rement la t�te. LA FEMME Bonjour, monsieur... Le maire soul�ve son chapeau. MONSIEUR DUBENO�T Bonjour, madame... Bluette entre dans le champ par la gauche. Le maire tend les bras vers lui. MONSIEUR DUBENO�T Allons, Bluette, voyons, c'est l'heure du bridge. Les Chaville nous attendent. Bluette serre la main du maire, et ils s'�loignent tous les deux ensemble. CHATEAU DE CHAVILLE - CAVE - INT�RIEUR JOUR Plan rapproch� sur un tonneau marqu� : � Clos de Chaville �. Une pipette de contr�le est plong�e dans le tonneau. Panoramique et zoom arri�re nous permettant de d�couvrir le comte L�on de Chaville, qui sort la pipette du tonneau. L�on de Chaville a tout � fait l'allure d'un noble � l'ancienne : monocle et noeud papillon. Il verse la contenu de la pipette dans une petite tasse m�tallique de d�gustation. Son �pouse s'approche de lui et lui tend sa propre tasse, qu'il remplit. Ils go�tent ensemble le contenu de leurs tasses. L�ON DE CHAVILLE Quarante-sept. Son �pouse sourit : COMTESSE DE CHAVILLE Quarante-huit. Ils go�tent de nouveau. Derri�re eux, on aper�oit un employ� du ch�teau qui descend les marches menant � la cave. L�on prononce, sur un ton autoritaire : L�ON DE CHAVILLE Quarante-sept. Son �pouse sourit encore plus largement. COMTESSE DE CHAVILLE Quarante-huit. L�on de Chaville se tourne vers la droite. L�ON DE CHAVILLE Am�d�e. Plan moyen d'Am�d�e versant, � l'aide d'un entonnoir, le contenu d'un pichet dans un tonnelet. Les Chaville s'approchent de lui. L�ON DE CHAVILLE Am�d�e, voyons, allons. Il tend sa tasse � Am�d�e, qui go�te longuement. AM�D�E Quarante-quatre. Les �poux Chaville se regardent avec d�pit. On entend la cloche de la grille du ch�teau qui sonne. L�on r�cup�re sa tasse. CH�TEAU DE CHAVILLE - GRILLE D'ENTR�E - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen de la grille d'entr�e du ch�teau, vue de l'ext�rieur. Sur la grille est fix�e un panneau, sur lequel est inscrit : � Clos de Chaville - Montpaillard �. Dubeno�t et Bluette attendent devant la grille. Dubeno�t tire le cordon de la cloche. MONSIEUR DUBENO�T Vous vous souvenez de ma botte secr�te ? MONSIEUR BLUETTE Mais oui. MONSIEUR DUBENO�T Deux tr�fles veulent dire : j'ai un carreau. Bluette compte sur ses doigts. A travers la grille on aper�oit L�on de Chaville qui s'avance vers eux MONSIEUR BLUETTE Oui... MONSIEUR DUBENO�T Et trois coeurs ? MONSIEUR BLUETTE Euh... Cinq piques... Cinq. Ils se tournent vers la grille, car L�on est maintenant tout pr�s D'EUX L�ON DE CHAVILLE Bonjour, monsieur le maire. On aper�oit madame de Chaville qui arrive derri�re son mari MONSIEUR DUBENO�T Ah !... Bonjour, Chaville. L�on ouvre la grille. On entend des �changes de � Bonjour �, � Bonjour, madame �, mais ils sont interrompus par un bruit de moto. Le motard casqu�, que nous avons d�j� crois� dans les rues de Montpaillard, arrive � grande vitesse, pousse l'autre porte de la grille et p�n�tre dans la cour du ch�teau. Tout le monde s'�carte pour le laisser passer. Le motard s'arr�te pr�s du ch�teau dans un crissement de pneus. CH�TEAU DE CHAVILLE - COUR - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen sur le groupe des quatre � joueurs de bridge �. Madame de Chaville sursaute au bruit du crissement de pneus. COMTESSE DE CHAVILLE Oh... Oh, mon Dieu ! Plan moyen sur le � motard �, qui enl�ve son casque, et qui est en fait une jeune fille, Arabella, la fille des Chaville. Elle sourit et agite la main. ARABELLA DE CHAVILLE Bonjour, papa. Bonjour, maman. Bonjour, messieurs. Elle se retourne et court vers l'entr�e du ch�teau. Retour sur le groupe des quatre. Madame de Chaville semble contrari�e. COMTESSE DE CHAVILLE Arabella ! Ma petite fille. Elle se retourne vers ses invit�s et sourit. COMTESSE DE CHAVILLE Venez, monsieur Bluette. MONSIEUR BLUETTE Je vous en prie. Il s'�loigne vers le ch�teau � c�t� de madame de Chaville, les deux autres hommes suivent derri�re, mais Dubeno�t retient Chaville en arri�re. MONSIEUR DUBENO�T Dites donc, dites donc... L�ON DE CHAVILLE Oui... MONSIEUR DUBENO�T Elle a le diable au corps, votre petite fille. Va falloir la marier... au trot. L�ON DE CHAVILLE Au galop, mon cher ! Au galop ! Ils se mettent en marche pour rattraper les deux autres. CH�TEAU DE CHAVILLE - VESTIBULE - INT�RIEUR JOUR Plan en enfilade du vestibule, d�cor� de meubles anciens, de fleurs et m�me d'une sculpture repr�sentant un jeune gar�on noble d'�poque Henri IV. Arabella traverse le vestibule en sautillant. A l'extr�mit� du vestibule, elle croise le chemin d'un domestique en gilet ray�, portant un plateau avec des boissons, et, dans l'autre main, un faisan mort. Elle lui subtilise une bouteille ARABELLA DE CHAVILLE Et hop ! LE DOMESTIQUE Oh... ben, mademoiselle ! Arabella escalade, en courant, le grand escalier de pierre. CH�TEAU DE CHAVILLE - JARDINS - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen sur le groupe des joueurs de bridge, qui s'est assis � une table install�e dans une galerie couverte qui entoure le jardin, � la mani�re des galeries qui entourent les clo�tres. L�on est le dernier � s'assoir. Le domestique arrive pr�s d'eux avec son plateau. L�ON DE CHAVILLE Alors, mon cher Dubeno�t, hein, quoi de neuf ? MONSIEUR DUBENO�T Oh, mon... Le domestique tend le faisan � L�on, mais, au passage, les plumes de la queue du faisan chatouille le visage de Dubeno�t. LE DOMESTIQUE Le faisan. Il se tourne vers Dubeno�t. LE DOMESTIQUE Oh, pardon ! Il �carte le faisan du visage de Dubeno�t et se tourne vers sa ma�tresse. LE DOMESTIQUE Le faisan, madame, r�ti ou � l'orange ? Dubeno�t �carte le faisan d'une main, et pointe l'index de l'autre main vers madame de Chaville. MONSIEUR DUBENO�T Blaireau... Vous aussi naturellement ! Madame de Chaville se penche vers Dubeno�t. COMTESSE DE CHAVILLE La chasse est ferm�e, monsieur le maire. L�on se tourne vers Bluette. L�ON DE CHAVILLE Sans Blaireau, par de gibier. MONSIEUR BLUETTE Mais... qu'est-ce que c'est que ce Blaireau ? MONSIEUR DUBENO�T Blaireau ? Il ricane. MONSIEUR DUBENO�T Oh-oh ! C'est... hein... c'est... enfin... enfin c'est Blaireau. MONTPAILLARD - FOR�T - EXT�RIEUR JOUR Plan d'ensemble d'une for�t bien verdoyante. Au premier plan, derri�re le tronc d'un arbre, appara�t Blaireau. Il est v�tu d'un pantalon et d'une veste de toile, et porte un b�ret sur le cr�ne. Ce b�ret ne le quitte jamais. Il tient une fleur entre ses dents. Il marche un peu et se cache derri�re un autre arbre. BLAIREAU Viens ici, Fous-le-camp. Derri�re lui, un petit chien noir et blanc sort de derri�re un arbre. Le chien s'approche de son ma�tre : il tient un li�vre mort dans sa gueule. Il pose le li�vre par terre. Blaireau se penche pour le ramasser, se rel�ve, et accroche le li�vre � sa ceinture, sous sa veste. Plan moyen de Blaireau descendant une pente dans un sous-bois, tout en faisant signe au chien de rester calme. Il s'accroupit pr�s de lui, en mettant un doigt sur ses l�vres pour lui faire signe d'�tre silencieux. Il plonge la main sous le taillis devant lequel il est accroupi et en sort un autre li�vre. On entend un oiseau chanter. Blaireau l�ve les yeux. Gros plan sur un merle noir (?) dans un arbre. Gros plan sur Blaireau sifflant en r�ponse au merle. Le merle lui r�pond, et Blaireau lui r�pond de nouveau. Gros plan sur le merle en train de chanter. Plan moyen sur Blaireau se relevant avec le li�vre qu'il vient de ramasser dans son pi�ge. Le merle continue � chanter, et Blaireau lui r�pond. Puis Blaireau lui fait un salut militaire en sifflant une derni�re fois, et s'�loigne. CH�TEAU DE CHAVILLE - JARDINS - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen sur les quatre joueurs en pleine partie de bridge. MONSIEUR BLUETTE Je vois... je vois... une sorte de boh�me rural. Dubeno�t le regarde avec de la col�re dans les yeux et lui dit, sur un ton un peu agressif : MONSIEUR DUBENO�T Un braconnier... et il n'y a pas de place � Montpaillard pour les hors-la-loi. CH�TEAU DE CHAVILLE - COUR - EXT�RIEUR JOUR Travelling sur un v�losolex qui traverse la cour... CH�TEAU DE CHAVILLE - JARDINS - EXT�RIEUR JOUR ... puis le jardin. Le passager du solex est Armand Fl�chard, le jeune professeur de piano d'Arabella. Il passe devant la galerie, o� les joueurs continuent leur partie et ralentit. ARMAND FL�CHARD Bonjour, madame la Comtesse. COMTESSE DE CHAVILLE Bonjour, monsieur Fl�chard. Arabella vous attend chez elle. ARMAND FL�CHARD Je vous remercie, madame la Comtesse. Il acc�l�re l�g�rement, et s'arr�te � c�t� de la moto d'Arabella. Il regarde furtivement autour de lui, sort un papier de sa poche, l'embrasse, le plie en forme d'avion, et l'envoie vers une fen�tre du premier �tage. Plan rapproch� sur la fen�tre ouverte, par o� entre l'avion de Fl�chard. CH�TEAU DE CHAVILLE - CHAMBRE D'ARABELLA - INT�RIEUR JOUR Plan de demi-ensemble sur le sol de la chambre d'Arabella, recouvert de fourrures de tigre et de panth�re. Arabella, v�tue d'un chemisier noir, d'un pantalon beige moulant et pieds nus dans ses collants, une cigarette � la main, est allong�e sur le ventre sur les fourrures et elle lit un roman policier de la � S�rie Noire �. A c�t� d'elle, un �lectrophone qui diffuse de la musique de jazz. A c�t� de l'�lectrophone, d'autres romans de la � S�rie Noire �, la bouteille d'alcool, qu'elle a subtilis� sur le plateau du domestique, un verre, un paquet de cigarettes et un cendrier. Arabella hoche la t�te en rythme avec la musique. L'avion en papier atterrit � c�t� d'elle. Elle pose le livre, ramasse l'avion et le d�plie. Gros plan sur l'avion qui se d�plie. On lit le texte �crit en majuscules sur l'avion, en m�me temps qu'Arabella le lit. ARABELLA DE CHAVILLE (voix off) Qu'est-ce que c'est que �a ? � Un homme vous aime dans l'ombre �. Retour sur le plan pr�c�dent, et Arabella qui �clate de rire, assise par terre. On frappe discr�tement � la porte. Arabella tourne la t�te vers la porte. ARABELLA DE CHAVILLE Oui ?... Elle cache l'avion sous le roman policier, �crase sa cigarette dans le cendrier, arr�te l'�lectrophone, et se tourne vers Fl�chard qui vient d'entrer, l'air un peu gauche, avec une petite sacoche � musique � la main. Il est en costume gris et noeud papillon. ARMAND FL�CHARD Mademoiselle... ARABELLA DE CHAVILLE Tiens, voil� le petit Chopin. Elle se l�ve. Fl�chard ferme la porte ARMAND FL�CHARD Mademoiselle, je vous ai apport� une fort belle page de Schumann : � Je suis � toi �. Il essaie d'ouvrir sa sacoche... avec un peu de difficult�. ARABELLA DE CHAVILLE A qui ? Fl�chard lui r�pond d'une voix un peu niaise. ARMAND FL�CHARD A toi, mademoiselle. ARABELLA DE CHAVILLE Et bien, allons-y, mon vieux. Elle marche lentement vers le piano, sous le regard �namour� de Fl�chard. Plan rapproch� d'Arabella s'asseyant derri�re un piano demi-queue, dont le couvercle est ouvert. ARMAND FL�CHARD (voix off) Travaillons, mademoiselle. L�ger zoom arri�re, permettant de d�couvrir Fl�chard, qui s'approche et d�pose sa partition sur le pupitre du piano, et sa sacoche � c�t� du pupitre. ARMAND FL�CHARD Les doigts comme des petits marteaux. Arabella commence � d�chiffrer - un peu laborieusement - la pi�ce de Schumann. ARMAND FL�CHARD Et un, et deux, et trois, et quatre... Et un, et deux, et trois, et quatre... Et un... les doigts comme des petits marteaux. Arabella, agac�e par les conseils de Fl�chard, tape violemment sur une touche aig�e du piano. Le choc fait se refermer le couvercle du piano... sur la main de Fl�chard, qui �tait appuy�e sur le bord du piano. Fl�chard pousse un petit cri. Arabella se l�ve brusquement et met la main devant sa bouche ARABELLA DE CHAVILLE Oh, pardon ! Fl�chard r�cup�re sa main sous le couvercle et Arabella ne peut �touffer un petit rire derri�re sa main. Fl�chard a certainement mal, mais il n'ose rien dire � celle qu'il aime. CABANE DE BLAIREAU - INT�RIEUR JOUR La �demeure� de Blaireau est en fait une cabane assez rustique, meubl�e de bric et de broc, et encombr�e de tout le n�cessaire du parfait braconnier. Plan d'ensemble de l'unique pi�ce au milieu de laquelle tr�ne une table derri�re laquelle Blaireau est assis en train de manger. Assis sur la table, le petit chien noir et blanc l'observe. Lucienne, une pie apprivois�e, est pos�e sur l'�paule de Blaireau. Blaireau se sert un verre de vin. Plan moyen sur la table, sur laquelle sont pos�s, en plus de la bouteille de vin, un p�t� dans une assiette, un camembert et une miche de pain entam�e. Blaireau prend un morceau de p�t� qu'il donne � son chien. BLAIREAU Un petit bout pour Fous-le-camp. Le chien mange ce que lui donne son ma�tre. Blaireau tend son verre de vin � la pie. BLAIREAU Un petit coup pour Lucienne... Tiens... La pie trempe son bec dans le verre. Avec sa bouche, Blaireau incite la pie � boire. BLAIREAU Bon, et puis un petit coup pour Blaireau, hein ! Blaireau boit un coup, et pose son verre sur la table. BLAIREAU Bon, ben, quand faut y aller, faut y aller. Il se tourne vers la pie. BLAIREAU Hein, Lucienne ? Il se l�ve, la pie toujours perch�e sur son �paule. BLAIREAU Allez... Il se dirige vers un coin de la pi�ce, o� des pi�ces de gibier sont suspendues � une longue corde. Il prend la corde et se l'attache autour du ventre. LUCIENNE T'est beau, Blaireau. Blaireau fait une petite mimique en imitant la voix nasillarde de la pie. Puis il se dirige vers une trappe dans le plancher. Il se penche et soul�ve la trappe. BLAIREAU Ah ! La pie saute de son �paule et va se percher sur un meuble. Le chien est rest� assis sur la table et regarde son ma�tre. De la trappe, Blaireau sort deux faisans attach�s chacun � l'extr�mit� d'un petite corde. Il met la corde sur son �paule. Un faisan lui pend dans le dos, et un autre sur le ventre. Il prend un autre couple de faisans et le met sur son autre �paule. Il referme la trappe et se rel�ve. BLAIREAU Et voil�, et voil�, et voil�. LUCIENNE (voix off) T'es beau, Blaireau. Blaireau enfile sa veste et se tourne vers la pie. BLAIREAU Oui, bon ben �a va, tu l'as d�j� dit. Gros plan sur la pie, qui fr�tille du croupion. LUCIENNE Tr�s beau, Blaireau. Retour sur Blaireau qui sourit � la pie en terminant de boutonner sa veste. Il se penche et s'aper�oit que les queues des faisans d�passent de sa veste. BLAIREAU Ah... ah-ah-ah, merci. Il prend une paire de ciseaux sur le meuble � c�t� de lui, et coupe les queues des faisans, qui d�passent du devant de sa veste. LUCIENNE (voix off) Tr�s beau, Blaireau. Blaireau repose les ciseaux, sans s'apercevoir que d'autres queues d�passent du dos de sa veste. Il fait une mimique en direction de la pie. BLAIREAU Ah ! Bon... Il ramasse une casserole par terre et va la remplir avec l'eau contenue dans une cuvette pos�e sur le po�le. Gros plan sur la pie. LUCIENNE Il est beau, Blaireau. Retour sur Blaireau, qui s'est pench� pour ramasser quelque chose. Le chien, toujours assis sur la table, couine en voyant les queues de faisan d�passer de la veste de son ma�tre. Il aboie un petit coup. Blaireau se tourne vers lui. BLAIREAU Oui, ben, mon vieux, �a va, �a va. Il se rel�ve, un pot � lait � la main. LUCIENNE (voix off) Il est beau, Blaireau. Blaireau verse le contenu du pot � lait dans la cuvette. BLAIREAU Oui, ben je commence � le savoir. Il emporte la cuvette vers la porte de la pi�ce. Gros plan sur la pie. LUCIENNE Il est beau, Blaireau ! Retour sur Blaireau, qui s'�nerve un peu. Il pose sa cuvette sur la table. BLAIREAU Oui, bon, mais qu'est-ce qu'il y a ? Quoi ?... Il se penche et aper�oit les queues de faisans qui d�passent du dos de sa veste. BLAIREAU Ah !... Il les attrape et tire dessus d'un coup sec. Il rit et reprend sa cuvette. BLAIREAU Merci, Lucienne. CABANE DE BLAIREAU - EXT�RIEUR JOUR La cabane est aussi rustique � l'ext�rieur qu'� l'int�rieur. La porte est faite d'un cadre de bois empli de fagots avec une poign�e rudimentaire. Des outils divers sont �parpill�s autour de la cabane. Plan de demi-ensemble de Blaireau sortant de la cabane avec sa cuvette tenue � deux mains. BLAIREAU Parju !... Parju !... Il pose la cuvette par terre devant la cabane. BLAIREAU Parju !... viens ici, Parju ! Allez... Parju ! Plan rapproch� de l'entr�e de la porcherie. Un cochon sort de la porcherie en grognant et se dirige vers Blaireau. BLAIREAU (voix off) Viens ici ! Retour sur Blaireau accroupi pr�s de sa cuvette. Le cochon s'approche de lui et commence � manger ce qu'il y a dans la cuvette. Blaireau chuchote gentiment : BLAIREAU Parju... Parju... Parju... Sur un ton plus normal : BLAIREAU Allez, bon app�tit, Parju ! Plan rapproch� sur Parju (le garde-champ�tre, pas le cochon !) cach� dans les broussailles pr�s de la cabane de Blaireau. BLAIREAU (voix off) Hein ! �a, c'est un cochon de Parju, �a, hein ? C'est le roi des petits cochons ! Parju fait une dr�le de t�te en entendant son nom donn� � un cochon. Retour sur Blaireau et le cochon. BLAIREAU C'est bien gras, �a, madame ! On voit une tache lumineuse qui se prom�ne sur le visage de Blaireau. Gros plan sur le visage de Blaireau. La tache lumineuse lui atteint l'oeil et Blaireau cligne des yeux. Il tourne la t�te. Plan d'ensemble du sous-bois autour de la cabane. Dans les broussailles, on voit scintiller la plaque de fonction que Parju porte sur son baudrier. BLAIREAU (voix off) A�e-A�e-A�e ! Gros plan sur la plaque scintillante de Parju. Dessus sont grav�s les insignes de sa fonction. Panoramique ascendant vers le visage de Parju qui observe Blaireau. Retour sur Blaireau et le cochon, qui continue � manger. Blaireau se tourne vers la porte entrouverte, et met sa main en �cran devant sa bouche. Ce qui fait que l'on n'entend pas ce qu'il chuchote. Mais on l'entend siffler une courte ritournelle. Le chien lui r�pond en aboyant deux fois, et sort de la cabane. Il s'approche de son ma�tre. BLAIREAU Viens ici, viens, viens ici. Viens l�, viens l�, viens, viens l�. Il prend le chien dans ses bras. BLAIREAU �coute-�coute-�coute... Il chuchote � l'oreille du chien. On ne comprend que quelques mots par ci, par l�. Entre autres, le mot � Parju � � trois reprises, puis les mots � par ici �, ponctu�s d'une indication du doigt, et juste ensuite, les mots � par l� �, ponctu�s d'un signe pointant la direction inverse. Il embrasse son chien sur le museau et le repose par terre. Et tous deux s'�loignent, laissant le cochon finir de manger. Plan de demi-ensemble du buisson derri�re lequel Parju est cach�. On voit Parju qui s'accroupit dans le buisson pour ne pas �tre vu de Blaireau qui s'approche, et qui passe devant le buisson sans para�tre le voir. Blaireau s'arr�te juste devant le buisson, dans lequel on aper�oit Parju qui se rel�ve puis qui s'accroupit de nouveau. Mais Blaireau ne semble toujours pas voir Parju, et se retourne en tapant sur sa jambe. BLAIREAU Viens ici, Fous-le-camp ! Viens ici, mon Fous-le-camp ! Le chien s'approche de lui en trottinant. BLAIREAU Viens ici, le tout petit toutou ! Allez-allez ! Blaireau s'�loigne avec le chien. BLAIREAU Allez-allez-allez ! Allez-allez ! Il s'�loigne dans la for�t avec le chien. Parju sort de sa cachette et les suit d'une mani�re qu'il pense �tre tr�s discr�te. MONTPAILLARD - FOR�T - EXT�RIEUR JOUR Plan d'ensemble de Blaireau marchant sur un chemin, suivi de son chien. Alors qu'ils s'approchent d'un gros arbre, le chien se retourne et se met � aboyer. Plan rapproch� de Parju qui se cache derri�re un arbre. On entend le chien qui continue � aboyer. Le chien cesse d'aboyer et Parju passe lentement la t�te hors de sa cachette. Il �carquille les yeux. Retour sur le plan pr�c�dent. Le gros arbre est toujours l�, le chien aussi, mais on ne voit plus Blaireau. Le chien ne semble pas s'en inqui�ter et s'enfonce en trottinant dans le sous-bois. Parju appara�t, trottinant lui aussi dans la direction que le chien a prise. Il se cache derri�re l'arbre, puis passe la t�te pour regarder dans la direction du chien, d'un c�t�, puis de l'autre c�t� de l'arbre. L'arbre est recouvert d'une �paisse couche de lierre, masquant le fait que l'arbre est creux. Plan rapproch� de l'arbre. Alors que Parju regarde dans l'autre direction, on voit, � travers le lierre, appara�tre la t�te de Blaireau, cach� dans le creux de l'arbre. On entend le chien qui aboie. Parju tourne la t�te, et Blaireau se recache dans le creux de l'arbre. L�ger zoom arri�re. Parju tourne autour de l'arbre. Blaireau sort du creux de l'arbre, et se cache derri�re l'arbre, pour ne pas �tre vu de Parju. Parju tourne autour de l'arbre et Blaireau tourne aussi, pour rester cach� au regard de Parju. Puis Blaireau retourne se cacher dans le creux de l'arbre. On entend le chien aboyer. Le chien passe en trottinant devant l'arbre. Parju court derri�re le chien. Blaireau sort de sa cachette, et vient se planter sur le chemin, les mains sur les hanches. Il regarde Parju s'�loigner derri�re le chien. Il fait un grand salut de la main, puis des deux mains. Puis il se croise les mains dans le dos, et part dans la direction oppos�e de celle que le chien a prise. On entend les aboiements du chien qui s'�loigne, alors que Blaireau, lui aussi, s'�loigne sur le chemin... mais dans la direction oppos�e ! Plan de demi-ensemble d'un arbre, autour duquel tourne le chien. Parju arrive en courant et tourne, lui aussi, autour de l'arbre. Apr�s avoir fait un tour complet, il se plante, les mains sur les hanches, et inspecte la for�t, mais il ne voit plus le chien, qui est derri�re l'arbre. Le chien aboie. Parju se retourne, et court apr�s le chien qui s'�loigne en trottinant. MONTPAILLARD - ENTR�E DE LA VILLE - EXT�RIEUR JOUR Plan rapproch� de Blaireau qui se faufile, avec circonspection, dans une petite ouverture m�nag�e dans un mur. La cam�ra suit Blaireau, et on d�couvre le panorama de Montpaillard, que nous avions d�j� vu au d�but du film. Blaireau regarde autour de lui, ajuste le gibier cach� sous sa veste, et s'�loigne vers le centre ville. MONTPAILLARD - FOR�T - EXT�RIEUR JOUR Plan rapproch� du chien assis au pied d'un arbre. Il se l�ve et s'�loigne en trottinant. On voit s'approcher les bottes de Parju. Panoramique ascendant sur le visage de Parju. Parju s'appuie d'une main sur l'arbre, enl�ve son k�pi et s'essuie le visage. On voit le chien qui passe derri�re lui en aboyant. Parju remet son k�pi, se retourne et court apr�s le chien. MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR Plan en enfilade d'une rue d�serte, avec le seul Blaireau au milieu de la rue. N�anmoins, Blaireau inspecte les alentours. Un panier descend du premier �tage au bout d'une corde. Blaireau fait un petit signe discret et le panier s'arr�te. Blaireau inspecte encore une fois la rue, puis sort de sous sa veste, deux pi�ces de gibier, qu'il met dans le panier. Il fait signe au propri�taire de remonter le panier, puis sort un papier de sa poche. Le panier remonte et Blaireau se met en marche dans la rue, venant vers la cam�ra. Travelling arri�re pour suivre la marche de Blaireau. Le dos d'un gendarme entre dans le champ et croise la route de Blaireau. Le gendarme s'arr�te et regarde Blaireau. Celui-ci s'appuie sur un mur et prend un air faussement innocent, en affichant un sourire un peu niais. Le gendarme reprend sa marche, Blaireau la sienne, mais le gendarme s'arr�te et se tourne vers Blaireau, qui s'arr�te aussi et regarde le gendarme. Blaireau s'approche d'une porte sur laquelle est accroch� un pot � lait. Blaireau sort une petite pi�ce de gibier de sa poche et la met dans le pot. Puis il tire le cordon de la cloche d'appel, entr'ouvre la bo�te � lettre encastr�e dans la porte et approche sa bouche de l'ouverture. BLAIREAU C'est Blaireau ! MONTPAILLARD - CHAMPS DE VIGNE - EXT�RIEUR JOUR Plan d'ensemble d'un champ de vigne. Parju circule entre deux rangs de vigne, cherchant visiblement quelque chose. Panoramique descendant sur l'entr�e du champ et sur une bassine pos�e pr�s des pieds de vigne. Le chien est cach� dans la bassine. Il saute hors de la bassine et part en courant et en aboyant. Panoramique vertical sur le champ et Parju courant entre deux rangs de vigne dans la direction du chien. MONTPAILLARD - RESTAURANT - EXT�RIEUR JOUR Plan rapproch� sur la fen�tre des cuisines. A travers le carreau, on voit Blaireau qui donne deux li�vres au cuisinier, qui sourit et pose les li�vres derri�re lui. Puis Blaireau ouvre sa veste et d�croche deux faisans, qu'il donne aussi au cuisinier. Blaireau dit quelque chose, que nous n'entendons pas, au cuisinier, puis fait un signe et sort de la cuisine. Le cuisinier le salue en levant un faisan vers lui. Fondu encha�n�. MONTPAILLARD - CAF� - INT�RIEUR JOUR Un bistro typique de province. Plan rapproch� sur Blaireau, debout devant le comptoir. Derri�re lui, deux hommes jouent au billard. On voit la main du patron qui sert un verre de vin � Blaireau, qui, d'un geste, l'arr�te lorsqu'il juge le verre assez plein. BLAIREAU Hop ! Il prend son verre et commence � boire lentement. Puis son regard se porte sur quelque chose que nous ne voyons pas. BLAIREAU Oh !... Ben te voil�, toi ! Il ricane. Gros plan sur son chien, qui vient d'entrer dans le caf�, et qui se couche � c�t� de la porte, visiblement fatigu� par sa course avec Parju. BLAIREAU (voix off) Toujours en train de courir les filles, hein ? Derri�re le chien, on aper�oit les bottes de Parju BLAIREAU (voix off) Oh, Parju ! En sentant la pr�sence du garde derri�re lui, le chien se rel�ve en grognant. BLAIREAU (voix off) Mais laisse-le passer, voyons. Panoramique ascendant sur Parju. Il remet son k�pi, qu'il tenait � la main. Il a le visage en sueur, et il est visiblement �puis� par sa course dans la for�t. Il hoche la t�te PARJU Ouais. Retour sur Blaireau en train de boire son verre de vin en ricanant. On voit Parju qui entre dans le champ, et s'approche de Blaireau. BLAIREAU Je ne sais pas ce qu'il a en ce moment. Je ne peux plus le tenir. On voit la main du patron qui tend � Parju un verre de bi�re bien mousseuse. Parju prend le verre et se rapproche un peu plus de Blaireau. PARJU Je t'aurai, Blaireau. Blaireau pointe du doigt la mousse qui d�borde du verre de Parju. BLAIREAU Oh !... Regarde, une petite mouche... Il souffle sur le verre, envoyant la mousse sur la figure de Parju. BLAIREAU Oh, pardon ! Il contourne Parju pour sortir du caf�. De la main, Parju essuie la mousse qu'il a sur le visage, et s'accoude, l'air d�go�t�, sur le comptoir. MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR Plan de demi-ensemble de Blaireau marchant dans une rue. On entend du piano. Blaireau s'arr�te de marcher et regarde autour de lui. Il siffle la petite ritournelle et son chien lui r�pond de deux aboiements. Blaireau reprend sa marche, suivi par son chien. LOGEMENT FL�CHARD - SALON - INT�RIEUR JOUR Gros plan sur une partition pos�e sur le pupitre d'un piano droit. En haut de la partition, est inscrit � Arabella �, et en-dessous, comme indication de tempo, est inscrit � Avec Passion �. Zoom arri�re, nous permettant de d�couvrir Armand Fl�chard en train de jouer. Une tasse � caf� et un sandwich baguette sont pos�s sur le couvercle rabattu du clavier du piano. Fl�chard arr�te de jouer et soupire. Il fouille dans la poche int�rieure de sa veste, et sort un papier, qu'il d�plie pour le lire. ARMAND FL�CHARD � L'amour me d�vore. Trois fois par semaine, je souffre un peu moins �... Il replie le papier ARMAND FL�CHARD Ben, c'est idiot... Il froisse le papier et le jette par terre. Il ramasse le sandwich sur le piano, et dit, d'une voix tendre : ARMAND FL�CHARD Arabella, mon amour. Puis il mord dans son sandwich. CH�TEAU DE CHAVILLE - SALLE � MANGER - INT�RIEUR JOUR Plan rapproch� sur Arabella assise � table. Un zoom arri�re permet de d�couvrir ses parents assis de part et d'autre d'Arabella devant une table richement dress�e et sur laquelle br�lent m�me des bougies dans des chandeliers. ARABELLA DE CHAVILLE Des nouilles, tous les jeunes gens du pays sont des nouilles. L�ON DE CHAVILLE Tu... tu as refus� le petit Colibert ? ARABELLA DE CHAVILLE Une nouille ! COMTESSE DE CHAVILLE Et le fils des Rissol, qui sort de Polytechnique ? ARABELLA DE CHAVILLE Une nouille. L�ON DE CHAVILLE Bernard de Montripier, un gar�on... ARABELLA DE CHAVILLE Lui ! Un plat de nouilles ! LE COMTE & LA COMTESSE DE CHAVILLE (ensemble) Oh !... MAIRIE - SALLE DU CONSEIL MUNICIPAL - INT�RIEUR JOUR Plan moyen sur Ma�tre Guilloche, assis � la table du conseil, entre deux autres conseillers. Il se l�ve et frappe de la main sur la table. MA�TRE GUILLOCHE Montpaillard manque d'hommes. Contrechamp sur le maire, assis en face de lui, entre deux autres conseillers. Lui aussi frappe de la main sur la table et se l�ve. MONSIEUR DUBENO�T C'est pour moi que vous dites �a ? Plan de la salle en enfilade. Un vieux conseiller est assis sous le buste de Marianne. Guilloche et le maire, qui sont les seuls � �tre debout, se font face. MA�TRE GUILLOCHE C'est pour tout le conseil municipal. MONSIEUR DUBENO�T Ah, nous savons, Ma�tre Guilloche, c'est le genre d'opinion qui s'�tale dans votre feuille de chou, l'�veil de Montpaillard. Il montre bri�vement un exemplaire de l'�veil de Montpaillard, pos� sur son buvard. MA�TRE GUILLOCHE L'�veil de Montpaillard est l'organe de ceux qui ne veulent plus que leur ville dorme. Zoom avant sur les deux protagonistes. MONSIEUR DUBENO�T C'est surtout l'organe d'un un jeune ambitieux qui veut faire parler de lui. MA�TRE GUILLOCHE Mieux vaut l'ambition que l'incapacit�. MONSIEUR DUBENO�T Il ne suffit pas de salir, monsieur, il faut pr�ciser. MA�TRE GUILLOCHE Je pr�cise, monsieur. MONSIEUR DUBENO�T Je vous �coute, monsieur. Le zoom s'arr�te en plan am�ricain sur les deux hommes, dont les visages sont tr�s proches l'un de l'autre MA�TRE GUILLOCHE Un mot suffira, monsieur. MONSIEUR DUBENO�T Dites-le monsieur. Guilloche se rapproche encore plus du maire. MA�TRE GUILLOCHE Blaireau ! Le maire toussote et d�tourne la t�te MONSIEUR DUBENO�T B-b-Blaireau ? MA�TRE GUILLOCHE Parfaitement, monsieur. Les deux hommes parlent en m�me temps, le maire tournant la t�te de droite et de gauche. Ce qui fait que l'on ne comprend pas tout ce qu'ils disent MA�TRE GUILLOCHE (parlant en m�me temps que le maire) Depuis vingt ans, Blaireau ridiculise... (mots incompr�hensibles)... la municipalit� MONSIEUR DUBENO�T (parlant en m�me temps que Guilloche) Blaireau... (mots incompr�hensibles)... Tout rentrera dans L'ORDRE MONSIEUR DUBENO�T Mais Blaireau se soumettra o� il sera bris�. Plan plus large de Guilloche, la cam�ra �tant plac� derri�re Dubeno�t. MA�TRE GUILLOCHE En attendant, messieurs, pendant que vous ronflerez sur vos courtepointes de satin, ce d�vastateur de nos bois... Dubeno�t s'assoit. MA�TRE GUILLOCHE ... et de nos rivi�res accumulera ses d�lits impunis. FONDU ENCHA�N� MONTPAILLARD - UNE RIVI�RE - EXT�RIEUR JOUR Plan d'ensemble d'une rivi�re avec une petite cascade artificielle. Derri�re la cascade, Blaireau, torse nu, en cale�on blanc, mais toujours le b�ret sur la t�te, attrape un poisson � la main. Il assomme le poisson, et le d�pose dans un panier � poissons accroch� derri�re son dos. Puis il se secoue les mains et �carte d�licatement l'eau de ses deux mains. Plan moyen de Blaireau en train de p�cher. Il continue � �carter d�licatement l'eau avec ses mains. Puis il met ses mains en visi�re au-dessus de ses yeux pour observer ce qu'il se passe sous l'eau. Ensuite, il plonge doucement une main dans l'eau, fouille un petit peu, et sort un autre poisson, qu'il assomme et d�pose dans le panier accroch� derri�re son dos. Il va pour recommencer l'op�ration, mais avant, il regarde rapidement autour de lui. Plan de demi-ensemble du bord de la rivi�re. Parju, les mains dans les poches, marche le long des roseaux. Il s'arr�te et regarde droit devant lui. Retour sur Blaireau en train de p�cher. Il vient de plonger la main dans l'eau, et tire un autre poisson de la rivi�re. Il a un peu de difficult� � le ma�triser, mais finit par le sortir de l'eau et � l'assommer. Retour sur Parju au bord des roseaux. Il retire les mains de ses poches, et s'approche, � pas mesur�s, du bord de la rivi�re. Il s'arr�te derri�re un petit arbuste pour observer Blaireau. Il sourit en se frottant les mains. Contrechamp sur Parju accroupi qui continue sa progression, cach� par les roseaux. Il s'assoit par terre, et enl�ve ses bottes et son baudrier. Mais en posant son baudrier par terre, sa plaque heurte une pierre. Retour sur Blaireau en train de p�cher. Il a les deux mains dans l'eau, mais il l�ve la t�te en entendant le bruit m�tallique de la plaque. BLAIREAU Oh ! Il s'�loigne. Plan de demi-ensemble de la rivi�re, vu du milieu de la rivi�re. Parju �carte les roseaux, et p�n�tre dans l'eau. Il fait deux pas, et regarde autour de lui, surpris de ne plus voir Blaireau. Il avance vers le milieu de la rivi�re. Il met les mains sur ses hanches et regarde autour de lui. Plan en l�g�re contre-plong�e du barrage avec Parju qui marche au- dessus et le long du barrage. Derri�re Parju, la t�te de Blaireau sort de l'eau. BLAIREAU Parju ! Parju tourne la t�te, mais Blaireau a d�j� replong� sous l'eau. LA RIVI�RE - VUE SOUS-MARINE - EXT�RIEUR JOUR Plan rapproch� de Blaireeau sous l'eau. Il se tient des deux mains � une grosse pierre. D'une main, il pianote sur la pierre, en faisant des bulles comme un poisson. Il se gratte l'oreille, puis recommence � pianoter sur la pierre. MONTPAILLARD - UNE RIVI�RE - EXT�RIEUR JOUR M�me plan du barrage. Parju marche le long du barrage en sens inverse. Blaireau appara�t derri�re lui. BLAIREAU Coucou, Parju ! Blaireau replonge sous l'eau. Parju se retourne lentement. LA RIVI�RE - VUE SOUS-MARINE - EXT�RIEUR JOUR Plan plus large de Blaireau accroupi au fond de l'eau pr�s de la pierre. On voit les pieds nus de Parju qui s'approchent de lui. Lorsqu'ils sont � sa port�e, Blaireau saisit l'un des gros orteils de Parju et le tord violemment. Parju s'�loigne en sautillant. PARJU (voix off) Ouille ! Ouille ! Ouille-ouille-ouille ! MONTPAILLARD - UNE RIVI�RE - EXT�RIEUR JOUR M�me plan du barrage. Parju sautille dans l'eau. PARJU Une couleuvre ! Parju saute par-dessus le barrage, mais il rate son coup et s'�croule dans la rivi�re PARJU A�e ! Blaireau r�-apparait � la surface de l'eau. BLAIREAU Ah-ah-ah ! Il rit en faisant des grands gestes de bras, pendant que Parju s'en va, emport� par le courant. FONDU ENCHA�N� MONTPAILLARD - PLACE DU MARCH� - EXT�RIEUR JOUR Plan g�n�ral en l�g�re plong�e de la place du march�. Ambiance typique d'un march� de province un jour de beau temps. Les cris des marchands montent de la place. VOIX DIVERSES A la fra�che, � la fra�che, � la fra�che, � la fra�che !... Mes faux-filets !... Allons, mesdames... Plan de demi-ensemble d'un groupe de marchandes, align�es devant leurs cageots, et assises sur une rang�e de bancs, pr�vus pour elles par la ville. Ce sont certainement des paysannes de la r�gion venues vendre leurs produits sur le march�. Travelling le long de la rang�e de marchandes. BLAIREAU (voix off) Champipi... champipi... champignons !... Qui qu'en veut, des champipi... Venez voir mes champipi, mesdames, venez voir. Le travelling se termine sur la fin de la rang�e, o� Blaireau est assis devant un grand panier de champignons. BLAIREAU J'ai de la belle girolle ! Qui qu'en veut ?... Qui qu'en veut, des champipi ?... Des champipi, des champignons ! Une femme d'un certain �ge, assez �l�gante, et portant un petit panier, s'approche de Blaireau. BLAIREAU Ah ! Bonjour madame Baquet. Je vous en mets combien ? Plan plus rapproch� sur Blaireau et sa cliente. MADAME BAQUET Comme d'habitude. BLAIREAU Bon. La cam�ra suit les mains de Blaireau, qui plongent dans le panier. Puis zoom avant sur le panier, et surtout, l'autre panier, cach� par le premier, et situ� sous le banc o� est assis Blaireau. Cet autre panier est un double panier � poissons. Blaireau ouvre les deux couvercles, et sort des paniers deux beaux poissons, prot�g�s par des herbes humides. Il les pose dans le panier de la cliente et les recouvre de champignons. BLAIREAU Et voil�. La cliente d�pose de l'argent dans la main de Blaireau. BLAIREAU Merci. La cam�ra remonte vers le visage de Blaireau. BLAIREAU Qui qu'en veut ? Qui qu'en veut, des champipi, des champignons ! Voyez mes girolles, mesdames, voyez mes girolles. Qui qu'en veut, des champipi, des champipi, des champignons ? Plan moyen sur Parju qui circule dans les all�es du march�. Il s'arr�te en reconnaissant la voix de Blaireau. BLAIREAU (voix off) Des champipi, des champignons. Qui qu'en veut ? Qui qu'en veut ? Parju observe Blaireau, cach� par un auvent de marchand. Retour sur un plan moyen de Blaireau devant son panier de champignons. BLAIREAU Voyez mes champipi, mes champignons ! Qui qu'en veut ? Qui qu'en veut ? Qui qu'en veut ?... Blaireau voit Parju, et lui fait un grand sourire faussement innocent en croisant les mains. BLAIREAU Voyez ma belle girolle, madame. Qui qu'en veut ? Qui qu'en veut ? Il tend un champignon � Parju qui se retourne en haussant les �paules. BLAIREAU Qui qu'en veut, qui qu'en veut ? Il fait signe � une cliente de s'approcher. Tout en continuant � sortir son boniment, il sert des poissons � la cliente. En premier plan, Parju, tournant le dos � Blaireau se frotte la joue, l'air pensif. BLAIREAU Qui qu'en veut ? Qui qu'en veut ? Voyez mes champipi. Voyez mes champipi... Voil� un champignon. Et il met un poisson dans le panier de la cliente, qui s'�loigne rapidement. Parju se retourne, mais trop tard ! BLAIREAU Qui qu'en veut, qui qu'en veut ? Blaireau marmonne des phrases un peu incompr�hensibles, o� l'on reconna�t � peine le mot � champignon �. Parju lui tourne autour en s'�tirant, puis fait mine de s'int�resser � l'�talage voisin de Blaireau. Une autre cliente s'approche de Blaireau, qui plonge les mains dans son panier � poissons. BLAIREAU Voil� un champipi, voil� un autre champignon. Parju se retourne, mais encore trop tard. La cliente s'�loigne rapidement. BLAIREAU Qui qu'en veut ?... Qui qu'en veut de la bonne girolle ? Qui qu'en veut, qui qu'en veut ? Qui veut de la belle girolle ? Ah, voyez ma belle girolle, mesdames... Parju s'�loigne de Blaireau. BLAIREAU Qui qu'en veut ? Qui qu'en veut ? Parju se retourne au moment o� arrive une autre cliente. Il s'agit de L�ontine, la bonne du maire. L�ontine et Blaireau font, tous les deux, un large sourire � Parju et s'inclinent pour le saluer. Parju porte la main � son k�pi, puis se retourne. BLAIREAU Qui qu'en veut ? Qui qu'en veut ? Voil�... L�ontine se penche vers le panier de champignons, mais Blaireau lui donne une tape sur la main. Parju s'�loigne et sort du champ. L�ontine chuchote � l'oreille de Blaireau. BLAIREAU Mes champipi, mes champipi, mes champignons. Blaireau hoche la t�te. BLAIREAU Oui-oui... Plan moyen sur une boutique de v�tements pour femme. Trois robes son align�es. Deux des robes sont install�es sur des photos d�coup�es de femmes grandeur nature, et mont�es sur carton rigide. Seule la robe centrale est sur un cintre normal. La t�te de Parju appara�t au-dessus de cette robe. Contrechamp sur Blaireau qui d�pose des poissons dans le panier de L�ontine. BLAIREAU Et deux, trois, quatre. Retour sur Parju qui observe la sc�ne avec un grand sourire. Retour sur Blaireau, qui continue � mettre des poissons dans le panier de L�ontine. BLAIREAU Boum !... Et boum ! Il l�ve les yeux vers Parju. BLAIREAU Ah !... Retour sur Parju, qui hoche la t�te, toujours cach� derri�re la robe. Retour sur Blaireau, qui mets des champignons dans le panier de L�ontine, et lui fait signe de s'�loigner. BLAIREAU Les champipi, les champipi... Retour sur Parju qui sort de la boutique de v�tements. On entend Blaireau siffler la ritournelle dont il se sert pour appeler son chien, qui lui r�pond par ses deux aboiements habituels. Parju marche � travers le march� avec un grand sourire et en astiquant sa plaque. Il remonte la rang�e de marchandes vers Blaireau. BLAIREAU (voix off) Voyez mes champignons, mesdames, voyez mes champipi. Parju s'arr�te devant Blaireau. BLAIREAU Tu veux des champignons, Parju ? PARJU Des champignons... z'aquatiques ? Parju se penche vers le panier de champignon. Blaireau se tourne vers sa voisine avec une expression d'incompr�hension. Parju pose son k�pi par terre. Des badauds commencent � se rassembler derri�re Blaireau. Parju �carte les jambes de Blaireau, qui se laisse faire. Il se faufile entre les jambes de Blaireau. Gros plan sur les deux paniers pos�s derri�re Blaireau, et entre lesquels on voit appara�tre la t�te de Parju. Il pousse les deux paniers hors de son chemin, et regarde autour de lui. Retour sur Blaireau, qui tapote sur le dos de Parju, toujours accroupi entre ses jambes. Parju se redresse. BLAIREAU T'as perdu quelque chose, Parju ? Parju saisit Blaireau par le col et se rel�ve en le soulevant. PARJU O� sont les truites ? Plan de demi-ensemble du groupe de badauds, maintenant relativement nombreux, et qui se sont rassembl�s autour de Blaireau et Parju. BLAIREAU Les truites ?... Parju renverse le panier de champignons de Blaireau, puis il r�cup�re son k�pi, qu'il remet sur sa t�te. Il reprend Blaireau par le col et crie : PARJU Les truites ! BLAIREAU Mais... mais la p�che est ferm�e, monsieur le garde- champ�tre. Parju repousse Blaireau qui retombe assis sur le banc. Puis il fouille dans le panier de la voisine de Blaireau, et envoie promener en l'air tous les l�gumes qu'il contenait. Blaireau se rel�ve. BLAIREAU Si tu veux des truites, il faut que tu ailles les... Il fait signe de tourner le moulin d'une canne � p�che. Parju continue � vider les paniers de toutes les marchandes de la rang�e � c�t� de Blaireau. On entend les cris de protestation des marchandes. Parju ramasse une poule, la met dans les bras de Blaireau, et s'�loigne d'un pas d�cid�. Plan moyen sur l'�talage du tripier. Parju �carte les clientes, et se penche pour regarder sous l'�talage. Ne voyant rien, il fait le tour de l'�talage. Il se penche et se faufile sous l'�talage, qu'il fait basculer. Plan plus �loign�, montrant l'�talage qui bascule et toute la marchandise qui tombe � terre. Plan moyen sur Blaireau, qui a toujours la poule dans les bras. Une cliente s'approche de lui. Blaireau se penche vers elle. BLAIREAU Et on appelle �a les repr�sentants de l'ordre, madame ! Plan moyen sur l'�talage du tripier. Parju se redresse, sous l'oeil assez m�content du tripier. Il montre Blaireau du doigt et crie : PARJU Je t'aurai, Blaireau ! Il enjambe l'�talage bris� et s'�loigne Retour sur Blaireau qui l�ve la poule en l'air, en imitant son cri. Puis il rend la poule � sa propri�taire. Autour d'eux, tous les badauds sont hilares. Blaireau se penche et ramasse ses champignons, qu'il remet dans son panier, tout en chantonnant. BLAIREAU La-la-la, la-la, la-la... Il repose son panier par terre, puis il se rassoit sur le banc. Il regarde autour de lui, et met sa main en porte-voix. Il siffle la ritournelle d'appel de son chien, qui lui r�pond de deux aboiements. Gros plan des pieds de Blaireau. Entre les jambes de Blaireau, on voit appara�tre le chien, qui �tait cach� sous un �talage voisin. Il s'approche de son ma�tre, portant les deux paniers de poissons sur son dos, un peu � la mani�re d'une selle de cheval, ou d'un b�t de mulet, chaque panier pendant d'un c�t� de son corps. Au moment o� il passe sous le banc de Blaireau, celui-ci resserre les jambes. Le chien se faufile entre les pieds de Blaireau, mais les paniers de poisson sont d�gag�s par les jambes de Blaireau, et reprennent leur place sous le banc. Plan rapproch� de Blaireau. Le chien monte � c�t� de lui sur le banc, et se redresse sur ses pattes arri�re. BLAIREAU Hein, mon chien... Il lui donne une friandise. BLAIREAU Qui qu'en veut, qui qu'en veut, qui qu'en veut, des champipi, des champignons ? Il se penche vers son chien, et lui fait un c�lin, tout en le caressant. MONTPAILLARD - LIBRAIRIE - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen du maire en train de parler � Parju, devant la boutique du libraire. Le maire semble assez en col�re. Parju penche la t�te, l'air penaud. Autour d'eux, circulent les clients du march�. MONSIEUR DUBENO�T Ainsi, non seulement vous �tes incapable de maintenir l'ordre, mais vous cr�ez le d�sordre ! Hein ? Arabella entre dans le champ, se dirigeant vers la librairie. MONSIEUR DUBENO�T Ah ! Ma petite Arabella, comment va monsieur votre papa ? ARABELLA DE CHAVILLE �a boume ! MONSIEUR DUBENO�T Et madame votre maman ? ARABELLA DE CHAVILLE Elle boume aussi ! MONSIEUR DUBENO�T Et bien, parfait, parfait... Arabella entre chez le libraire et le maire se retourne vers Parju, et le pousse devant lui. MONSIEUR DUBENO�T Allez... Allez... Vous restez l�, plant� comme une barrique ! Le maire et Parju sortent du champ, et Armand Fl�chard s'approche de la boutique du libraire. MONTPAILLARD - LIBRAIRIE - INT�RIEUR JOUR Plan en enfilade de la libraire, avec l'entr�e dans le fond du champ. Arabella entre dans la librairie. La libraire se tourne vers elle. LA LIBRAIRE Les S�ries Noires sont l�. ARABELLA DE CHAVILLE Je sais, merci. Arabella s'approche d'une �tag�re sur laquelle sont rang�es les S�ries Noires. Elle pointe les livres du doigt l'un apr�s l'autre. ARABELLA DE CHAVILLE Je l'ai lu !... Je l'ai lu !... Je l'ai lu !... Je l'ai lu !... La clochette de la porte d'entr�e retentit et Fl�chard entre dans la boutique. Arabella prend un livre sur l'�tag�re. ARABELLA DE CHAVILLE Tiens ! � Tu peux courir �. Je ne l'ai pas lu, celui-l�. Elle se dirige vers la caisse et donne le livre � la libraire. ARABELLA DE CHAVILLE Attendez, je vais voir les autres. Elle retourne vers les �tag�res en croisant Fl�chard, qu'elle semble ignorer. LA LIBRAIRE Bonjour, monsieur Fl�chard. Fl�chard marmonne un � bonjour � un peu incompr�hensible. Arabella semble seulement s'apercevoir de la pr�sence de Fl�chard et se tourne vers lui. ARABELLA DE CHAVILLE Bonjour, monsieur Fl�chard. ARMAND FL�CHARD Bonjour, mademoiselle... LA LIBRAIRE Vous d�sirez ? ARMAND FL�CHARD � Nous Deux �. Arabella se tourne vers Fl�chard et le regarde en ricanant. Fl�chard continue � marmonner. ARMAND FL�CHARD H� oui, je sais pas... La libraire se dirige vers les magazines, et Arabella regarde les livres dispos�s sur un tourniquet. La libraire s'approche de l'�talage des magazines, et Fl�chard s'approche subrepticement de la caisse. Il sort un papier de sa poche et le d�pose � l'int�rieur du livre choisi par Arabella, puis il s'�loigne. La libraire se tourne vers lui en �cartant les bras. LA LIBRAIRE Plus de � Nous Deux �. ARMAND FL�CHARD Ah !... Arabella prend un livre sur le tourniquet et s'approche de la caisse. ARABELLA DE CHAVILLE � Ne tirez pas sur le pianiste �... Elle ramasse le livre qu'elle avait d�pos� auparavant. ARABELLA DE CHAVILLE � Tu peux courir �... je le prends pas aujourd'hui. LA LIBRAIRE Bien. Elle va remettre le livre sur l'�tag�re. ARABELLA DE CHAVILLE Je vous le rends. Elle revient vers la caisse. ARABELLA DE CHAVILLE Je vous dois combien ? LA LIBRAIRE Deux cents vingt. Derri�re elle, Fl�chard prend le livre d�pos� par Arabella et r�cup�re son petit billet doux. Arabella ouvre son sac � main pour payer. ARABELLA DE CHAVILLE Match est arriv� ? LA LIBRAIRE Il est en devanture. Arabella ferme son sac, et prend son livre, qu'elle feuill�te. Fl�chard sort de la boutique, suivie par la libraire. MONTPAILLARD - LIBRAIRIE - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen sur Fl�chard. Il se penche vers les magazines en devanture. Panoramique descendant sur la main de Fl�chard. Le panoramique se termine en plan rappropch� sur la main de Fl�chard glissant son billet doux dans � Paris Match �. Puis on voit la main de la libraire, qui vient prendre le magazine, et on suit le magazine qui rentre dans la boutique dans la main de la libraire. La cam�ra reste point�e au niveau du sol et on voit tomber par terre le billet doux gliss� dans le magazine. On voit ensuite les pieds de Fl�chard qui se pr�cipitent. L'un des pieds se pose sur le billet doux. A ce moment, on voit la robe et les pieds d'Arabella, qui sort de la librairie. ARABELLA DE CHAVILLE (voix off) Au revoir, monsieur Fl�chard. A tout � l'heure pour ma le�on. Fl�chard marmonne quelques mots totalement incompr�hensibles, o� l'on distingue vaguement � bien entendu �. Arabella s'�loigne, et on voit la main de Fl�chard, qui se penche pour ramasser le billet, puis ses pieds qui sortent de la boutique MONTPAILLARD - FLEURISTE - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen sur la boutique de la fleuriste. Sur un tr�teau sont dispos�s plusieurs vases. Arabella s'approche, et pointe le doigt vers certaines fleurs. ARABELLA DE CHAVILLE Les roses et puis... les immortelles, pour maman. Zoom avant sur les roses. On voit la main de Fl�chard qui glisse son billet au milieu des roses. FONDU ENCHA�N� CH�TEAU DE CHAVILLE - CHAMBRE D'ARABELLA - INT�RIEUR JOUR Gros plan sur le bouquet de roses, qui est maintenant pos� sur un meuble dans la chambre d'Arabella. On voit la main de Fl�chard qui fouille dans le bouquet. Panoramique sur le visage de Fl�chard qui n'a rien trouv� rien et qui soupire. Il marche de long en large dans la pi�ce vide et regarde sa montre. D'un seul coup, son regard s'arr�te sur quelque chose qu'il vient d'apercevoir. Il s'approche du mur, sur lequel plusieurs photos sont punais�es. Gros plan sur l'une des photos, qui repr�sente un homme torse nu, tatou� et le cr�ne ras�, et surtout tr�s � baraqu� �. Zoom arri�re sur Fl�chard qui regarde la photo. Il se retourne, l'air d�pit�. Il jette un coup d'oeil sur la photo, puis se touche les cheveux. Il se d�place dans la pi�ce, et passe devant la coiffeuse d'Arabella. Il se penche sur une photo qui tr�ne sur la coiffeuse. Plan rapproch� de la coiffeuse. La photo repr�sente un autre homme, au torse � moiti� nu. Il n'est pas tatou�, celui-l�, et il a gard� ses cheveux, mais par contre, lui aussi est tr�s � baraqu� �. On voit le reflet de Fl�chard dans le miroir de la coiffeuse. Il touche sa chevelure, pour essayer de la faire ressembler � celle de l'homme de la photo. Son regard parcourt la coiffeuse, et d�couvre, coinc� sous un petit pot en porcelaine, le billet qu'il avait auparavant gliss� dans le bouquet de roses. ARMAND FL�CHARD Oh, mon billet. Il le ramasse et le d�plie. Il semble ravi. Il embrasse le billet et le remet sous le petit pot. A ce moment son regard est attir� par autre chose. Plan de demi-ensemble de la chambre. Fl�chard est en contemplation devant une repr�sentation de statue antique, qui repr�sente un homme nu et tr�s muscl�, dans une posture �tudi�e. Fl�chard s'approche de la statue, et essaie de reproduire sa posture. Il ne voit pas la porte qui s'ouvre derri�re lui, et Arabella qui entre dans la pi�ce. ARABELLA DE CHAVILLE Et bien, Tarzan ? Fl�chard reprend une pose plus digne. Il bafouille quelques mots incompr�hensibles, puis se dirige vers le piano ARMAND FL�CHARD Travaillons... mademoiselle, travaillons. Arabella s'assoit sur le banc du piano. Fl�chard d�pose sa sacoche sur le piano, et s'accoude sur le piano. ARMAND FL�CHARD Nous allons attaquer aujourd'hui l'allegretto amoroso. Arabella commence � jouer. Fl�chard bat la mesure. ARMAND FL�CHARD Plus d'intensit�, mademoiselle, plus de passion. Arabella joue avec le regard un peu vague, dirig� vers le plafond. ARMAND FL�CHARD Mais � quoi pensez-vous donc ? ARABELLA DE CHAVILLE Oh, � autre chose. ARMAND FL�CHARD Mais pensez... oh, je ne sais pas, mais pensez... � l'homme que vous aimerez. ARABELLA DE CHAVILLE Oh, c'est pas pr�t de m'arriver. D'ailleurs, je n'aimerais jamais qu'un homme d'action, un homme comme moi. Et � Montpaillard... Elle ferme le couvercle du clavier d'un coup sec. ARABELLA DE CHAVILLE ... il n'y a que des nouilles ! Fl�chard se redresse, ramasse sa sacoche et s'�loigne un peu d'elle. ARMAND FL�CHARD Merci beaucoup, mademoiselle. Je suis donc... une nouille. Il se dirige vers la porte. ARABELLA DE CHAVILLE Mais vous �tes de Dijon. ARMAND FL�CHARD Oui, enfin, c'est vite dit, �a. Fl�chard ouvre la porte et sort de la chambre. Arabella reste assise devant le piano. ARABELLA DE CHAVILLE Mais qu'est-ce qu'il y a ? CHEZ DUBENO�T - SALLE � MANGER - INT�RIEUR JOUR Plan moyen de Dubeno�t qui agite une sonnette, assis devant une table richement dress�e. MONSIEUR DUBENO�T Ah, les femmes ! Zoom arri�re nous permettant de d�couvrir l'ensemble de la table. Le juge est assis � c�t� de Dubeno�t. En face de Dubeno�t, monsieur Bluette. Et � c�t� de Bluette, le comte de Chaville. Dubeno�t verse du vin � ses invit�s. Derri�re eux, L�ontine, la domestique de Dubeno�t, se dirige vers la table en portant un plat. MONSIEUR BLUETTE Et bien, messieurs, c'est � une femme que je dois mon entr�e dans la carri�re administrative. L�ontine pose un plat de truites sur la table. MONSIEUR DUBENO�T Oh la la ! Quel lapin, ce Bluette, hein ? Tout en parlant, les quatre hommes boivent et mangent. MONSIEUR BLUETTE Elle jetait l'argent par les fen�tres, et moi, je le regardais tomber. L�ON DE CHAVILLE Que c'est parisien ! MONSIEUR BLUETTE A cette �poque, j'�tais cousin du ministre... LE JUGE LERECHIGNEUX Vous n'�tes plus son cousin ? MONSIEUR BLUETTE C'est lui qui n'est plus ministre. Il eut tout juste le temps de me nommer � Montpaillard. Et �a tombait bien. Oui, il ne me restait plus qu'� devenir directeur de prison, ou aller en prison moi-m�me. Tous les convives �clatent de rire. Dubeno�t se tourne vers ses invit�s. MONSIEUR DUBENO�T Encore une truite ? Gros plan sur le plat de truites. On voit les mains de Dubeno�t qui passent les couverts de service au comte. L�ON DE CHAVILLE (voix off) Ben, mon Dieu, je me laisserai tenter. Il se sert. On suit le poisson qui passe du plat dans son assiette. Puis la cam�ra remonte vers le visage du comte. L�ON DE CHAVILLE Oui, je n'ai pas mang� de truite... mais depuis la fermeture de la p�che, ma foi. Contrechamp sur Dubeno�t et le juge. Le juge continue � boire tranquillement, mais Dubeno�t ne semble plus �tre aussi � son aise. Le juge repose son verre. LE JUGE LERECHIGNEUX Au fait, la p�che n'ouvre que demain ? Dubeno�t se renverse dans sa chaise. Il semble tr�s en col�re tout � coup. MONSIEUR DUBENO�T L�ontine ! L�ontine s'approche de son patron. L�ONTINE Monsieur ? Dubeno�t lui montre le plat de truites. MONSIEUR DUBENO�T Blaireau, naturellement ? L�ONTINE Ben, je croyais faire plaisir � monsieur. MONSIEUR DUBENO�T Mis�rable, vous n'avez pas honte. Sortez et enlevez �a ! L�ontine ramasse le plat, et l'emporte. Le juge la regarde partir avec regret. MONSIEUR DUBENO�T Oh, �a... Oh !... Oh-oh !... Mais j'y pense, messieurs, mais nous le tenons, notre lascar. Flagrant d�lit. Quel est le tarif pour la prison ? LE JUGE LERECHIGNEUX Maximum de la peine : six mois. MONSIEUR DUBENO�T Seulement. �a, c'est scandaleux, mais �a vaut mieux que rien. H�-h� ! En cabane, mon gaillard, en cabane. Allez ! LE JUGE LERECHIGNEUX Six mois pour le braconnier, et trois mois pour les rec�leurs. Tout en parlant, Dubeno�t continue � manger... sa truite ! MONSIEUR DUBENO�T Si y en a, il faut les poursuivre. LE JUGE LERECHIGNEUX Les rec�leurs sont ceux qui mangent les truites de Blaireau. Dubeno�t l�che ses couverts dans son assiette, et se met � tousser, puis � agiter les mains, comme si soudain, il s'�touffait. Bluette se l�ve pour lui taper dans le dos, imit� par le juge. On entend un roulement de tambour. FONDU ENCHA�N� MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR Gros plan sur une affiche coll�e sur un mur. Il y est inscrit : � Ville de Montpaillard - A l'occasion de l'ouverture de la p�che - Grand Concours - Sous le patronage de la Gaule Ind�pendante de Montpaillard - 1� Prix 5000 francs - 2� Prix 1500 francs - 3� Prix 500 francs - 4� Prix Un superbe Objet d'Art �. On entend toujours le roulement de tambour. PARJU (voix off) Avis !... Il prononce : � avisse �. PARJU (voix off) Demain, � l'occasion de l'ouverture de la p�che... Panoramique vers la droite, nous permettant de d�couvrir, en plan moyen, Parju, un tambour en bandouli�re, debout au milieu de la rue, avec des badauds rassembl�s autour de lui. PARJU ... organis� par la Gaule Ind�pendante de Montpaillard, grand concours de... Pendant qu'il parlait, Blaireau, qui �tait derri�re lui, s'est approch� de lui. Parju s'arr�te de parler et tourne la t�te vers lui. Blaireau le regarde avec un petit sourire narquois. PARJU ... de p�che. Premier prix : cinq milles francs. Blaireau se tourne vers les autres badauds en faisant � Oh !... �. PARJU Deuxi�me prix : quinze cents francs. Blaireau regarde les autres en ricanant. PARJU Troisi�me prix : cinq cents francs. Quatri�me prix : un superbe objet d'art. Blaireau tape sur le bras de Parju. BLAIREAU H�, Parju, tout petit-petit. Avec deux doigts, il montre la taille de � l'objet d'art �. Parju tape sur son tambour et Blaireau s'�loigne pr�cipitamment. PARJU On peut encore s'inscrire au caf� Bonino ! Il tape sur son tambour. FONDU ENCHA�N� MONTPAILLARD - COIFFEUR - INT�RIEUR JOUR Plan de demi-ensemble dans un salon de coiffure pour hommes. Sur la droite du champ, deux hommes sont assis sur des fauteuils, l'un, vers le fond, en train de se faire raser, et l'autre, plus pr�s de la cam�ra, en train de se faire couper les cheveux. Ce dernier n'est autre qu'Auguste, le tonnelier, que nous avons d�j� vu au d�but du film. BLAIREAU (voix off) H� ! Blaireau entre sur la gauche avec son chien dans les bras. LE COIFFEUR Salut, Blaireau. BLAIREAU Salut ! Il s'assoit sur l'une des chaises align�es sur le mur de gauche. AUGUSTE Bonjour. LE CLIENT QUI SE FAIT RASER Et bien moi, demain, j'amorcerai au pain de Chablis. AUGUSTE Moi, j'y vais au fouillis dans la vase. BLAIREAU Ah ! vous me faites tous rigoler, vous, avec votre fouillis. AUGUSTE Ben quoi, comment je ferais tourner l'eau ? BLAIREAU Moi, les concours, je laisse �a aux enfants de choeur. Le coiffeur vient de terminer Auguste, qui se l�ve. Il tape sur l'�paule de Blaireau LE COIFFEUR A toi, Blaireau ! Blaireau se l�ve, pendant que le coiffeur aide Auguste � se d�barrasser de sa tunique de protection. BLAIREAU Ah-ah, non, c'est pas pour moi, c'est pour mon chien. Il d�pose le chien sur le fauteuil du coiffeur. Auguste r�cup�re son chapeau sur un porte-manteau. BLAIREAU Alors, bien d�gag� derri�re... et les oreilles, comme d'habitude. Hein ? FONDU ENCHA�N� MONTPAILLARD - LE MAGASIN DE P�CHE - EXT�RIEUR JOUR Plan de demi-ensemble du magasin de p�che, devant lequel plusieurs hommes, dont un gendarme, sont rassembl�s, discutant du concours du lendemain. Le maire sort du magasin, une canne � p�che � la main. MONSIEUR DUBENO�T Messieurs, bonjour ! Les hommes rassembl�s le saluent en soulevant leurs chapeaux ou leurs casquettes. VOIX DIVERSES Monsieur le maire... Monsieur le maire... Ah, monsieur le maire. Le maire s'�loigne du magasin, mais s'arr�te en voyant approcher Ma�tre Guilloche. MA�TRE GUILLOCHE Comment, monsieur le maire, vous faites le concours ? MONSIEUR DUBENO�T Sachez, Guilloche, que je ne n�glige jamais une occasion de me rapprocher de mes administr�s. MA�TRE GUILLOCHE Si vous �tiez plus pr�s de vos administr�s, monsieur le maire, vous n'auriez pas besoin de vous en rapprocher. Guilloche se dirige vers le magasin, dont la porte est ouverte et lance, d'une voix forte : MA�TRE GUILLOCHE Donnez-moi des hame�ons, du quatre. Le maire pouffe de rire. Un homme se tourne vers Guilloche en riant. L'HOMME Du quatre ? C'est pour p�cher la baleine ? Tous les autres hommes �clatent de rire. Guilloche, sur le seuil du magasin, se retourne, l'air un peu d�pit�. FONDU ENCHA�N� MONTPAILLARD - CAF� - INT�RIEUR JOUR Plan de demi-ensemble du caf�, vu du fond de la salle. Il y a beaucoup de monde, surtout des hommes. Au fond, Guilloche discute avec un client. Au premier plan, assis derri�re une petite table, Parju prend les inscriptions au concours. A c�t� de lui, sur la table de billard, les coupes sont expos�es. Parju lit le r�glement � un homme debout devant lui, le chapeau � la main. PARJU Chaque p�cheur a droit � une seule ligne... flottante, tenue � la main, munie d'un seul hame�on, et mont�e fixement sur le scion, ou avec caoutchouc roubaisien. Il souligne plusieurs �l�ments du r�glement en pointant le doigt vers le candidat. LE CANDIDAT Bon. PARJU Je t'inscris ? LE CANDIDAT Oui. L'homme s'�loigne. Parju note son nom sur la liste pos�e devant lui. Guilloche fait signe � l'homme de s'approcher. MA�TRE GUILLOCHE Monsieur Chabert. Plan moyen sur le comptoir. Guilloche a un verre � la main. Autour de lui, plusieurs hommes ont aussi un verre � la main. MA�TRE GUILLOCHE Messieurs... Je bois � la p�che... sport d�mocratique, symbole de la libert�.. et de l'ind�pendance. Vive la p�che � la ligne ! Il l�ve son verre, imit� par les autres hommes. Plan moyen sur une table, autour de laquelle quatre hommes sont attabl�s : Auguste, le boucher, le patron du restaurant, et un quatri�me homme, un peu plus �g� que les autres. LE RESTAURATEUR L'ann�e derni�re, j'ai tir� sept gardons de fond comme la main. Il montre sa main. LE BOUCHER Des ablettes ! LE RESTAURATEUR Non, monsieur, des gardons de fond que c'�tait ! L'homme plus �g�, assis � c�t� du restaurateur, se tourne vers lui. L'HOMME �G� Moi, en treize, j'ai p�ch� une carpe miroir de dix-huit livres. Ses compagnons se mettent � rire. LE RESTAURATEUR C'est comme le brochet d'Auguste ! Il montre Auguste du doigt. Sans enlever la pipe qu'il a en bouche, Auguste lui r�pond. AUGUSTE Parfaitement ! Un brochet comme �a ! Il �carte ses deux mains, montrant une taille de plus de cinquante centim�tres. Blaireau, qui �tait assis � une table derri�re lui, se retourne. AUGUSTE Un monstre ! Les autres hommes �clatent de rire. Blaireau sourit. LE BOUCHER Comment qu'il �tait, ton brochet ? Auguste, qui a gard� les mains �cart�s, les �carte m�me l�g�rement un peu plus. AUGUSTE Comme �a ! BLAIREAU H�... Sans se lever, il lui rapproche les main, pour arriver � une dizaine de centim�tres. BLAIREAU ... comme �a. Le restaurateur �clate de rire. AUGUSTE �a va, Blaireau, c'est facile d'en prendre du poisson quand la p�che est ferm�e. Il boit son verre. LE RESTAURATEUR A la loyale, t'es pas plus malin que les autres... BLAIREAU Ah-ah-ah-ah... Il se l�ve. BLAIREAU A la loyale, je vous y prends tous ! Les quatre hommes protestent. BLAIREAU Parju ! Il s'�loigne de la table. M�me plan de demi-ensemble que pr�c�demment, avec Parju en premier plan. Blaireau s'approche de Parju. BLAIREAU Parju ! Inscris-moi au concours. Il pose les deux mains sur la table de Parju. PARJU Un malfaiteur ? Jamais. BLAIREAU Fais attention, Parju, je vais te claquer le beignet. Parju se l�ve, l'air outr� par cette menace. PARJU Des menaces � un repr�sentant de l'autorit� ? Il le saisit par le col et le secoue. Les deux hommes sont pr�t � se battre. Guilloche s'approche d'eux, et repousse Parju. MA�TRE GUILLOCHE Garde !... Garde, inscrivez Blaireau. Parju pointe le doigt vers Blaireau. PARJU Ce sale... MA�TRE GUILLOCHE Au nom de la D�claration des Droits de l'Homme, je vous somme d'inscrire Blaireau ! Guilloche, tenant fermement le bras de Parju, le force � se rassoir sur sa chaise, puis il prend Blaireau par les �paules. BLAIREAU Bravo ! Tous les clients applaudissent. Guilloche les salue. Parju prend son porte-plume sous la surveillance de Blaireau. Guilloche se tourne vers Blaireau et lui serre vigoureusement les mains. MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR Plan d'ensemble en enfilade d'une rue assez large. En travers de la rue, une banderole a �t� accroch�e. Il y est inscrit : � La Gaule Ind�pendante de Montpaillard - Gd Concours de P�che �. Beaucoup de gens sont mass�s sur les deux trottoirs, regardant arriver le d�fil�, que l'on voit s'approcher du bout de la rue, fanfare en t�te. Devant le cort�ge, un homme porte un grand �tendard, repr�sentant un cavalier et une femme v�tue d'une tunique vaporeuse. Sous l'image est inscrit : � L'Amicale de Montpaillard �. Derri�re lui, la fanfare, qui joue une marche joyeuse. Derri�re la fanfare, au premier rang, de droite � gauche, le maire, Bluette, Guilloche, un petit gar�on � lunettes et le juge. Derri�re eux, les autres candidats. Ils portent tous des cannes � p�che, des �puisette et des paniers � poisson. Beaucoup d'hommes, mais n�anmoins quelques femmes. Au dernier rang, Armand Fl�chard. En queue de cort�ge, Parju, et derri�re lui, marchant et sautillant les mains dans les poches, Blaireau. Travelling sur Blaireau, qui marche en sautillant le long de la rue. Plan rapproch� et travelling arri�re sur la t�te du cort�ge. Le maire affiche un air tr�s s�rieux. A c�t� de lui, Bluette est plus souriant. Panoramique sur les autres hommes du premier rang. Guilloche affiche un air grave et important. Le petit gar�on � lunettes regarde le juge, qui affiche, lui aussi, un air grave et s�rieux. Contrechamp sur la fanfare vue de dos. Puis panoramique sur la foule mass�e sur le trottoir. La cam�ra s'arr�te sur Arabella et sa m�re, toutes deux tr�s �l�gamment v�tues de blanc. Plan rapproch� sur Arabella avec le d�fil� en arri�re-plan. Arabella salue les p�cheurs. Appara�t Fl�chard, qui s'arr�te de marcher, tout en continuant � marquer, des pieds, la cadence. Il enl�ve sa casquette pour saluer Arabella, qui ne semble pas le remarquer. Parju d�passe Fl�chard. Lorsque Blaireau arrive � la hauteur de Fl�chard, il s'arr�te, et incite Fl�chard � reprendre sa place dans le cort�ge. Fl�chard s'ex�cute. Blaireau reste sur place et sourit � Arabella. Parju arrive en courant, prend Blaireau par le col de sa veste pour le ramener dans le cort�ge. Les deux hommes s'�loignent en marchant au pas. FONDU ENCHA�N� MONTPAILLARD - UNE LARGE RIVI�RE - EXT�RIEUR JOUR Plan g�n�ral de la rivi�re o� se d�roule le concours, vue d'un pont. Sur le pont, donc en premier plan, Guilloche est assis derri�re une table et pointe les candidats au fur et � mesure qu'ils arrivent. Parju est debout � c�t� de lui. Un candidat s'arr�te devant la table et prend le sac en papier que lui tend Guilloche. Puis il va rejoindre les autres candidats, que l'on voit install�s tout le long de la berge de la rivi�re. Cette berge est tr�s d�gag�e, avec seulement quelques arbres dans le fond. Elle est bord�e par un talus, sur lequel se sont install�s les spectateurs du concours. Parju sort un papier de son k�pi, pos� sur la table, et le d�plie. MA�TRE GUILLOCHE Cinquante-deux... PARJU Prouteau. Prouteau s'approche et prend son sac. Plan rapproch� sur Parju et Guilloche. MA�TRE GUILLOCHE Cinquante-trois... Parju affiche un large sourire, en lisant le nom inscrit sur le papier qu'il vient de tirer au sort. PARJU Monsieur Dubeno�t. Il salue. Le maire approche, portant plusieurs cannes, un filet, et, en bandouli�re, un petit banc de p�cheur, faisant aussi office de coffre de rangement du mat�riel. PARJU Monsieur le maire. MONSIEUR DUBENO�T Bonjour. Guilloche prend un sac en papier sur la table et le tend au maire. MA�TRE GUILLOCHE Voil� votre sac en papier, monsieur le maire. Cinquante- quatre... Parju prend un autre papier, le d�plie, et ouvre des yeux ahuris. MA�TRE GUILLOCHE Et bien, Parju... cinquante-quatre. Parju montre � Guilloche le nom inscrit sur le papier. Guilloche sourit. MA�TRE GUILLOCHE Blaireau. Le maire, qui avait commenc� � s'�loigner, se retourne. MONSIEUR DUBENO�T Blaireau ? Moi, � c�t� de Blaireau ? Ah, �a jamais alors ! Blaireau s'approche de la table. MA�TRE GUILLOCHE Ah-ah, monsieur le maire, le tirage au sort doit �tre respect�, sinon le concours est annul�. Il donne son sac � Blaireau, qui le fourre dans la poche de sa veste, puis s'incline respectueusement devant le maire. BLAIREAU Apr�s vous, monsieur le maire. Ils s'�loignent l'un derri�re l'autre. Guilloche se penche sur sa liste en ricanant. Plan moyen sur Auguste, install� � sa place au bord de la rivi�re. Plusieurs cannes � p�che sont plant�es autour de lui, l'enfermant dans une sorte de cage. Il dispose des petites bo�tes au pied des cannes � p�che. Il se rel�ve en voyant arriver le maire, qui passe devant lui, l'air tr�s digne, suivi de Blaireau, qui s'arr�te devant Auguste, et se penche sur les bo�tes. Blaireau ricane, agite la main et s'�loigne. BLAIREAU A�e-a�e-a�e-a�e !... Travelling sur Blaireau, qui passe devant les candidats en train de pr�parer leur mat�riel. Il les regarde avec curiosit�. Il s'arr�te devant un candidat, qui a ouvert une grande bo�te en bois, et en inspecte le contenu. Blaireau se penche sur la bo�te, que le candidat referme vivement. Blaireau prend un air d�go�t� et reprend son chemin. Tout en marchant, il sort le sac en papier de sa poche. Il passe devant le maire, puis s'arr�te � c�t� de lui, � l'emplacement qui lui a �t� attribu�. PARJU (parlant en voix off en utilisant un porte-voix) Chaque poisson p�ch� devra �tre d�pos� dans le sac en papier. Blaireau gonfle le sac avec sa bouche, puis le fait exploser en claquant des mains. Le maire sursaute. MONSIEUR DUBENO�T Chut ! Allons, voyons. Blaireau fait une mimique comique, puis jette le sac par terre. Il s'�loigne sous l'oeil intrigu� du maire, qui s'assoit sur la caisse-banc de p�che qu'il a apport�. Blaireau revient portant un grand baquet en bois, qu'il pose au bord de l'eau. Puis il s'assoit sur le rebord du baquet et regarde la rivi�re avec attention. PARJU (parlant en voix off en utilisant un porte-voix) Attention ! Attention ! Le concours de p�che va commencer. Blaireau met ses mains en visi�re pour mieux inspecter la rivi�re. Plan moyen de Parju et Guilloche sur le pont, vus de dos, et avec la rivi�re et les p�cheurs en contrebas. Guilloche tient un fusil et Parju parle dans le porte-voix. PARJU Premier coup de fusil, amor�age. Guilloche tire, ce qui fait sursauter Parju, qui se frotte les oreilles. En contrebas, on voit les p�cheurs qui jettent leurs amorces dans l'eau. MA�TRE GUILLOCHE Allons, voyons, Parju, allons ! Plan moyen sur deux p�cheurs en train de jeter leurs amorces dans l'eau, puis travelling sur la rang�e de p�cheurs, chacun jetant sa pr�paration dans l'eau. On arrive au maire, qui en fait autant. Blaireau, debout les mains sur les hanches, le regarde en souriant. Derri�re lui, un p�cheur jette carr�ment un seau entier dans la rivi�re. Le bruit fait sursauter Blaireau, qui se tourne vers le p�cheur. Retour sur Parju et Guilloche, qui observent la sc�ne. Plan rapproch� sur Blaireau, qui verse quelque chose dans le creux de sa main, � partir d'un petit sachet en papier. Il replie le sachet et le remet dans la poche pectorale de sa veste. Puis il prend une pinc�e de sa myst�rieuse pr�paration et la jette dans la rivi�re. Il recommence l'op�ration trois fois puis se frotte les mains l'une contre l'autre. Retour sur Parju et Guilloche. Parju a repris son porte-voix. PARJU Les concurrents devront annoncer, � chaque prise, leur num�ro � haute voix. Il tape sur le bras de Guilloche. PARJU Deuxi�me coup de fusil, jetez vos lignes. Plan moyen sur Auguste et, derri�re lui, la rang�e de p�cheurs align�s le long de la rivi�re. Ils ont tous pris leur canne en main et ont les yeux riv�s sur le pont. Retour sur Parju et Guilloche. Guilloche appuie sur la g�chette du fusil, mais le coup ne part pas. Un � Oh � de protestation s'�l�ve de la foule des p�cheurs. Parju les calme de la main. MA�TRE GUILLOCHE Oh, mais que se passe-t-il alors ? Guilloche ouvre le fusil et le referme. Il appuie de nouveau sur la g�chette, mais rien ne se produit. Nouveau � Oh � de PROTESTATION MA�TRE GUILLOCHE Oh, �coutez, Parju, moi, je ne m'en sors pas. Il donne son fusil � Parju et prend le porte-voix. Parju ouvre le fusil et le referme. MA�TRE GUILLOCHE Excusez ce petit incident. �a vient, �a vient. Parju prend le fusil par le canon, et tape la crosse par terre. Le coup part sans pr�venir, faisant voler le k�pi de Parju. Guilloche sursaute, enl�ve son chapeau, et lance un regard m�content � Parju. Derri�re eux, en contrebas, on voit les p�cheurs qui lancent leurs lignes dans la rivi�re. Retour sur Auguste et les autres p�cheurs align�s derri�re lui. Toutes les lignes sont dans l'eau et tous les p�cheurs ont le regard riv� sur leurs bouchons. Plan moyen sur Blaireau, accroupi au pied d'un arbuste, dont il coupe une branche. Il se rel�ve, et inspecte la badine, qu'il vient de couper, et qui mesure environ un m�tre cinquante. Il ferme un oeil et place la badine horizontalement devant l'autre oeil pour v�rifier qu'elle est bien droite. Avec son couteau, il commence � effeuiller la badine, sous l'oeil curieux du p�cheur voisin. Contrechamp sur le maire qui, lui aussi, le regarde d'un air curieux et surpris. Retour sur Blaireau qui finit d'effeuiller sa badine. Il replie son couteau et le remet dans sa poche, tout en sifflotant la m�lodie de � La Truite � de Schubert. D'une poche de sa veste, il sort une bo�te d'allumettes, et une bobine de fil. Il coince la bo�te entre ses dents. Gros plan sur la bobine de fil. Il s'agit de fil de nylon, de fil de p�che. Les mains de Blaireau en d�roule une bonne longueur. Puis Blaireau arrache un bouton � la poche pectorale de sa veste et passe le fil dans un des trous du bouton. On voit appara�tre la bo�te d'allumettes, que les mains de Blaireau ouvrent et dont elles sortent une allumette. Puis Blaireau jette la bo�te par terre, et coince le fil dans le trou du bouton avec l'allumette. Ensuite, il tire le fil, qui crisse au passage, pour en avoir une longueur suffisante de l'autre c�t� du bouton. Retour en plan moyen sur Blaireau, qui tire son fil, et en attache l'extr�mit� au bout de la badine. Contrechamp sur le maire, toujours aussi intrigu�. Retour sur Blaireau, qui enfonce bien l'allumette dans le bouton. Il coupe un bout de fil avec ses dents et le crache par terre. Contrechamp sur le maire, un peu choqu�. Retour sur Blaireau, qui a ressorti son myst�rieux petit sachet, dans lequel il plonge la main. Il jette un coup d'oeil au maire, puis se tourne l�g�rement de fa�on � ce que ce dernier ne voit pas ce qu'il fait. Contrechamp sur le maire, qui l'observe, puis tourne ostensiblement la t�te. Retour en plan plus large sur Blaireau, permettant de voir le maire en premier plan. Blaireau jette sa ligne dans l'eau. Puis il tape du pied. Un coup, un temps, puis deux coups successifs. Gros plan sur la ligne de Blaireau plong�e dans l'eau. Le � flotteur � improvis� dispara�t sous l'eau. BLAIREAU (voix off) Cinquante-quatre ! Plan de demi-ensemble de Blaireau, vu de la rivi�re, avec le maire � cot� de lui et, derri�re lui, Guilloche qui le regarde. Blaireau tire un gros poisson de la rivi�re. MA�TRE GUILLOCHE Cinquante-quatre ! Blaireau attrape le poisson pour le d�crocher. Plan en enfilade sur les p�cheurs align�s le long de la rivi�re. Ils regardent tous vers Blaireau. BLAIREAU (voix off) Cinquante-quatre ! Retour sur Blaireau, vu de la rivi�re. Il rejette sa ligne dans l'eau, puis tape du pied. Contrechamp montrant Guilloche et Blaireau, vus de dos. Blaireau tire un autre gros poisson de l'eau. BLAIREAU Cinquante-quatre ! MA�TRE GUILLOCHE Cinquante-quatre ! Blaireau d�croche le poisson et le jette dans le baquet, dans lequel il a mis de l'eau. Guilloche se penche sur le baquet. Zoom avant sur le baquet, et les pieds de Blaireau. Blaireau tape � nouveau par terre. BLAIREAU Cinquante-quatre ! Panoramique ascendant sur Blaireau, qui d�croche son gros poisson. Guilloche sourit et �carte les bras. MA�TRE GUILLOCHE Cinquante-quatre ! Contrechamp sur le maire, qui regarde le poisson tomber dans le baquet. On entend Blaireau taper du pied. BLAIREAU (voix off) Cinquante-quatre ! Plan en enfilade sur les p�cheurs, de plus en plus m�contents. TOUS LES P�CHEURS Oh !... UN P�CHEUR Encore ! Le p�cheur au premier plan jette sa cigarette par terre. Retour sur Blaireau et Guilloche, avec le maire en arri�re-plan. Blaireau d�croche son poisson, et le tend � Guilloche qui le jette dans le baquet MA�TRE GUILLOCHE Belle pi�ce ! Plan moyen sur Bluette et Fl�chard, vus de dos. Ils tirent tous les deux leur ligne en m�me temps. Deux petits poissons sont accroch�s au bout, mais les lignes sont emm�l�es. Ils annoncent en choeur leurs num�ros, qui se confondent un peu. ARMAND FL�CHARD & MONSIEUR BLUETTE (ensemble) Vingt-six ! Vingt-sept ! MONSIEUR BLUETTE Attendez... Attendez, attendez, attendes ! Ils rient en essayant de d�m�ler leurs lignes. BLAIREAU (voix off) Cinquante-quatre. Retour sur Guilloche et Blaireau avec le maire en arri�re-plan. Blaireau jette son dernier gros poisson dans le baquet. MA�TRE GUILLOCHE Cinquante-quatre ! Le maire se l�ve lentement de son si�ge, marque un temps, puis tape du pied par terre. Blaireau tire un autre gros poisson de l'eau. BLAIREAU Cinquante-quatre ! MA�TRE GUILLOCHE Belle pi�ce ! Le maire se rassoit, d�pit�. Retour sur Bluette et Fl�chard, qui n'ont toujours pas d�m�l� leurs lignes. Fl�chard prend l'un des poissons. ARMAND FL�CHARD Oh, non, je crois que c'est le mien, celui-l�. MONSIEUR BLUETTE Ah non... Ah non, pardon, non, c'est le mien. Ils �changent leurs poissons. BLAIREAU (voix off) Cinquante-quatre ! Plan moyen sur le juge, vu de la rivi�re et assis sur un panier. Le petit gar�on � lunettes est debout pr�s de lui. Le juge tire un tout petit poisson de la rivi�re. Il chausse ses lunettes pour mieux le voir. LE JUGE LERECHIGNEUX Douze ! BLAIREAU (voix off) Cinquante-quatre ! Pendant que le juge essaie de d�crocher son poisson, le petit gar�on regarde dans la direction de Blaireau. Le sourire de satisfaction s'efface du visage du juge, quand, � son tour, il regarde dans la direction de Blaireau. Gros plan sur la rivi�re et sur un gros poisson qui sort de l'eau au bout d'une ligne. La cam�ra suit le poisson et arrive en plan moyen sur Blaireau et Guilloche. BLAIREAU Cinquante-quatre ! Retour sur le juge et le petit gar�on, qui regardent tous les deux dans la direction de Blaireau d'un air d�pit�. Le juge tient toujours son petit poisson entre ses doigts. Le juge se tourne vers le petit gar�on et hoche la t�te. Gros plan sur le baquet, qui est maintenant plein de gros poissons. Le dernier poisson tombe dans l'eau avec les autres. BLAIREAU (voix off) Cinquante-quatre ! Plan moyen sur le maire qui regarde le baquet. Retour sur le baquet, et le pied de Blaireau, qui tape par terre. BLAIREAU (voix off) Cinquante-quatre ! Le poisson rejoint ses cong�n�res. Plan de demi-ensemble sur le groupe form� par Blaireau, Guilloche, le maire, et un autre spectateur, vus de la rivi�re. Le maire tire un poisson de belle taille hors de l'eau et se l�ve. MONSIEUR DUBENO�T Cinquante-trois ! Guilloche et l'autre homme regardent le maire en souriant. Mais Blaireau reste concentr� sur la rivi�re. MA�TRE GUILLOCHE Ah !... Plan en enfilade sur les p�cheurs, qui ont un air de plus en plus d�pit�. Retour sur le plan pr�c�dent. Dubeno�t exhibe son poisson. MONSIEUR DUBENO�T Ah ! et il est beau ! Le poisson lui �chappe des mains et retombe dans la rivi�re. Guilloche et l'autre homme �clatent de rire. Blaireau se penche pour tirer le poisson hors de l'eau. BLAIREAU Attention !... Et le revoil� ! MA�TRE GUILLOCHE Cinquante-quatre ! Guilloche note la prise sur son carnet. Fondu au noir MONTPAILLARD - UN B�TIMENT ADMINISTRATIF - EXT�RIEUR JOUR Gros plan sur un article de l'�veil de Montpaillard. Le titre annonce � Blaireau Vainqueur �, et en-dessous, une photo repr�sentant un groupe de p�cheur avec, devant eux, accroch�s � une corde, toutes les prises de Blaireau. Sur la photo, au milieu d'autres personnes inconnues, on reconna�t Blaireau, bien entendu, le maire et Parju. Plan moyen du juge et de Bluette, qui regardent le journal, qu'ils tiennent chacun � la main. Derri�re le juge, un gendarme lit par- dessus son �paule. Ils sont devant un b�timent d'aspect officiel. Ils rient en lisant. LE JUGE LERECHIGNEUX Et ben ! Guilloche sort du b�timent. MA�TRE GUILLOCHE Bonjour, messieurs ! LE JUGE LERECHIGNEUX Dites-moi, Ma�tre Guilloche, c'est une bonne blague que vous faites au maire. MA�TRE GUILLOCHE Messieurs, ce n'est pas une blague, c'est de l'information. Il tapote sur le journal que tient le juge. MONTPAILLARD - ENTR�E DE LA VILLE - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen de quatre hommes, assis sur le parapet qui surplombe la ville. Deux tiennent le journal en main et tous rient � gorge d�ploy�e. MAIRIE - SALLE DU CONSEIL MUNICIPAL - INT�RIEUR JOUR Plan rapproch� du maire qui lit le journal dans un coin de la salle. MONSIEUR DUBENO�T Bougre de sabre de bois de saperlipopette de bon Dieu de bois ! Il plie le journal, le pose sur la table et tape dessus du plat de la main. Il se dirige vers la porte et croise Parju qui entre. PARJU Je le tiens ! MONSIEUR DUBENO�T Qui ? PARJU Blaireau ! MONSIEUR DUBENO�T Non ? PARJU Oui ! MONSIEUR DUBENO�T O� est-il ? PARJU Dans la pi�ce � c�t�. MONSIEUR DUBENO�T Allons-y ! Parju sort pr�cipitamment de la salle, suivi par le maire. MAIRIE - UN BUREAU - INT�RIEUR JOUR Un bureau voisin de la salle du conseil. Plan moyen du maire qui entre pr�cipitamment, et passe devant un Parju souriant. Le maire regarde autour de lui, et, ne voyant rien, lance un regard furieux � Parju MONSIEUR DUBENO�T Vous vous foutez de moi, Parju. PARJU Non, je le tiens. MONSIEUR DUBENO�T Mais comment �a ? Parju pointe quelque chose par terre. PARJU Gr�ce au chien, il va me mener � Blaireau. La cam�ra descend au niveau du sol, et nous d�couvrons le chien de Blaireau, attach� � un fauteuil par une corde. MONSIEUR DUBENO�T (voix off) Chien ou pas chien, fourrez-moi ce Blaireau sous les verrous ! Le chien aboie. MONSIEUR DUBENO�T (voix off) C'est une question d'honneur pour moi, comprenez ? Ex�cution ! Au trot ! LOGEMENT FL�CHARD - SALON - INT�RIEUR JOUR Plan moyen d'Arabella en train de jouer sur le piano de Fl�chard, avec Fl�chard debout � c�t� d'elle. ARMAND FL�CHARD Au galop, mademoiselle, au galop ! Fl�chard semble tr�s �nerv�, et il marche de long en large dans la pi�ce. Arabella essaie de suivre le rythme impos� par Fl�chard et fait une fausse note. Fl�chard se retourne. Il semble de plus en plus �nerv�. ARMAND FL�CHARD Non ! Non ! Non ! Je ne veux plus vous entendre, hein ! ARABELLA DE CHAVILLE Monsieur Fl�chard, comme vous me traitez durement. ARMAND FL�CHARD Oh, et tant pis. ARABELLA DE CHAVILLE Tant mieux. J'aime quand vous �tes m�chant avec moi. ARMAND FL�CHARD Oh ! ARABELLA DE CHAVILLE Vous �tes un homme, vous. ARMAND FL�CHARD Non, je suis une nouille ! Il la force � se lever et la pousse vers la porte. ARMAND FL�CHARD Vous �tes une nouille, et nous sommes tous des nouilles ! Il ramasse le sac � main d'Arabella sur un meuble et le lui donne. ARMAND FL�CHARD Allez vous-en... l� ! ARABELLA DE CHAVILLE Oh !... Je vais le dire � maman. Il ouvre la porte et la pousse dehors. ARMAND FL�CHARD C'est �a, � votre maman, voil�. Il claque la porte derri�re elle. ARMAND FL�CHARD Bon... Il s'assoit sur le tabouret du piano. ARMAND FL�CHARD Arabella, tu veux de l'action ? Je vais t'en donner, moi. Il prend une feuille de papier sur le dessus du piano. Il commence � �crire. Zoom avant sur Fl�chard. ARMAND FL�CHARD � Mademoiselle... le d�sesp�r� qui vous aime... dans l'ombre... vous attendra ce soir � minuit... � c�t�... euh... du pressoir. � Sign� : � Le ver de terre amoureux d'une �toile �. Il semble satisfait de sa formule. MONTPAILLARD - UN �TANG - EXT�RIEUR JOUR Plan g�n�ral d'un �tang de belle taille dans la for�t de Montpaillard. On entend Blaireau qui siffle la ritournelle d'appel de son chien. Il appara�t en premier plan au bord de l'�tang. BLAIREAU Fous-le-camp ! Viens ici, son chien ! Il regarde autour de lui avec inqui�tude. BLAIREAU Viens ici, son chien ! Fous-le-camp ! Fous-le-camp !... On entend aboyer au loin. Blaireau tourne la t�te et semble surpris par ce qu'il voit. Contrechamp et plan de demi-ensemble sur la for�t. Parju roule � bicyclette sur un chemin, avec le chien de Blaireau attach� au guidon, et qui le guide. Zoom avant sur Parju qui vient de s'arr�ter et descend de v�lo. Il d�tache le chien. Retour sur Blaireau au bord de l'�tang BLAIREAU Oh !... Bougre de gros cochon. Tu vas me le payer... cher... mais cher... Il part en courant. Retour sur Parju. PARJU Allez... allez, cherche ! Il laisse tomber son v�lo, et se laisse guider par le chien, qu'il tient en laisse. Plan en enfilade sur le chemin. Travelling arri�re sur Parju, qui vient vers nous, guid� par le chien. PARJU Cherche ! Zoom avant sur le chien, qui fouille dans un fourr� au bord du chemin. PARJU Oh !... Le chien vient de trouver un li�vre dans un pi�ge. PARJU Flagrant d�lit ! Parju s'agenouille � c�t� du chien pour ramasser le li�vre. PARJU Je le tiens. Il donne le li�vre au chien, qui le prend dans sa gueule, et part sur le chemin, suivi en laisse par Parju. PARJU Porte � ton ma�tre. Plan de demi-ensemble de Blaireau en train de bricoler quelque chose au fond d'une barque au bord de l'�tang. Une autre barque est amarr�e � c�t� de la premi�re. On entend la voix de Parju au loin. PARJU (voix off) O� il est, Blaireau ? Blaireau saute dans la deuxi�me barque. PARJU (voix off) O� il est, Blaireau ? Blaireau s'�loigne de la rive en poussant la barque avec une perche. PARJU (voix off) O� il est, Blaireau ? Allons, mon petit chien... Contrechamp et plan de demi-ensemble sur les sous-bois qui bordent l'�tang. Parju sort du sous-bois avec le chien en laisse, et qui tient toujours le li�vre dans sa gueule. PARJU Allez, allez, porte-lui... porte-lui le beau lapin. Panoramique sur Parju, qui arrive au bord de l'�tang. PARJU Porte-lui... Porte-lui... Ah ! Le voil� ! Il vient d'apercevoir Blaireau allong� dans sa barque au milieu de l'�tang. Zoom avant rapide sur Blaireau allong� dans sa barque. La barque est encha�n�e � un piquet plant� dans l'�tang. Le zoom s'arr�te sur le visage de Blaireau, qui ouvre discr�tement un oeil pour observer Parju. Il ricane. Contrechamp sur le bord de l'�tang. Parju porte le chien sous un bras, et le li�vre dans l'autre main. Il patauge jusqu'� la barque. PARJU Flagrant d�lit ! Je vais te prendre en flagrant d�lit. Il pose le chien et le li�vre dans la barque et y monte lui-m�me. Contrechamp et gros plan sur le visage de Blaireau, qui ouvre discr�tement un oeil. BLAIREAU Attends un peu, mon cochon, attends un peu. Il ricane. Gros plan sur le visage de Parju, qui sourit. La cam�ra se d�place derri�re Parju, et nous montre, en gros plan, le fond de la barque, o� le bouchon a �t� enlev� de l'orifice de vidange, puis remis en place, mais � peine enfonc�. Le poids de Parju et le mouvement de la barque font sauter le bouchon. L'eau commence � entrer dans la barque en bouillonnant, et monte rapidement. Plan moyen sur Blaireau toujours allong� dans sa barque. Plan moyen sur Parju qui continue � ramer, alors que sa barque est maintenant presque remplie d'eau. Le chien monte sur la plage avant de la barque, et regarde devant lui. PARJU Je le tiens ! H� h� ! Je le tiens ! Parju s'aper�oit seulement alors que sa barque est en train de couler. Il pose ses rames. PARJU Oh ! Oh ! Oh non... Oh !... Plan moyen sur Blaireau qui se rel�ve dans sa barque, et qui �clate de rire. Il se met debout dans la barque et se tape sur les cuisses. BLAIREAU Allez, allez, allez, viens ici, mon toutou, viens ici !... Plan moyen sur la barque de Parju, qui a presque totalement sombr�. Le chien saute dans l'eau et nage vers Blaireau. PARJU Je t'aurai, Blaireau, je t'aurai ! Plan moyen sur Blaireau qui r�cup�re son chien dans l'eau et qui continue � rire. Le chien aboie. Retour sur Parju, qui a de l'eau au-dessus de la ceinture, et qui continue � sombrer. Retour sur Blaireau, qui fait un grand signe de la main � Parju, puis le salue militairement BLAIREAU Et voil� ! Retour sur Parju qui sombre compl�tement sous l'eau. Plan plus �loign� montrant les deux barques, Blaireau debout dans la sienne avec sa perche en main, et Parju, qui vient de r�appara�tre � la surface, son k�pi � la main. BLAIREAU Allez ! A la revoyure, Parju ! Il commence � pousser sa barque vers la rive. PARJU Je t'aurai, Blaireau ! BLAIREAU A la revoyure, Parju ! Parju commence � nager vers la rive en tenant son k�pi. Blaireau continue � rire. FONDU ENCHA�N� Plan moyen d'une clairi�re pr�s de l'�tang. Les v�tements de Parju sont �tendus sur des branches pour s�cher. Panoramique sur Parju, en maillot de corps et cale�on. Il presse ses v�tements pour les essorer. Il sautille et se frotte les mains, car il n'a pas tr�s chaud. Gros plan sur les pieds nus de Parju qui sautille. Il se plante une �charde dans un pied. PARJU (voix off) Ouille ! Ouille ! Ouille ! Gros plan sur le pantalon de Parju en train de s�cher sur la branche. Il s'�l�ve lentement dans les airs accroch� � une ligne de p�che. La cam�ra suit l'ascension du pantalon jusqu'� une fourche de l'arbre, sur laquelle Blaireau est assis, une canne � p�che rudimentaire � la main. Il attrape le pantalon, le d�croche et le d�pose sur une branche voisine. Puis il fait redescendre sa ligne. Gros plan sur le visage de Blaireau, concentr� sur ce qu'il est en train de faire. Il serre les l�vres sous l'effort. Retour sur le plan moyen du haut de l'arbre, vu en l�g�re contre- plong�e. Blaireau vient de � p�cher � la vareuse de Parju. Il la d�croche et la pose sur la branche. Puis il renvoie sa ligne. Il donne de petits a-coups � la ligne pour qu'elle s'accroche. Et il remonte les bottes de Parju. Plan rapproch� sur Parju, qui continue � sautiller en se soufflant sur les mains. Il s'approche de sa chemise, et en essore la manche. Il se retourne et �ternue. Au m�me moment, la chemise part dans les airs. Parju se retourne de nouveau et est surpris de ne plus voir sa chemise. PARJU Mais... Il fait quelques pas dans la clairi�re, et s'aper�oit que tous ses v�tements ont disparu. PARJU Blaireau ! Rapide plan en contre-plong�e sur l'arbre. On voit la t�te de Blaireau appara�tre derri�re le gros tronc de l'arbre. En entendant son nom, Blaireau se cache derri�re le tronc. Retour sur Parju au milieu de la clairi�re. PARJU Blaireau ! Blaireau ! Plan g�n�ral de l'�tang, sur lequel le soir commence � tomber. PARJU (voix off) Sois pas vache ! L'�cho r�p�te : � Sois pas vache... pas vache �. Fondu au noir. MONTPAILLARD - PLACE DE L'�GLISE - EXT�RIEUR NUIT Plan moyen, en l�g�re contre-plong�e, d'une partie de la fa�ade de l'�glise. L'horloge indique onze heures et demi, et la cloche sonne la demie. Plan moyen, en l�g�re plong�e, d'un angle de la place. Sur une fa�ade �clair�e par un lampadaire, l'ombre de Parju appara�t. D'abord la t�te avec le k�pi, puis le reste du corps. Autour de sa taille, on voit l'ombre d'une sorte de � tutu �. L'ombre inspecte les alentours, puis avance prudemment. Plan moyen, vu au niveau de la rue, de la projection de l'ombre sur le mur. L'ombre avance prudemment et atteint un petit escalier qui descend vers la place. Le maire descend l'escalier. Il s'arr�te net sur la derni�re marche. MONSIEUR DUBENO�T Parju !... Parju salue le maire. MONSIEUR DUBENO�T Mais qu'est-ce que c'est que cette tenue ? PARJU Blaireau, monsieur le maire. MONSIEUR DUBENO�T Bon sang de sacr� nom d'un chien ! Parju met son doigt. sur ses l�vres. PARJU Chut ! VOIX D'HOMME (voix off) �a alors, on peut pas dormir ! Plan en contre-plong�e sur les fen�tres du premier �tage de la maison voisine. Des lumi�res s'allument, et un volet s'ouvre sur une fen�tre. La silhouette d'un homme appara�t. VOIX DE FEMME (voix off) Mais qu'est-ce que c'est que ce raffut ? L'HOMME � LA FEN�TRE Cessez ce raffut, quoi ! Plan rapproch� sur le maire, qui met un doigt sur ses l�vres. L'ombre de Parju, elle aussi avec un doigt sur les l�vres, se rapproche du maire. MONSIEUR DUBENO�T Chut ! On voit - enfin - Parju appara�tre en vrai � c�t� du maire. Il est en maillot de corps, mais il porte son k�pi et son baudrier avec sa plaque. Les deux hommes montent quelques marches de l'escalier, et on d�couvre que Parju porte, autour de la taille, une sorte de pagne de branchages feuillus accroch�s � sa ceinture. Les deux hommes chuchotent. Parju secoue les mains. PARJU Oh, je l'ai rat� de peu, monsieur le maire. MONSIEUR DUBENO�T Allez vous rhabiller, Parju ! Ouvrez l'oeil. Faites des rondes, Parju, faites des rondes de jour, faites des rondes de nuit... de nuit surtout. PARJU Je vais commencer par en faire une tout de suite. MONSIEUR DUBENO�T Et ne reparaissez devant moi qu'avec Blaireau menottes aux mains. Compris ? PARJU Oui, monsieur le maire. MONSIEUR DUBENO�T Allez, rompez ! Comme il vient d'�lever la voix sur la derni�re r�plique, il porte un doigt � ses l�vres. MONSIEUR DUBENO�T Chut ! Fondu encha�n� sur la fa�ade de l'�glise, dont l'horloge marque maintenant minuit. On entend la cloche sonner l'heure. Plan de demi-ensemble sur une maison. Une vol�e de cinq ou six marches permet d'acc�der � l'entr�e de la maison. Parju descend les marches en r�-ajustant son k�pi, pendant que la cloche de l'�glise continue � sonner l'heure. CH�TEAU DE CHAVILLE - CHAMBRE D'ARABELLA - INT�RIEUR NUIT Plan moyen sur le lit d'Arabella. Le lit est ouvert, et Arabella est assise dessus, en chemise de nuit. Elle lit une lettre. On entend sonner la cloche de l'�glise. ARABELLA DE CHAVILLE � A minuit � c�t� du pressoir... � MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR NUIT Plan moyen sur Armand Fl�chard qui sort de son immeuble. Il regarde rapidement autour de lui, ferme la porte, et se met � marcher rapidement dans la rue. CH�TEAU DE CHAVILLE - GRILLE D'ENTR�E - EXT�RIEUR NUIT Plan moyen de l'entr�e de la propri�t�, vue de l'ext�rieur. Parju passe devant la grille, les mains coinc�es dans son ceinturon. CH�TEAU DE CHAVILLE - CHAMBRE D'ARABELLA - INT�RIEUR NUIT M�me plan d'Arabella sur son lit. Elle semble songeuse. Elle pose la lettre sur le lit. ARABELLA DE CHAVILLE On verra bien. Elle ramasse sa robe de chambre et l'enfile. CH�TEAU DE CHAVILLE - GRILLE D'ENTR�E - EXT�RIEUR NUIT M�me plan de la grille d'entr�e. Fl�chard s'approche lentement de la grille, puis passe devant. CH�TEAU DE CHAVILLE - JARDINS - EXT�RIEUR NUIT Plan moyen des jardins. Arabella marche dans le jardin en robe de chambre. Derri�re elle, la pr�sence de deux tonneaux sugg�re que l'on doit �tre pr�s du pressoir. Arabella s'arr�te et regarde autour d'elle. CH�TEAU DE CHAVILLE - MUR D'ENCEINTE - EXT�RIEUR NUIT Plan moyen sur le mur d'enceinte de la propri�t�, vu de l'ext�rieur. Fl�chard est en train de l'escalader. Il se r�tablit debout sur le sommet du mur, puis il saute de l'autre c�t�. Bruit de verre bris�. CH�TEAU DE CHAVILLE - JARDINS - EXT�RIEUR NUIT Plan de demi-ensemble d'une rang�e de ch�ssis vitr�s align�s le long du mur. Fl�chard vient d'atterrir dans l'un d'eux ! Il pi�tine dedans, en �mettant un bruit de verre bris�. Plan rapproch� d'Arabella, � moiti� cach� par des branchages. Elle a entendu le bruit, et elle semble l�g�rement inqui�te. CH�TEAU DE CHAVILLE - MUR D'ENCEINTE - EXT�RIEUR NUIT Plan moyen de Parju qui marche le long du mur. Lui aussi a d� entendre quelque chose, car il s'arr�te de marcher. Retour sur Fl�chard, toujours debout, les pieds dans le ch�ssis bris�. On entend un chien aboyer. Fl�chard se retourne, cassant le ch�ssis voisin. Retour sur Arabella, la bouche ouverte, de plus en plus inqui�te. Elle se sauve vers la maison. CH�TEAU DE CHAVILLE - MUR D'ENCEINTE - EXT�RIEUR NUIT Retour sur Parju, qui �coute attentivement. On entend toujours le chien aboyer. CH�TEAU DE CHAVILLE - MUR D'ENCEINTE - EXT�RIEUR NUIT Retour sur Fl�chard, qui escalade les treillages fix�s au mur pour permettre aux plantes d'y grimper. CH�TEAU DE CHAVILLE - MUR D'ENCEINTE - EXT�RIEUR NUIT Contrechamp du mur vu de l'ext�rieur. Fl�chard appara�t au sommet du mur, et se r�tablit debout dessus, puis il saute de l'autre c�t�. Il dispara�t dans la p�nombre. Parju arrive en courant. PARJU Ah, je te tiens... ! Il se pr�cipite sur Fl�chard, que l'on ne voit plus dans la p�nombre. On ne voit plus rien, mais on entend des bruits de bagarre, puis des geignements. Fl�chard appara�t dans la lumi�re, tenant quelque chose de brillant � la main. Il se sauve. On entend Parju continuer � g�mir, puis on le voit appara�tre en titubant. Plan rapproch� de Parju. Il a un oeil au beurre noir. Il porte la main � sa poitrine, et baisse les yeux. PARJU Ma plaque ! Fondu au noir. MAIRIE - SALLE DU CONSEIL MUNICIPAL - INT�RIEUR JOUR Plan rapproch� sur le maire, debout devant le buste de Marianne. MONSIEUR DUBENO�T Monsieur Parju, un garde-champ�tre qui perd sa plaque, c'est comme un r�giment auquel on ravit son drapeau. L�ger zoom arri�re et panoramique, permettant de d�couvrir Parju, assis sur une chaise, l'air abattu, et avec un beau cocard ! PARJU Oui, monsieur le maire. MONSIEUR DUBENO�T Coffrez-moi Blaireau au plus vite. PARJU C'�tait dans le noir, je pourrais pas jurer que c'�tait lui. MONSIEUR DUBENO�T Y a que Blaireau qui a pu faire le coup. PARJU Mais je vous dis... Le maire s'�nerve. MONSIEUR DUBENO�T Ah !... Suis-je le maire de Montpaillard... ou si c'est vous, Parju ? Parju pointe le doigt sur le maire. PARJU C'est vous qui �tes le maire, monsieur le maire. MONSIEUR DUBENO�T Alors, je me charge du reste. Il se retourne et tourne la manivelle du t�l�phone pos� sur la table, puis il d�croche le combin�. MONSIEUR DUBENO�T Allo ! Pr�venez la pr�fecture. Qu'on m'envoie du renfort. Il raccroche. MONTPAILLARD - CIEL - EXT�RIEUR JOUR Plan du ciel au-dessus de Montpaillard. Quatre avions de chasse traversent le ciel, et s'�loignent. Autre plan, montrant quatre autres avions de chasse, qui s'�loignent eux aussi. MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen sur le boucher, assis sur sa bicyclette, et autour de lui, un homme et deux enfants, dont le petit gar�on � lunettes qui accompagnait le juge au concours de p�che. Ils regardent tous en l'air, pour suivre l'�volution des avions. Apr�s le passage des avions, l'homme met la mains sur l'�paule du boucher. L'HOMME Qu'est-ce qui se passe ? LE BOUCHER Ben, y para�t qu'on va arr�ter Blaireau. L'HOMME Oh ben, y va passer un fichu quart d'heure. Ils l�vent de nouveau la t�te car on entend d'autres avions passer dans le ciel. MONTPAILLARD - PLACE DE LA MAIRIE - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen du maire debout sur le perron de la mairie. Il a coiff� un b�ret. En contrebas des marches du perron, on voit les t�tes et les �paules de trois gendarmes. Tous regardent vers le ciel, o� on entend passer d'autres avions. MONSIEUR DUBENO�T Ils font bien les choses � la pr�fecture. Il hausse les �paules en faisant une petite moue dubitative. MONSIEUR DUBENO�T Mais enfin, tout de m�me... Parju escalade rapidement les marches qui m�nent au perron. Il tape sur le bras du maire, et lui d�signe quelque chose dans la rue. PARJU Voil� les renforts, monsieur le maire. MONSIEUR DUBENO�T Ah ! Plan d'ensemble de la rue qui d�bouche sur la place. On voit arriver un groupe de gendarmes � bicyclette. La cam�ra suit la progression des gendarmes, qui s'arr�tent devant la mairie. Le responsable du d�tachement, qui porte les insignes de mar�chal- des-logis-chef (ou sergent-chef), descend de v�lo et l�ve le bras. SERGENT-CHEF DE GENDARMERIE Section... halte ! Le maire vient vers eux, suivi de Parju. MONSIEUR DUBENO�T Dites-moi, ils sont avec vous, l� ? Du doigt, il montre le ciel. SERGENT-CHEF DE GENDARMERIE Non, monsieur le maire, c'est les grandes manoeuvres. MONSIEUR DUBENO�T Ah, c'est les grandes manoeuvres... Il se tourne vers Parju. MONSIEUR DUBENO�T ... oui, je me disais aussi. Le maire se recule de deux pas, et se met au garde-�-vous face au d�tachement. MONSIEUR DUBENO�T Messieurs... Tous les gendarmes et Parju se mettent au garde-�-vous. MONSIEUR DUBENO�T ... nous attaquerons � onze heures douze, heure locale. Il se retourne, imit� par Parju. MONSIEUR DUBENO�T Allez, en avant ! Il part en marchant au pas, imit� par Parju, qui marche � son c�t�. Il sortent du champ par la gauche. SERGENT-CHEF DE GENDARMERIE En... selle ! Tous les gendarmes enfourchent leurs v�los, et se mettent en route dans la direction prise par le maire. MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen sur Armand Fl�chard, qui sort de chez lui. Il s'avance au milieu de la rue, et voit, au bout de la rue, arriver la section de gendarmes � bicyclette. Il d�tourne la t�te et se frotte nerveusement les mains. ARMAND FL�CHARD Oh la la ! Il se pr�cipite sur sa porte d'entr�e, l'ouvre et rentre chez lui. CH�TEAU DE CHAVILLE - CHAMBRE D'ARABELLA - INT�RIEUR JOUR Plan moyen sur la comtesse de Chaville, en robe de chambre, qui entre pr�cipitamment dans la chambre de sa fille. En premier plan, le dos d'un fauteuil. COMTESSE DE CHAVILLE Oh, ma petite ch�rie, tu sais quoi ? Cette nuit, Blaireau a p�n�tr� dans la propri�t�, il a cass� les ch�ssis et assomm� le garde-champ�tre. Elle ressort aussi pr�cipitamment qu'elle �tait entr�e. Arabella, qui �tait assise dans le fauteuil, se tourne vers la cam�ra. ARABELLA DE CHAVILLE Oh !... C'�tait Blaireau ! MONTPAILLARD - UN �TANG - EXT�RIEUR JOUR Plan de demi-ensemble de Blaireau guidant sa barque vers un ponton, au-dessus duquel s�chent des filets de p�che. Il l'amarre, puis se l�ve, et monte sur le ponton. Zoom arri�re, permettant de d�couvrir, en premier plan, Parju cach� derri�re un arbre, et qui observe Blaireau. Le zoom arri�re se poursuit, permettant de d�couvrir le maire cach� derri�re un autre arbre. Le maire se tourne vers Parju et chuchote : MONSIEUR DUBENO�T Parju... Tout est en place ? PARJU Oui, monsieur le... MONSIEUR DUBENO�T Parfait. Chut ! Au loin, on voit Blaireau qui remet quelque chose en place � l'extr�mit� terrestre du ponton, puis se dirige vers sa cabane. Le panoramique, qui suit Blaireau, permet de d�couvrir des gendarmes cach�s derri�re les arbres. En arri�re plan, on voit Blaireau qui, arriv� � la porte de sa cabane, se retourne pour ranger quelque chose. Les gendarmes, qui l'observaient, se re-cachent derri�re leurs arbres. Blaireau, qui �tait pr�t d'ouvrir sa porte, se retourne de nouveau, pour jeter quelque chose qui se trouvait dans un grand panier � c�t� de la porte. M�me jeu de sc�ne des gendarmes. Blaireau est pr�t d'ouvrir sa porte, mais il se retourne de nouveau pour siffler la ritournelle d'appel de son chien. M�me jeu de sc�ne des gendarmes. Aucun aboiement ne r�pond � son sifflet. Blaireau ouvre la porte de sa cabane, et entre � l'int�rieur. CABANE DE BLAIREAU - INT�RIEUR JOUR Plan moyen de Blaireau qui, en chantonnant, ouvre une porte de son armoire � double porte. Il en sort un moulin � caf�, et se penche pour ramasser quelque chose qu'il a fait tomber. Alors qu'il est pench�, la t�te d'un gendarme appara�t derri�re l'autre porte de l'armoire. Blaireau se rel�ve et le gendarme dispara�t. Il ferme la porte de l'armoire. Il s'assoit � c�t� de son lit pour moudre son caf�. Gros plan sur le chien, enferm� dans un panier en osier, et avec la gueule b�illonn�e. Le chien essaie de sortir par une ouverture au-dessus du panier, mais n'y arrive pas. Retour sur Blaireau en train de moudre son caf� en chantonnant. BLAIREAU Je vais faire un bon petit caf�. Il se l�ve, et va poser le moulin sur la table. Le couvercle du grand coffre, situ� derri�re lui, se soul�ve et trois t�tes de gendarme apparaissent. Blaireau sort le tiroir du moulin et, apr�s en avoir �t� le couvercle, il verse le caf� moulu dans la cafeti�re. Gros plan sur le dessus d'un meuble. Lucienne, la pie, a la patte attach�e � un pichet voisin, et un b�illon sur le bec. Avec sa patte libre, elle essaie d'enlever le b�illon, mais n'y arrive pas. Retour sur Blaireau. Derri�re lui, les trois t�tes de gendarmes l'observent toujours. Blaireau prend la cafeti�re et s'�loigne de la table. Le couvercle du coffre se referme et les gendarmes disparaissent. Blaireau sent le caf� et a l'air satisfait de l'odeur. Il pose la cafeti�re sur le po�le. Derri�re lui, une trappe se soul�ve dans le parquet, et deux t�tes de gendarme apparaissent. Blaireau prend une casserole qui �tait pos�e sur une plaque du po�le, et verse l'eau dans la cafeti�re. Le couvercle du coffre se soul�ve et les trois gendarmes apparaissent. La porte de l'armoire s'ouvre et le gendarme cach� dedans appara�t. Blaireau remet le couvercle sur sa cafeti�re, la prend et se retourne pour se diriger vers la table, et tous les gendarmes disparaissent. Blaireau pose la cafeti�re sur la table, et derri�re lui, les trois gendarmes apparaissent dans le coffre. Gros plan sur le chien toujours b�illonn�. Retour sur Blaireau qui verse du caf� dans une tasse, pendant que les gendarmes, cach�s dans le coffre, l'observe. Blaireau prend sa tasse, puis un sucre dans la bo�te pos�e sur la table. Le coffre se referme. Blaireau met le sucre dans son caf� et le touille avec une cuill�re. Il s'�loigne et les trois gendarmes du coffre r�apparaissent, puis deux autres apparaissent derri�re les deux premiers. CABANE DE BLAIREAU - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen sur la porte de la cabane, qui s'ouvre. Blaireau appara�t touillant son caf�. Il le boit lentement. D'un seul coup, de chaque c�t� de lui, des mains de gendarmes apparaissent et lui saisissent les bras et les �paules. Blaireau r�le et se d�bat un peu. FONDU ENCHA�N� PALAIS DE JUSTICE - TRIBUNAL - INT�RIEUR JOUR Plan d'ensemble de la salle d'audience du tribunal. Au fond le juge entour� de ses deux assesseurs. A leur gauche, l'avocat g�n�ral, puis le box des accus�s, dans lequel Blaireau est debout, entour� de deux gendarmes. Au centre, � la barre, Parju, debout les deux mains sur la barre. Derri�re Parju, les bancs du public. Blaireau tape des deux mains sur le bord du box devant lui. Pour la premi�re fois depuis le d�but du film, il a enlev� son b�ret et le tient � la main. BLAIREAU Mais ! P�tard de p�tard de p�tard de p�tard ! Je suis innocent ! LE JUGE LERECHIGNEUX Calmez-vous, Blaireau. Il se tourne vers Parju. LE JUGE LERECHIGNEUX Parju, reconnaissez-vous cet homme ? Plan moyen sur Parju en premier plan et Blaireau derri�re lui dans SON BOX BLAIREAU Mais il peut pas, p�tard de bois ! Parju baisse la t�te : il semble ennuy�. LE JUGE LERECHIGNEUX (voix off) Silence, Blaireau ! Ah !... Parju, reconnaissez-vous cet homme ? Parju l�ve lentement la t�te vers le juge, puis se tourne vers Blaireau. Plan moyen sur Arabella, entour�e de ses parents, et assis dans le public. Arabella hoche n�gativement la t�te. Plan rapproch� du visage et des �paules de Fl�chard, debout devant la porte au fond de la salle. La cam�ra descend le long du corps de Fl�chard, jusqu'au sol, o� l'on d�couvre le chien de Blaireau, assis aux pieds de Fl�chard. Plan rapproch� sur Parju, qui baisse la t�te. Assis dans le public derri�re lui, le maire toussote pour attirer l'attention de Parju. Parju se tourne vers le maire, qui hoche positivement la t�te. Parju se retourne vers le juge. PARJU Oui, monsieur le juge. Le chien aboie. Plan en enfilade de l'all�e centrale entre les bancs du public, vue au niveau du sol. Le chien remonte l'all�e centrale en aboyant. Travelling arri�re sur le chien, qui arrive � la barre, et continue � aboyer en regardant Parju, dont on voit les pieds s'�loigner de la barre. Plan moyen de Parju, qui s'�loigne de la barre. Le juge agite sa sonnette. Parju continue � marcher � reculons dans le pr�toire, en agitant son k�pi pour �loigner le chien de lui. Il passe devant Blaireau, qui �clate de rire. L'un des gendarmes rie aussi. Plan moyen sur le juge et ses deux assesseurs. LE JUGE LERECHIGNEUX Parju ! Parju, voyons ! Plan de demi-ensemble de la zone publique de la salle, avec au fond Parju, entour� des gendarmes, et le chien qui continue � lui aboyer dessus. LE JUGE LERECHIGNEUX (voix off) Gendarmes, voulez-vous... Plan moyen sur le box, o� Blaireau et l'un des gendarmes continuent � rire. Plan moyen sur le juge, qui se l�ve. LE JUGE LERECHIGNEUX Blaireau... appelez votre chien, saperlipopette ! Plan moyen sur Blaireau qui siffle la ritournelle habituelle. Le chien r�pond de deux aboiements, puis saute dans le box, puis sur le banc � c�t� de son ma�tre. Blaireau le prend dans ses bras. BLAIREAU Fini, il se tiendra tranquille, monsieur le pr�sident. Plan rapproch� du juge debout, en l�g�re contre-plong�e. LE JUGE LERECHIGNEUX Blaireau, le garde-champ�tre vous ayant formellement reconnu. Retour sur Blaireau, debout. A c�t� de lui, le chien a les deux pattes avant pos� sur le bord du box. BLAIREAU Mais il peut pas, j'�tais dans mon lit, j'ai un alibi. Retour sur le juge. LE JUGE LERECHIGNEUX Les honn�tes gens n'ont pas besoin d'alibi. Avez-vous un t�moin ? Retour sur Blaireau. BLAIREAU Mais parfaitement. Fous-le-camp, j'�tais dans mon lit ? Il se penche sur le chien, qui le regarde, puis se tourne vers le juge et aboie une fois. Blaireau rit. Plan moyen sur la partie droite du public. Au fond, pr�s de la porte, debout, Armand F�chard, Parju et un gendarme. Au premier rang du public, pr�s de l'all�e, en robe d'avocat et affal�e sur sa serviette pos� sur la rambarde devant lui, Ma�tre Guilloche. LE JUGE LERECHIGNEUX (voix off) Assez plaisant�. Ma�tre, vous avez la parole. Guilloche se redresse, puis se l�ve et se dirige vers le centre du pr�toire. MA�TRE GUILLOCHE Peu de mots suffiront � ma plaidoirie. Il vient se planter devant Blaireau, toujours debout avec le chien � ses c�t�s. MA�TRE GUILLOCHE Indulgence ou pardon, pardon ou indulgence. BLAIREAU Tr�s bien. Il lui donne une violente bourrade sur l'�paule. On entend la sonnette du juge. Plan de demi-ensemble du pr�toire. Le juge est debout et agite sa sonnette. Tout le monde se l�ve, sauf le public. Les juges et l'avocat g�n�ral remettent leurs toques sur la t�te. LE JUGE LERECHIGNEUX Le tribunal, apr�s en avoir d�lib�r�, condamne Blaireau � un mois de prison. BLAIREAU Mais je suis innocent ! Plan rapproch� sur le juge debout, vu en l�g�re contre-plong�e. LE JUGE LERECHIGNEUX Quand bien m�me vous ne seriez pas coupable, tous vos m�faits, depuis vingt ans impunis... Plan moyen sur Blaireau. BLAIREAU Des m�faits ?... J'ai fait des m�faits, moi ? Plan un peu plus �loign� sur le juge, entour� de ses deux assesseurs, tous les trois debout. LE JUGE LERECHIGNEUX Ce n'est pas � moi, mon cher Blaireau, qu'il faut venir en raconter, � moi qui, depuis vingt ans, vous ach�te du gibier quand la chasse est ferm�e. Tout le monde rie dans la salle. Le juge regarde ses deux assesseurs, qui rient eux aussi. LE JUGE LERECHIGNEUX Gardes, emmenez le condamn�. Le juge sort lentement. On entend le chien qui aboie et Blaireau QUI CRIE : BLAIREAU Je suis innocent ! Je suis innocent ! Fondu au noir. MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen sur Armand Fl�chard, cach� derri�re un mur. Le mur forme l'angle de deux rues, et, � droite du mur, on aper�oit, de l'autre c�t� de la place, l'entr�e de la prison. Le mot � Prison � est inscrit au fronton de l'imposant portail, et un drapeau fran�ais flotte au-dessus. Zoom arri�re permettant de mieux voir l'entr�e de la prison et Fl�chard cach� derri�re le mur. Blaireau arrive � l'entr�e de la prison, portant un petit baluchon, et accompagn� de deux gendarmes. L'un des gendarmes tire le cordon de la cloche, qui tinte. UN GARDIEN (voix off) J'arrive. Au-dessus du mur d'enceinte de la prison, on voit la silhouette d'un gardien qui descend d'un �tage sup�rieur. Fl�chard sort de sa cachette, et court vers l'entr�e de la prison. Puis, apr�s quelques pas, il se ravise, s'arr�te au milieu de la place et sort du champ sur la droite. La porte de la prison s'ouvre, et l'un des gendarmes pousse Blaireau vers l'int�rieur. L'autre gendarme le suit. PRISON - COUR D'ENTR�E - EXT�RIEUR JOUR Plan de demi-ensemble de la cour d'entr�e de la prison. Au premier plan, Blaireau marche vers le fond de la cour, portant son baluchon et entour� des deux gendarmes. Il l�ve et tourne la t�te pour regarder autour de lui. Au fond, un perron sur�lev� de quatre marches, et de part et d'autre de ce perron, deux escaliers qui montent vers l'entr�e du b�timent. Des arbustes masquent ces escaliers, leur donnant un aspect plut�t coquet pour une prison. Monsieur Bluette descend l'escalier de droite. Arriv� sur le perron, il l�ve les deux bras. MONSIEUR BLUETTE Ah !... Le voil� ! Blaireau se retourne vers Bluette, qui arrive vers lui, les mains tendues. MONSIEUR BLUETTE Mon cher Blaireau, ravi de vous conna�tre. J'ai beaucoup entendu parler de vous. Il le prend par l'�paule, puis se tourne vers l'un des gendarmes. MONSIEUR BLUETTE C'est bien, brigadier, laissez-nous. Le brigadier d�tache les menottes qui maintenaient les mains de Blaireau attach�es ensemble, les r�cup�re et s'�loigne. L'autre gendarme �tait d�j� sorti du champ. MONSIEUR BLUETTE Passez devant, Blaireau. BLAIREAU Mais, monsieur le directeur. MONSIEUR BLUETTE Je vous en prie, vous �tes ici chez moi, c'est � dire chez vous. Il rit. Blaireau lui met la main sur la poitrine, et il s'�loigne tous les deux vers le perron. Apr�s trois-quatre pas, Blaireau s'arr�te et se tourne vers le directeur. BLAIREAU Je suis... MONSIEUR BLUETTE Permettez ? Il lui prend son baluchon. BLAIREAU Je suis confus. MONSIEUR BLUETTE Je vous en prie, je vous en prie... Ils reprennent leur marche vers le perron. MONSIEUR BLUETTE J'esp�re, mon cher Blaireau... Plan moyen de Blaireau et Bluette sur le perron, vus en l�g�re plong�e. MONSIEUR BLUETTE ... que, pendant ces quelques semaines, que le gouvernement de la R�publique vous confie � mes soins, nous n'aurons ensemble que d'excellents rapports. BLAIREAU Monsieur le directeur, je suis tr�s facile � vire. Bluette rit. MONSIEUR BLUETTE Bravo ! Il le prend par le bras et ils commencent � monter les marches de l'escalier de gauche en direction de la cam�ra. MONSIEUR BLUETTE Alors, dites-moi, cher ami, il para�t qu'on a ross� le garde-champ�tre ? Vous savez que c'est tr�s dr�le, �a. Ils s'arr�tent de monter sur la deuxi�me marche. Blaireau, qui jusqu'ici, �tait souriant et affable, s'�nerve un peu. BLAIREAU Oui, c'est peut-�tre dr�le, mais enfin ce qui est moins dr�le, c'est que je suis innocent. MONSIEUR BLUETTE Ah non ! Ah non, Blaireau ! Ne me le faites pas l'erreur judiciaire, vous cesseriez de m'int�resser. PRISON - UN COULOIR - INT�RIEUR JOUR Vue en enfilade d'un couloir. Au premier plan, un prisonnier, un pot de peinture d'une main et un pinceau dans l'autre, se pr�pare � peindre les barreaux d'une fen�tre. Il s'arr�te lorsqu'il entend chanter dans la cellule voisine. D�TENU CHANTEUR (voix off) Les rendez-vous de noble compagnie... Le d�tenu sort de la cellule, portant, lui aussi, un pot de peinture, et referme la porte. La porte s'ouvre au fond du couloir et Bluette entre dans le couloir. Le � peintre � accompagne le chanteur en sifflant. D�TENU CHANTEUR ... se donnent tous en ce charmant s�jour. Bluette, qui porte toujours le baluchon de Blaireau, s'efface pour le laisser passer, puis il referme la porte derri�re eux. D�TENU CHANTEUR Et doucement, on y passe la vie. Et doucement... Les deux d�tenus se mettent � peindre les barreaux. Bluette arrive pr�s d'eux avec Blaireau MONSIEUR BLUETTE Bonjour, mes petits. Le d�tenu chanteur soul�ve son b�ret. D�TENU CHANTEUR Monsieur le directeur. MONSIEUR BLUETTE Alors, �mile, vos amygdales ? D�TENU CHANTEUR Je me suis gargaris� ce matin, monsieur le directeur. MONSIEUR BLUETTE Montrez, pour voir. �mile ouvre la bouche et Bluette regarde � l'int�rieur. Blaireau se hausse sur la pointe des pieds pour regarder, lui aussi. D�TENU CHANTEUR Ah !... MONSIEUR BLUETTE C'est moins enfl�, hein, continuez le traitement. Bluette se tourne vers le d�tenu siffleur. MONSIEUR BLUETTE De bonne nouvelles de votre femme ? D�TENU SIFFLEUR Je vous remercie, monsieur le directeur MONSIEUR BLUETTE Alors, tant mieux. Allez, au travail, hein. Il ricane, prend Blaireau par le bras, et l'entra�ne pendant que les deux d�tenus reprennent leur travaux de peinture. On entend le d�tenu chanter, accompagn� par le siffleur, pendant que Bluette parle � Blaireau. D�TENU CHANTEUR (voix off) Les rendez-vous de noble compagnie... Il se sont arr�t�s devant la porte ouverte d'une cellule, o� un autre d�tenu est en train d'�pousseter une �tag�re avec un plumeau. MONSIEUR BLUETTE Comme vous voyez, Blaireau, mon syst�me p�nitencier est tr�s simple. Plan l�g�rement plus �loign� de Bluette et Blaireau. Blaireau salue le d�tenu homme-de-m�nage, qui lui rend son salut. Bluette pousse Blaireau � reprendre leur marche. MONSIEUR BLUETTE Je vous en prie... J'occupe mes hommes aux travaux qu'ils exer�aient avant de mal tourner. Blaireau claque des doigts. BLAIREAU Ah !... Ils passent devant une cellule, o� un homme est occup� � des travaux de menuiserie. D�TENU MENUISIER Bonjour, monsieur le directeur, bonjour. Il parle avec un l�ger accent. Blaireau le salue. MONSIEUR BLUETTE Bonjour, Gr�gory. Il rie et se tourne vers Blaireau, qui rie aussi. MONSIEUR BLUETTE C'est notre petit dernier. Ils reprennent leur marche et arrive devant une cellule o� un d�tenu est en train de soigner le pied nu d'un autre d�tenu. Il s'arr�te pour saluer Bluette. D�TENU P�DICURE Bonjour, monsieur. Blaireau le salue. Bluette se tourne vers Blaireau. MONSIEUR BLUETTE C'est un excellent p�dicure. Le d�tenu soign� pousse un cri et sursaute violemment D�TENU SOIGN� Ah !... D�TENU P�DICURE Et ben, voyons. Bluette se penche vers Blaireau et chuchote : MONSIEUR BLUETTE C'�tait un excellent p�dicure. Ils reprennent leur marche, et s'arr�tent devant une cellule, dans laquelle un d�tenu est en train de travailler sur une machine � coudre. Derri�re lui, des costumes sont accroch�s au mur. MONSIEUR BLUETTE Bonjour, Antoine. Blaireau salue le d�tenu. D�TENU TAILLEUR Bonjour, monsieur le directeur. Bluette se tourne vers Blaireau. MONSIEUR BLUETTE C'est notre tailleur... Il prend Blaireau par le bras, et l'entra�ne dans le couloir. MONSIEUR BLUETTE Mon cher Blaireau, je n'ai pas grand chose de disponible en ce moment, mais je vais vous faire visiter, vous choisirez vous-m�me. Blaireau joint les mains. BLAIREAU Vous �tes trop aimable, monsieur le directeur. Bluette rit et ouvre la porte voisine de celle du tailleur. MONSIEUR BLUETTE Tenez, tenez, voici le quatorze. Blaireau entre dans la cellule. PRISON - CELLULE QUATORZE - INT�RIEUR JOUR Plan moyen d'un cellule de prison typique avec juste un lit m�tallique et une �tag�re pour tout mobilier. Bluette entre derri�re lui. MONSIEUR BLUETTE Bien expos�, mais c'est un peu chaud en cette saison. Blaireau inspecte la cellule inond�e de soleil. BLAIREAU Ah... oui. Il se penche pour t�ter le matelas du lit, dont on entend grincer les ressorts. Il s'assoit sur le lit, et Bluette pose le baluchon dessus. BLAIREAU Vous n'avez rien de mieux, vous ? Bluette lui tape sur l'�paule, r�cup�re le baluchon, se redresse, et ricane. MONSIEUR BLUETTE Attendez, j'ai votre affaire. Il le prend par le bras pour l'aider � se relever. Il l'entra�ne en dehors de la cellule. PRISON - UN COULOIR - INT�RIEUR JOUR Plan rapproch� sur la porte de la cellule quatorze, que Bluette ouvre. Il se tourne vers Blaireau. MONSIEUR BLUETTE Le petit quatre. Il sort, suivi de Blaireau. Panoramique sur le couloir, o� Victor, le gardien-chef, vient d'appara�tre. Bluette met la mains sur l'�paule de Victor. MONSIEUR BLUETTE Ah ! Mon cher Blaireau, je vous pr�sente Victor, notre gardien-chef. Victor salue Blaireau, puis lui tend la main, que Blaireau serre. BLAIREAU Enchant�. VICTOR Soyez le bienvenu. MONSIEUR BLUETTE Je tiens � ce que vous vous sentiez ici dans une ah... ah... Il fait un geste de la main, et r�fl�chit un peu avant de continuer. Victor et Blaireau le regardent. MONSIEUR BLUETTE Co... comment dirais-je ?... dans une prison de famille. Blaireau et Victor sourient de cette boutade. Bluette donne le baluchon de Blaireau � Victor. Il d�signe Blaireau du doigt. MONSIEUR BLUETTE Victor, Victor, le petit quatre. Hein ? Il pose la main sur l'�paule de Victor. MONSIEUR BLUETTE Mon cher Blaireau, � tout � l'heure, je vous laisse vous installer. Il s'�loigne dans le couloir. BLAIREAU Merci, monsieur le directeur. Victor met la main sur l'�paule de Blaireau et l'entra�ne avec lui dans la direction oppos�e � celle qu'a prise le directeur. VICTOR Je voulais vous demander. Le matin, caf� noir ou caf� au lait ? BLAIREAU Arros�. Fondu encha�n�. CH�TEAU DE CHAVILLE - PETIT SALON - INT�RIEUR JOUR Plan moyen sur la comtesse de Chaville et le maire en train de prendre le caf�, assis sur deux fauteuils de part et d'autre d'une petite table basse. Derri�re eux, on peut, � travers une grande porte vitr�e, voir le comte et sa fille en train de se disputer. On ne peut entendre ce qu'ils se disent mais on devine que la discussion est houleuse, surtout lorsque l'on voit le comte saisir une soupi�re et la jeter par terre. La comtesse l�ve un peu la t�te, et le maire r�agit � peine. COMTESSE DE CHAVILLE C'est comme �a chaque fois qu'il veut la marier. A travers les vitres, on voit Arabella prendre un plat et le jeter par terre. Le bruit �tant un peu plus fort, le maire sursaute. MONSIEUR DUBENO�T Elle n'a pas l'air de se laisser convaincre. CH�TEAU DE CHAVILLE - SALLE � MANGER - INT�RIEUR JOUR Contre champ de l'autre c�t� de la grande porte vitr�e. Le comte et sa fille se font face, l'air aussi en col�re l'un que l'autre. ARABELLA DE CHAVILLE Tu veux que je me marie ? L�ON DE CHAVILLE Oui... ARABELLA DE CHAVILLE Le plus vite possible ? L�ON DE CHAVILLE Oui. ARABELLA DE CHAVILLE Et bien, j'ai trouv�... Le comte sourit. L�ON DE CHAVILLE Ah enfin ! ARABELLA DE CHAVILLE Un homme qui a fait ses preuves ! Le comte semble de plus en plus satisfait. L�ON DE CHAVILLE Parfait ! CH�TEAU DE CHAVILLE - PETIT SALON - INT�RIEUR JOUR Retour sur la comtesse et le maire autour de la table basse. La comtesse repose sa tasse, et le maire a un verre de Cognac � la main. COMTESSE DE CHAVILLE Elle n'�pousera que l'homme de ses r�ves, son id�al, son prince charmant. Le maire sourit. MONSIEUR DUBENO�T Et ben ! Le comte ouvre vivement la porte de communication � double battant. COMTESSE DE CHAVILLE H� oui... L�ON DE CHAVILLE Elle veut �pouser Blaireau ! Le maire, qui �tait en train de siroter son Cognac, le repose et se met � tousser, visiblement en manque de souffle. Le comte se penche et lui tape dans le dos. Le maire prend le bras de la comtesse. FONDU ENCHA�N� PRISON - CELLULE DE BLAIREAU - INT�RIEUR NUIT Plan moyen de Blaireau, couch� dans son lit... mais toujours avec son b�ret sur le cr�ne ! On entend g�mir son chien. Blaireau tourne la t�te vers la fen�tre, puis se redresse dans son lit. MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR NUIT Plan rapproch� du chien en train de g�mir devant la porte de la prison. Il aboie en remuant la queue. PRISON - CHAMBRE DE BLUETTE - INT�RIEUR NUIT Bluette, en pyjama, est � moiti� assis dans son lit. Il est en train de lire un gros livre intitul� � r�glement Int�rieur des Prisons �. Il marmonne tout en faisant des gestes avec sa main. On entend le chien g�mir. Bluette se gratte la t�te. MONSIEUR BLUETTE Ben non... Il frappe de la main sur le livre. MONSIEUR BLUETTE L'entr�e des animaux est interdite dans l'enceinte de la maison d'arr�t. �a, je... Saisi d'une inspiration subite, il attrape la page concern�e, et l'arrache du livre. Il sort de son lit. MONSIEUR BLUETTE Je dirai qu'elle �tait d�chir�e. MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR NUIT Plan un peu plus �loign� du chien devant la porte de la prison. Il continue � g�mir et � grogner. La porte s'ouvre et Bluette, accroupi, entra�ne le chien � l'int�rieur. MONSIEUR BLUETTE Allez, viens. Puis il referme la porte. PRISON - UN COULOIR - INT�RIEUR NUIT Gros plan sur le bas de la porte de la cellule de Blaireau. On voit le bas du pyjama et les chaussons de Bluette, qui ouvre la porte. Le chien entre dans la cellule. Panoramique ascendant sur l'int�rieur de la cellule et Blaireau, toujours couch� dans son lit. Zoom avant sur Blaireau. Le chien saute sur le lit, et Blaireau le cajole. BLAIREAU Oh, mon toutou ! Oh, je suis content de voir le gros toutou. Oh, le petit toutou. Oh, le petit toutou. Il l'embrasse. Fondu encha�n�. LOGEMENT FL�CHARD - CHAMBRE � COUCHER - INT�RIEUR NUIT Plan moyen de Fl�chard allong� dans son lit, vu de l'un des c�t�s du lit. Il dort et il r�ve. ARMAND FL�CHARD C'est pas lui ! C'est pas lui ! De l'autre c�t� du lit de Fl�chard, Blaireau appara�t, habill� en juge, avec m�me la toque sur le cr�ne. A c�t� de lui, appara�t aussi une table roulante couverte, comme celles que l'on utilise dans les restaurants pour apporter les plats en salle, tout en les maintenant au chaud. ARMAND FL�CHARD Oui, monsieur le Pr�sident. Blaireau marmonne des propos incompr�hensibles, qui commence par � Le pr�sident... � et qui se terminent par un geste de la main en travers du cou, signifiant que l'accus� doit avoir la t�te tranch�e. A ces mots, Fl�chard a un sursaut dans son sommeil, et pousse un petit cri. Blaireau ouvre le couvercle de la table roulante. Gros plan sur la table roulante. Le couvercle bascule, d�couvrant la t�te souriante de Blaireau, reposant sur un lit de persil. BLAIREAU Je suis innocent. Cette r�plique est amplifi�e par un l�ger �cho. Blaireau cligne deux fois des yeux, puis le couvercle se referme sur lui. Retour au plan pr�c�dent. Le juge-Blaireau vient de refermer le couvercle de la table roulante et ricane. Fl�chard se retourne dans son lit. ARMAND FL�CHARD Oh non, oh non, oh non ! Le juge-Blaireau et la table roulante disparaissent. ARMAND FL�CHARD Arabella ! Blaireau appara�t, cette fois-ci d�guis�e en vieille paysanne, avec un fichu sur la t�te. BLAIREAU Voil�, voil� ! Blaireau se penche sur le lit et Fl�chard se retourne en g�missant. Fondu encha�n�. CH�TEAU DE CHAVILLE - VESTIBULE - INT�RIEUR JOUR Gros plan sur une bouteille de vin de Bourgogne, sur l'�tiquette de laquelle est inscrit : � Clos de Chaville - Montpaillard �. A c�t� un gros colis envelopp� de papier-cadeau, et sur lequel est coll�e une �tiquette portant l'inscription : � Secours aux D�tenus �. Zoom arri�re permettant de d�couvrir Arabella, qui met la bouteille de vin dans le colis. Puis elle referme le colis. Son p�re s'approche d'elle et ricane. L�ON DE CHAVILLE H�, qu'est-ce que pr�pares-tu l�, ma petite fille ? Arabella soul�ve le colis et se tourne vers son p�re. ARABELLA DE CHAVILLE Le colis de mon fianc�, papa. Elle s'�loigne dans la pi�ce. Le comte continue � ricaner, puis r�alise soudain de quoi il s'agit. L�ON DE CHAVILLE Quoi ? Plan de demi-ensemble de la pi�ce. Arabella marche tranquillement vers la sortie. Derri�re elle, le comte prend un vase sur un meuble et le jette par terre, o� il se brise. Arabella sursaute, se retourne lentement et donne le colis � son p�re, qui le prend. ARABELLA DE CHAVILLE Tiens, papa. Puis, tout aussi tranquillement, elle prend d�licatement, d'une main, l'autre vase, semblable au premier, et lui aussi pos� sur le meuble, et le laisse tomber par terre, o� il se brise. Puis elle reprend le colis des mains de son p�re. ARABELLA DE CHAVILLE Merci, papa. Elle s'�loigne et sort du champ. Le comte prend une pendule, pos�e sur une petite �tag�re au-dessus du meuble, va pour la jeter par terre, puis se ravise. L�ON DE CHAVILLE Non, non... Il la repose sur son �tag�re. L�ON DE CHAVILLE ... pas la pendule. Il fait deux pas dans la pi�ce. La pendule, en d�s�quilibre, tombe de l'�tag�re, rebondit sur le bord du meuble et s'�crase par terre. Le comte se retourne, et la pendule se met � sonner. LOGEMENT FL�CHARD - CHAMBRE � COUCHER - INT�RIEUR JOUR En continuit� avec la sonnerie de la pendule pr�c�dente, on entend sonner la pendule pos�e sur la chemin�e de la chambre. Plan moyen sur le lit d�fait. Panoramique sur la gauche. Fl�chard est assis devant la chemin�e, � califourchon sur une chaise, et il lit un gros livre appuy� sur le dossier de la chaise. Zoom avant sur le visage de Fl�chard. Il tourne la page de son livre, et le soul�ve, nous permettant de d�couvrir son titre : � Latude ou Trente-cinq Ans de Captivit� �. Puis il le repose sur le dossier de la chaise, et tourne une autre page. Il pousse un cri �touff�, et une expression d'effroi s'affiche sur son visage. Gros plan sur la page du livre que lit Fl�chard. Dans un cachot sinistre et sordide, le prisonnier Latude est assis sur une sorte de chaise de torture. Un collier de fer entoure son cou et est reli�, par une cha�ne, � un anneau fix� dans le mur derri�re la chaise. Ses mains sont menott�s et les menottes sont reli�s, par une cha�ne, � un autre anneau fix� dans le mur. Ses pieds aussi sont entrav�s et un poids est accroch� � l'entrave. Un autre poids pend de sa taille. A c�t� de lui, sur un bloc de pierre, sont pos�s une cruche et un quignon de pain. PRISON - CELLULE DE BLAIREAU - INT�RIEUR JOUR Plan rapproch� de Blaireau, assis sur son lit, et tr�s diff�rent du prisonnier Latude, que nous venons de voir dans le livre de Fl�chard. Blaireau est en train de boire un verre de vin, et dans son autre main, il tient une cuisse de poulet coinc�e entre l'annulaire et le majeur, et un cigare coinc� entre le majeur et l'index. Il repose le verre sur la table devant lui. Un zoom arri�re permet de d�couvrir cette table sur laquelle le chien est assis, et entour� par un assortiment impressionnant de victuailles : charcuterie, fruit, chocolat, piles de bo�tes de conserve, etc. Blaireau tire une bouff�e de son cigare, pose la cuisse de poulet sur la table, prend quelque chose dans son assiette et le tend � son chien. Puis il ramasse un morceau de bristol pos� � c�t� de l'assiette. Il lit ce qui y est inscrit BLAIREAU � Ne vous laissez pas abattre. Les secours aux d�tenus. � Il repose le bristol sur la table, et se met � chanter. BLAIREAU Les rendez-vous de noble compagnie... Il ramasse la bouteille de vin par terre. BLAIREAU ... se donnent tous en ce charmant s�jour... Il se ressert un verre. A sa voix, on comprend qu'il a d�j� pas mal bu. BLAIREAU ... Les rendez-vous de noble compagnie se donnent tous en ce charmant s�jour... Il repose la bouteille sur la table, et fait une petite mimique � son chien avant de boire. FONDU ENCHA�N� MONTPAILLARD - PLACE DE LA MAIRIE - EXT�RIEUR JOUR Plan rapproch� de Parju, assis sur les marches de l'un des escaliers qui m�nent au perron de la mairie. Il a l'air triste. La porte de la mairie s'ouvre derri�re lui. Zoom arri�re permettant de d�couvrir le maire qui sort de sa mairie. MONSIEUR DUBENO�T Alors, Parju... A la voix du maire, Parju se l�ve. MONSIEUR DUBENO�T ... quoi de neuf ? PARJU Rien, monsieur le maire. Plus rien. MONSIEUR DUBENO�T Vous avez l'air de vous ennuyer, vous, mon bon Parju. PARJU Un peu, monsieur le maire. Le maire tend le doigt vers lui. MONSIEUR DUBENO�T Ah ! Blaireau vous manque, hein ? Il ricane, lui donne une tape sur l'�paule, et descend les marches. Parju le regarde partir, pose le coude sur la rambarde, et appuie son visage sur sa main. Il soupire. MONTPAILLARD - PLACE DE L'�GLISE - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen du maire et de Guilloche se croisant sur la place devant l'�glise. Le maire s'arr�te et se retourne vers Guilloche, qui en fait autant. MONSIEUR DUBENO�T Alors, ma�tre Guilloche ? Fini, le Blaireau. MA�TRE GUILLOCHE Bravo, monsieur le maire. MONSIEUR DUBENO�T La ville n'a jamais �t� aussi calme. MA�TRE GUILLOCHE Un vrai banc de mollusques. MONSIEUR DUBENO�T Parfait, c'est comme �a que je l'aime. Ils se retournent ensemble et reprennent leurs chemins, chacun dans une direction oppos�e � l'autre. Fondu encha�n�. MONTPAILLARD - RESTAURANT - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen du restaurateur, debout devant l'entr�e de son �tablissement. Derri�re lui, son serveur, est assis sur les marches de l'escalier, son plateau � la main. Dubeno�t entre dans le champ par la droite, derri�re le dos du restaurateur. MONSIEUR DUBENO�T Alors, monsieur Letellier, comment vont les affaires ? Le restaurateur se tourne vers lui. LE RESTAURATEUR Calmes. Tr�s calmes. MONSIEUR DUBENO�T Parfait, parfait, parfait. Il s'�loigne et sort du champ par la gauche. Le restaurateur croise les bras et le regarde partir avec un regard noir. Un client, assis � une table � c�t� de l'escalier, l'appelle. LE CLIENT Chef ! LE RESTAURATEUR Ouais... Le restaurateur, les bras toujours crois�, s'approche lentement de la table. Plan moyen sur la table. Le client, un monsieur �l�gant, consulte la carte en souriant. A c�t� de lui, une jolie femme blonde est assise, et une femme brune est assise en face de lui. LE CLIENT Alors chef... Trois �crevisses � la nage. Le restaurateur est arriv� � c�t� de la table et se croise les mains dans le dos. Il lui r�pond sur un ton d�sabus�. LE RESTAURATEUR Plus d'�crevisse, monsieur. LE CLIENT Ah ?... Alors, terrine de li�vre pour tout le monde. Le client regarde ses deux compagnes avec un sourire enjou�. LE RESTAURATEUR Plus de li�vre, monsieur. Le client l�ve un regard interrogateur vers le restaurateur, et reprend sa lecture. LE CLIENT Ah ?... Il tape sur la carte, et affiche un sourire gourmand. LE CLIENT Oh !... Des b�casses flamb�es. LE RESTAURATEUR Plus de b�casses flamb�es, monsieur... Le client se tourne vers lui, avec un regard nettement inquiet. LE RESTAURATEUR ... plus rien... plus rien depuis huit jours, depuis que... Il fait un signe de la main vers une destination ind�finissable, puis un autre signe de la main, qui signifie que l'on a ferm� un verrou � clef. PRISON - CELLULE DE BLAIREAU - INT�RIEUR JOUR Plan rapproch� de Blaireau, assis contre la porte de sa cellule et fumant son cigare. On frappe � la porte. Blaireau tourne la t�te. BLAIREAU Oui ? Il ouvre le petit volet fix� sur la porte. Le visage souriant de Bluette appara�t derri�re les barreaux. Blaireau semble ravi. BLAIREAU Oh !... Monsieur Bluette. MONSIEUR BLUETTE Je ne vous d�range pas ? BLAIREAU Oh non. Attendez... Il fouille dans la poche int�rieure de sa veste, et en sort un cigare. BLAIREAU Tenez, un petit cigare. MONSIEUR BLUETTE Volontiers. Il prend le cigare, le regarde, et fait une petite mimique admirative. MONSIEUR BLUETTE Oh !... Dites-moi, Blaireau, on vous soigne. BLAIREAU Ben, dites, c'est bien normal, je suis innocent. MONSIEUR BLUETTE Allons, allons, allons, allons... parlons de choses s�rieuses. Dites-moi, hein ? Bluette prend les barreaux de la lucarne � deux mains MONSIEUR BLUETTE Que faisiez-vous avant votre condamnation ? Blaireau a un petit sourire narquois. BLAIREAU Je bricolais. MONSIEUR BLUETTE Ah ? Et bien, parfait, vous continuerez. Dans une prison, il y a toujours de quoi occuper un homme qui bricole. Il ouvre la porte MONSIEUR BLUETTE Suivez-moi, Blaireau, allons, venez. Blaireau sort de sa cellule. PRISON - JARDIN - EXT�RIEUR JOUR Plan en enfilade d'une all�e du jardin. D'un c�t�, un mur couvert de plantes grimpantes. De l'autre, de grandes plantations. Un d�tenu se faufile entre les plantations, un arrosoir � la main. Un autre ratisse l'all�e. Un troisi�me arrive du fond de l'all�e, portant deux cloches � citrouille. Zoom avant sur ce dernier d�tenu. Bluette entre par une porte dans le mur. LE D�TENU AUX CLOCHES Bonjour, monsieur le directeur. L'autre d�tenu salue Bluette. Blaireau entre par la porte dans le mur. MONSIEUR BLUETTE Bonjour, mes enfants. LE D�TENU AU RATEAU Bonjour, monsieur le directeur. Bluette fait signe � Blaireau de le suivre vers l'int�rieur du jardin. La cam�ra les suit. MONSIEUR BLUETTE Venez, mon bon Blaireau. Ils arrivent sur un petit pont de bois. Bluette s'arr�te sur le pont, et s'appuie des deux mains sur la rambarde. MONSIEUR BLUETTE Alors, hein ? Blaireau ricane et se penche par-dessus la rambarde du pont. Plan rapproch� de Bluette et Blaireau, vus de dos, avec la petite rivi�re en contrebas. Blaireau se redresse et se tourne vers Bluette. BLAIREAU Monsieur Bluette, vous aimez les �crevisses ? Bluette rit. MONSIEUR BLUETTE Oh ! Oh-oh-oh ! Si je les aime ? BLAIREAU Je bricole ? MONSIEUR BLUETTE Bricolez, mon ami, bricolez. Blaireau se retrousse les manches. FONDU ENCHA�N� PRISON - R�FECTOIRE - INT�RIEUR JOUR Gros plan d'un plat d�bordant d'�crevisses, tr�nant au milieu de la table. Autour du plat, les assiettes et les gobelets m�talliques des d�tenus. On entend les d�tenus frapper avec leurs cuill�res sur leurs assiettes. Des mains se tendent et ramassent le plat d'�crevisses. Zoom arri�re montrant les d�tenus qui se servent � pleines mains dans le plat. En bout de table, Blaireau agite les bras, heureux de faire plaisir � ses co-d�tenus. Le d�tenu chanteur arrive pr�s de la table et se sert dans le plat, puis vient s'assoir � sa place, en bout de table en face de Blaireau. Dans le fond de la pi�ce, on voit Victor, le gardien- chef, qui descend l'escalier, un colis dans les bras. BLAIREAU H�, et moi ? Victor s'approche de Blaireau. VICTOR Blaireau ! Blaireau se retourne BLAIREAU Hein ? Victor lui tend le colis. VICTOR Et ben, c'est pour toi. Plan moyen sur Blaireau qui prend le colis en riant. BLAIREAU Encore ? Il �clate de rire. BLAIREAU Un par jour ? Le d�tenu, voisin de Blaireau, tape sur le colis. Il s'agit du d�tenu (mauvais) p�dicure, que nous avons d�j� vu pr�c�demment D�TENU P�DICURE Le secours au d�tenus fait bien les choses. On entend sonner le cloche de la porte d'entr�e. VICTOR Oh, y a plus moyen, alors ! Il sort du r�fectoire. Blaireau prend la carte coll�e sur le colis. BLAIREAU � L'�toile... � Quoi ? � L'�toile au ver de terre � ? Il ricane, puis sent la carte. Il ferme les yeux. BLAIREAU Hmmm !... Il la fait sentir au d�tenu p�dicure. Celui-ci affiche un large sourire. D�TENU P�DICURE Oh !... Le d�tenu, assis de l'autre c�t� de Blaireau, se penche vers la carte. Blaireau range la carte dans sa poche, et regarde le d�tenu d'un air froid. BLAIREAU Non. PRISON - COUR D'ENTR�E - EXT�RIEUR JOUR Plan rapproch� sur Victor, qui ouvre la porte de la prison. Fl�chard appara�t, un colis � la main. Il propulse le colis dans les mains de Victor. ARMAND FL�CHARD Pour monsieur Blaireau. Il se retourne et se sauve en courant. Victor regarde le colis. VICTOR Et ben ! Il referme la porte. PRISON - R�FECTOIRE - INT�RIEUR JOUR Plan de demi-ensemble de la table du r�fectoire, avec Blaireau, en bout de table, qui sort les victuailles du colis, salu� par un � Oh ! � g�n�ral. Il tend les bo�tes � son voisin de table, puis sort un autre paquet, qu'il jette � un d�tenu, toujours sous les � Oh ! � d'admiration de la table. Il sort une bouteille de vin, et le � Oh ! � est encore plus admiratif ! Derri�re Blaierau, on voit Victor, qui descend l'escalier, tenant le colis de Fl�chard dans les mains. Blaireau sort un sachet du colis. Victor s'approche de Blaireau. VICTOR Blaireau ! Blaireau se retourne. BLAIREAU Hein ? VICTOR Encore un paquet pour toi. BLAIREAU Deux par jour ? Il prend le colis et �clate de rire en compagnie de tous les d�tenus qui rient avec lui. Blaireau lit l'inscription sur le colis. BLAIREAU � Protection de l'innocence �. Et bien, vous voyez bien que je suis innocent ? Tous les d�tenus �clatent de rire. Contrechamp. A l'autre extr�mit� de la table, le d�tenu chanteur se l�ve. D�TENU CHANTEUR Et bien, tu sais, nous aussi. Ils �clatent tous de rire. Puis, d'un seul coup, le d�tenu chanteur redevient s�rieux et croise les bras en regardant Blaireau. D�TENU CHANTEUR Oh la la ! Tous les d�tenus tournent la t�te vers Blaireau et pousse un � Oh ! � de surprise. Le d�tenu siffleur se met � siffler, imit� par d'autres d�tenus. Contrechamp sur Blaireau, qui vient d'extraire du colis une superbe robe de chambre en soie. Blaireau se l�ve, et se met debout sur sa chaise avec le v�tement plaqu� contre lui, sous les sifflets des d�tenus. UN D�TENU Et ben, dis donc. UN AUTRE D�TENU Ouh la la ! FONDU ENCHA�N� PRISON - CELLULE DE BLAIREAU - INT�RIEUR JOUR Plan moyen de la cellule. Le d�tenu p�dicure est assis sur une chaise avec le chien sur les genoux. Blaireau, portant la belle robe de chambre offerte par Fl�chard, marche de long en large dans la cellule. D�TENU P�DICURE Dis-y, dis-y, que je te dis. BLAIREAU Non. D�TENU P�DICURE C'est un pote, le p�re Bluette. BLAIREAU Non, je ne peux pas lui demander �a. D�TENU P�DICURE Il l'a fait pour un gars qui �tait � la communion de sa fille. Zoom arri�re. On s'aper�oit que la cam�ra est situ�e derri�re la lucarne de visite, m�nag�e dans la porte de la cellule. PRISON - UN COULOIR - INT�RIEUR JOUR Le zoom arri�re se termine en plan rapproch� sur Bluette, qui �coutait la conversation derri�re la porte de la cellule de Blaireau. MONSIEUR BLUETTE Mais qu'est-ce qu'il se passe, mon bon Blaireau ? D�TENU P�DICURE Dis-y, allez ! Il se l�ve et Blaireau se dirige vers la porte. BLAIREAU Monsieur Bluette, euh... ce soir, c'est la nouvelle lune. MONSIEUR BLUETTE Alors ? BLAIREAU Alors, j'ai trois cents collets de pos�s, et, avec ce temps-l�, ce serait du g�teau. MONSIEUR BLUETTE Oh-oh, oh !... Je vous vois venir, vous. Non, Blaireau... non ! Il s'adosse � la porte, les bras crois�s. Blaireau se met � g�mir doucement, et fait une mimique de petit gar�on qui essaie d'adoucir sa m�re pour obtenir une faveur. FONDU ENCHA�N� PRISON - COUR D'ENTR�E - EXT�RIEUR NUIT Plan moyen sur Blaireau et Bluette, debout derri�re la porte d'entr�e de la prison. Blaireau est en train de finir de s'habiller. MONSIEUR BLUETTE Mais vous serez rentr� � minuit, hein ? C'est jur� ? Blaireau jette un regard rapide autour de lui, puis revient vers Bluette. BLAIREAU Monsieur Bluette, c'est jur�. Bluette met un doigt sur ses l�vres, jette un regard aux alentours, puis ouvre la porte pour laisser sortir Blaireau. Alors que Blaireau est d�j� dehors, il le rattrape par le bras. MONSIEUR BLUETTE Blaireau... Blaireau... Vous voulez pas m'emmener avec vous ? BLAIREAU Mais... Mais, monsieur Bluette, soyons s�rieux ! Bluette ricane b�tement et se frotte les mains. MONSIEUR BLUETTE �a me ferait tellement plaisir. Blaireau jette un autre regard autour de lui. BLAIREAU Je ne devrais pas... Il fait signe qu'il accepte et sort. Bluette sort derri�re lui et claque la porte. Rapide fondu au noir MONTPAILLARD - FOR�T - EXT�RIEUR NUIT Plan de demi-ensemble dans la for�t. En premier plan, deux gros arbres. Derri�re les arbres, on distingue les silhouettes de Bluette et Blaireau. Blaireau, avec Bluette qui le suit, s'approche et passe entre les deux arbres, puis il se penche et ramasse un li�vre en chuchotant : BLAIREAU Regardez. Bluette s'exclame � haute voix : MONSIEUR BLUETTE Oh, oh... C'est merveilleux. Ils se rel�vent tous les deux, et on s'aper�oit que Bluette tient d�j� un li�vre dans chaque main. Blaireau lui fait signe de se taire. BLAIREAU Chut !... Chut ! Il lui donne une tape sur le bras. Bluette met un doigt sur ses l�vres. Blaireau s'�loigne doucement en observant la for�t alentour. Puis il d�signe une direction du doigt BLAIREAU L� ! Plan de demi-ensemble sur une autre section de la for�t. Au premier plan, deux arbres. La t�te de Blaireau sort de derri�re un arbre. Il fait un signe et la t�te de Bluette sort de derri�re l'autre arbre. Encore une fois, il ne peut se retenir de parler � haute voix. MONSIEUR BLUETTE Oh !... Blaireau lui fait signe, de la main, de fermer sa bouche. Gros plan sur un faisan qui entre dans un pi�ge, form� par une cage rudimentaire sans fond, et maintenue en position semi-lev�e par un petit b�ton. Une ficelle est attach�e au b�ton. Contrechamp sur les deux arbres, derri�re lesquels Bluette et Blaireau sont cach�s. Blaireau mime, en chuchotant, la suite de l'action. Puis il ramasse l'extr�mit� de la ficelle reli�e au b�ton, et la tend � Bluette. Plan de demi-ensemble, avec le pi�ge en premier plan, et, en arri�re-plan, les deux arbres derri�re lesquels Bluette et Blaireau sont cach�s. Bluette tire un coup sec sur la ficelle, le b�ton tombe, le pi�ge aussi, et le faisan se retrouve enferm�. Blaireau s'approche en ricanant, suivi de Bluette. Il plonge la main dans l'ouverture m�nag�e au sommet du pi�ge, pour attraper le faisan. MONSIEUR BLUETTE Oh, la belle b�te. De nouveau il a parl� un peu fort et Blaireau lui fait signe de se taire, en lui donnant des tapes. BLAIREAU Chut ! Plan en enfilade d'un chemin, sur lequel marche Parju, se dirigeant vers la cam�ra. Au premier plan, une pancarte indique � Chasse Gard�e �. Parju donne un coup de pied d�sabus� dans un morceau de bois qui tra�ne par terre. Il s'arr�te en entendant une VOIX MONSIEUR BLUETTE (voix off) Oh !... Oh !... C'est merveilleux. BLAIREAU (voix off) Chut ! Parju �carquille les yeux. Plan de demi-ensemble d'un section un peu clairsem�e de la for�t. Au milieu des arbres, on distingue les silhouettes de Blaireau et Bluette, leur gibier dans les mains. Zoom avant sur les deux hommes, qui improvisent une danse au milieu des arbres, en agitant leur gibier. Retour sur Parju, qui a toujours les yeux �carquill�s. Il referme ses paupi�res et se cache les yeux avec la main. Il marque un temps, puis �carte deux doigts et entr'ouvre un oeil. Retour sur l'endroit o� Bluette et Blaireau �taient en train de danser quelques secondes auparavant. Il n'y a plus personne. Un zoom arri�re permet de constater que toute la for�t alentour est vide. Retour sur Parju, qui affiche une expression de malaise flagrant. PARJU Oh !... Il se masse le ventre. PARJU Oh !... �a va plus... �a va plus du tout. Il se retourne pour repartir dans la direction d'o� il �tait arriv�. PARJU Oh !... Il s'�loigne en titubant. FONDU ENCHA�N� LOGEMENT DE PARJU - CHAMBRE � COUCHER - INT�RIEUR NUIT Plan moyen de Parju couch� dans son lit, avec une bouillotte sur le cr�ne et un thermom�tre dans la bouche. Il tient un bol dans les mains. Il retire le thermom�tre de sa bouche et touille le contenu de son bol avec. PARJU J'ai des visions. Zoom avant sur Parju. Il sort le thermom�tre du bol et le regarde. Il �carquille les yeux et affiche une mimique effray�e en voyant le chiffre sur le thermom�tre. PARJU Quarante-six ! MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen de la place devant la prison. Blaireau et Bluette marchent vers la prison, portant leur gibier. La cam�ra les suit jusqu'� la porte de la prison. Bluette donne une partie de son gibier � Blaireau, pour pouvoir se lib�rer une main et prendre la clef dans sa poche. Bluette montre le gibier et ricane doucement. BLAIREAU Chut ! Bluette met un doigt sur ses l�vres, et fouille dans la poche de son pantalon. Il passe le faisan, qu'il tient toujours d'une main, dans l'autre main pour fouiller dans l'autre poche. Puis il tapote sur toutes les poches de sa veste. MONSIEUR BLUETTE Tiens... �a alors ! BLAIREAU Vous n'allez pas me dire que ?... MONSIEUR BLUETTE Si. BLAIREAU Oh, non-non-non, monsieur Bluette, non, non-non-non ! MONSIEUR BLUETTE Chut !... Il fait signe � Blaireau de se taire, car il vient d'apercevoir quelqu'un. Il pousse Blaireau � s'accroupir dans un coin sombre de l'encoignure du porche de la prison, et se positionne devant lui. On entend siffler. Bluette cache le faisan derri�re son dos. Gros plan sur le visage de Blaireau, accroupi et cach� derri�re Bluette, et qui, malheureusement, a la queue du faisan, tenu par Bluette, qui lui arrive juste au niveau du nez. Plan moyen sur le maire, qui arrive en sifflotant, les mains dans les poches. Il s'arr�te en voyant Bluette. MONSIEUR DUBENO�T Tiens, bonsoir, Bluette. Il lui tend la main. Bluette serre la main tendue. MONSIEUR BLUETTE Bonsoir, monsieur le maire. MONSIEUR DUBENO�T Alors ? J'esp�re que vous l'avez mat�, ce sacr� Blaireau, l�, hein ? MONSIEUR BLUETTE Oh la la... Pensez si je... Gros plan sur le visage de Blaireau, dont la plume du faisan chatouille toujours le nez. Blaireau se tortille des narines pour essayer de ne pas �ternuer. MONSIEUR DUBENO�T (voix off) Ne l'oubliez jamais que la tranquillit� de Montpaillard est entre vos mains. Retour sur Bluette et le maire. MONSIEUR BLUETTE Oh la la... Monsieur le maire, vous me connaissez hein ? Il montre sa main au maire. MONSIEUR BLUETTE Une main de... dans un gant de... MONSIEUR DUBENO�T Exactement. Il ne s'agit pas de traiter ce gaillard-l� en passager de premi�re classe. Le maire ricane de sa propre boutade. MONSIEUR BLUETTE Oh la !... Oh la la... Pensez que je lui m�ne la vie dure. Gros plan sur le visage de Blaireau, qui essaie toujours de s'emp�cher d'�ternuer. MONSIEUR DUBENO�T (voix off) Bonsoir, Bluette. MONSIEUR BLUETTE (voix off) Au revoir, monsieur le maire. Blaireau �ternue. Retour sur Bluette et le maire. Le maire s'�loigne de Bluette, et entendant l'�ternuement, se retourne. MONSIEUR DUBENO�T A vos souhaits. Bluette porte la main � son nez. Le maire rit. MONSIEUR BLUETTE Merci, monsieur le maire. Le maire s'�loigne. Blaireau sort de sa cachette. Bluette soupire. BLAIREAU Bon, c'est pas le tout, il faut rentrer. MONSIEUR BLUETTE Oui, allons-y. Blaireau donne une partie de son gibier � Bluette. De leurs mains libres, ils se mettent tous les deux � frapper sur la porte. Plan moyen rapide sur l'extr�mit� de la place, o� l'on voit appara�tre Victor. Retour sur Bluette et Blaireau, devant la porte de la prison. BLAIREAU CHUCHOTE BLAIREAU Attention ! MONSIEUR BLUETTE Qu'est-ce que c'est ? Bluette et Blaireau se cachent dans l'encoignure du porche. Plan moyen sur Victor debout pr�s du mur de la prison. Il fait un signe � quelqu'un et l'on voit appara�tre un d�tenu, qui vient se ranger le long du mur � c�t� de Victor. Puis un autre d�tenu appara�t, puis un autre... en fait l'ensemble des d�tenus de la prison de Montpaillard, qui se rangent le long du mur derri�re Victor. Avec d'infinies pr�cautions, il marchent vers la porte de la prison. Victor regarde les d�tenus et met un doigt sur ses l�vres. La cam�ra suit Victor jusqu'� la porte de la prison. Il passe devant Bluette cach� sans le voir, pas plus d'ailleurs que les d�tenus, qui ne songent qu'� regarder vers la rue, et non pas vers l'encoignure du porche. Apr�s le passage du deuxi�me d�tenu, Bluette sort de sa cachette. MONSIEUR BLUETTE Et bien, Victor ? Les d�tenus sursautent. Plan rapproch� sur Victor devant la porte de la prison, entour� de deux d�tenus. La stupeur s'affiche sur son visage. VICTOR Monsieur le directeur ! Il porte la main � sa casquette pour saluer. VICTOR Bonsoir, monsieur le directeur. Bluette s'approche de lui. MONSIEUR BLUETTE Mais qu'est-ce que �a signifie ? VICTOR Je me suis permis de les emmener au cin�ma. MONSIEUR BLUETTE Mais... Mais... vous �tes fou ? VICTOR Ah mais on est rentr� dans le noir. MONSIEUR BLUETTE Ah bon ! Oui, bon... Enfin, c'est pas tout �a... Ouvrez- nous. VICTOR Mais oui, monsieur le directeur. Victor fouille dans la poche de sa veste. Puis il tapote sur toutes les autres poches de sa veste. VICTOR Et ben, �a alors... MONSIEUR BLUETTE Co... Vous n'allez pas me dire que... VICTOR Si. Il hoche la t�te. MONSIEUR BLUETTE Ah non ! Ah non ! Non... Par acquit de conscience, Victor t�te une nouvelle fois toutes ses poches. VICTOR Heureusement que vous avez la v�tre, monsieur le directeur. Bluette tourne la t�te et soupire. MONSIEUR BLUETTE Et bien, justement, euh... Le d�tenu p�dicure s'approche d'eux en souriant. D�TENU P�DICURE Vous permettez ? Il d�plie son couteau, puis se penche vers la porte. MONSIEUR BLUETTE Eh ?... On entend un l�ger d�clic et le d�tenu ouvre la porte. Il regarde le directeur avec un large sourire sur les l�vres. Bluette lui envoie un baiser avec la main. MONSIEUR BLUETTE Bravo ! Le d�tenu prend une posture de modestie. D�TENU P�DICURE Oh... c'est du bricolage. Bluette fait signe aux d�tenus d'entrer en prison, Blaireau le premier. Victor en fait de m�me. MONSIEUR BLUETTE Allez... allez... Les derniers d�tenus entrent dans la prison. Bluette sourit et tape sur l'�paule de Victor MONSIEUR BLUETTE Dites-moi... Qu'est-ce que vous avez vu au cin�ma ? VICTOR Ars�ne Lupin. Pensez s'ils �taient contents. Bluette rit, change son gibier de main et pousse Victor vers l'entr�e de la prison. Fondu au noir. LOGEMENT DE PARJU - CHAMBRE � COUCHER - INT�RIEUR JOUR Plan moyen de Parju assis, en pyjama, dans son lit. Le docteur, st�thoscope autour du cou, est debout � c�t� du lit. Parju a la bouche ouverte, et le docteur lui donne une tape sur le menton. Parju ferme la bouche. LE DOCTEUR Oh, mais �a va beaucoup mieux. Il �te le st�thoscope de son cou. LE DOCTEUR Voyez, je vous l'avais bien dit : trois semaines de di�te. Parju se masse le ventre. PARJU Je mangerai bien un morceau, docteur. LE DOCTEUR Ah ben, de la viande rouge. Maintenant il faut vous fortifier. Blaireau sort de prison demain. Il range son st�thoscope dans sa sacoche. PARJU Blaireau ? Le m�decin ricane. LE DOCTEUR Oh, si �a peut vous consoler, il est aussi malade que vous. PRISON - CELLULE DE BLAIREAU - INT�RIEUR JOUR Plan moyen de Blaireau et du d�tenu p�dicure, assis sur le lit de Blaireau. Autour d'eux, sur la table, sur toutes les �tag�res, partout, des victuailles sont empil�es. Le p�dicure se tient le ventre. Il ne semble pas se sentir tr�s bien. D�TENU P�DICURE Comment �a va, Blaireau ? BLAIREAU Off !.. Oh, le foie... Blaireau semble, lui aussi, ne pas �tre en tr�s bonne forme. Il fait un grand geste des deux mains pour d�crire la taille de son foie. BLAIREAU ... �norme ! D�TENU P�DICURE Moi, c'est... Il a un hoquet, et se tapote sur le ventre D�TENU P�DICURE ... l'estomac. BLAIREAU Ah !... Heureusement que je sors demain. Ils se l�vent tous les deux pour se trouver � nez � nez � avec les jambons et les saucissons qui pendent du plafond. BLAIREAU Oh non... oh non... oh non !... Le p�dicure sort de la cellule en se tenant le ventre. MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR Travelling arri�re sur la moto d'Arabella, qui roule au milieu de la rue. Arabella est souriante et ne porte pas de casque. Un colis est pos� sur le guidon de sa moto. Une autre rue voisine de la premi�re. Travelling arri�re sur le Solex de Fl�chard, qui roule au milieu de la rue, avec, lui aussi, un colis pos� sur son guidon. Plan d'ensemble du croisement des deux rues. La rue d'Arabella est en pente vers le croisement, la rue de Fl�chard en mont�e vers le croisement. Dans les deux rues, on voit arriver les deux v�hicules, qui se rencontrent sur le croisement. On entend des crissements de pneus et les deux v�hicules se percutent. Zoom avant rapide et gros plan sur la pancarte fix�e sur un poteau juste derri�re eux. Il y est inscrit : � Les Freins peuvent l�cher, l'Assurance Tient �. On entend chuter les deux protagonistes. Plan moyen sur Arabella et Fl�chard, assis au milieu de la rue, avec leur deux-roues couch�s sur la chauss�e. Dans la chute, le colis d'Arabella s'est ouvert, laissant �chapper des pommes, une bouteille et des bo�tes de conserve. En voulant se relever ensemble, les deux jeunes gens se cognent la t�te. Toujours assis par terre donc, Fl�chard regarde le colis ouvert d'Arabella, et Arabella l'�tiquette sur le colis de Fl�chnard. Ils tournent la t�te l'un vers l'autre. Fl�chard pointe le doigt vers Arabella. ARMAND FL�CHARD & ARABELLA DE CHAVILLE (ensemble) Vous envoyez des colis � Blaireau ? ARMAND FL�CHARD Pourquoi ? Ils se rel�vent tous les deux ensemble. ARABELLA DE CHAVILLE C'est mon secret. Fl�chard lui prend le bras. ARMAND FL�CHARD Arabella, je veux la v�rit�. ARABELLA DE CHAVILLE Vous �tes ivre, monsieur Fl�chard. Elle se lib�re de son emprise, s'�loigne de lui et sort du champ. ARMAND FL�CHARD Mais... mais... Arabella... Mademoiselle ! Mais enfin, je... mais... On entend la moto d'Arabella qui red�marre. Plan en enfilade de la rue, dans laquelle Arabella vient de s'engager, avec la place dans le fond. Arabella a enfourch� sa moto, et Fl�chard est toujours debout devant son Solex couch� par terre. Arabella d�marre et vient vers la cam�ra, pendant que Fl�chard ramasse son Solex. Les deux colis, eux, sont rest�s par terre au milieu de la place. Arabella arrive au niveau de la cam�ra et sort du champ, pendant que Fl�chard red�marre de la place, et se lance � la poursuite d'Arabella. Plan d'ensemble d'une autre rue. Au premier plan, deux enfants jouent avec une fontaine publique. Au bout de la rue, en arri�re- plan, on voit Arabella et Fl�chard arriver vers nous c�te � c�te. Fl�chard crie pour se faire entendre au-dessus du bruit des moteurs. ARMAND FL�CHARD Et Blaireau a accept� vos colis ? ARABELLA DE CHAVILLE Oui, pourquoi ? Avec le bruit des moteurs, on n'arrive pas � comprendre la suite de la conversation. Panoramique sur les deux v�hicules qui se rapprochent. Un homme s'appr�te � traverser la rue, mais, pris par leur discussion anim�e, les deux jeunes gens ne ralentissent m�me pas. Le panoramique s'arr�te sur l'homme qui se recule l�g�rement pour �viter de se faire rouler dessus. Les v�hicules sortent du champ. L'HOMME Assassins ! Assassins ! Travelling arri�re sur les deux jeunes gens qui roulent c�te � c�te au milieu de la rue. Fl�chard p�dale vigoureusement pour rester � la hauteur d'Arabella. ARMAND FL�CHARD Blaireau est une canaille, mais il est innocent. ARABELLA DE CHAVILLE C'est faux. ARMAND FL�CHARD C'est moi qui ai ross� Parju ! ARABELLA DE CHAVILLE Vous ? Allons donc ! Fl�chard sort la plaque de Parju de sa poche, et la montre � Arabella. ARMAND FL�CHARD Tenez, la preuve ! Arabella regarde la plaque, puis d�tourne la t�te. Fl�chard remet la plaque dans sa poche. ARABELLA DE CHAVILLE Je ne vous crois pas. ARMAND FL�CHARD N'emp�che... L'homme qui vous aime dans l'ombre. Arabella jette des regards furtifs et furieux � Fl�chard. ARABELLA DE CHAVILLE Vous avez lu mes lettres. Fl�chard se tape sur la poitrine. ARMAND FL�CHARD C'est moi qui les ai �crites. ARABELLA DE CHAVILLE Mais c'est vous ? ARMAND FL�CHARD Oui. ARABELLA DE CHAVILLE Mais pourquoi ? ARMAND FL�CHARD Mais parce que je vous aime ! Il joint les deux mains sur sa poitrine, puis reprend vite son guidon pour ne pas tomber. ARABELLA DE CHAVILLE Comment ? ARMAND FL�CHARD Je vous aime ! ARABELLA DE CHAVILLE Quoi ? ARMAND FL�CHARD Je vous aime ! MONTPAILLARD - PLACE DE LA MAIRIE - EXT�RIEUR JOUR Vue a�rienne de la place de la mairie, sur laquelle on voit arriver les deux jeunes gens. Arabella s'arr�te, Fl�chard aussi, mais Arabella n'arr�te pas son moteur, qui est tr�s bruyant et couvre la voix de Fl�chard. ARMAND FL�CHARD Je vous aime ! Un boucher � bicyclette s'approchent d'eux. Arabella arr�te enfin son moteur, alors que plusieurs badauds se rapprochent du couple. Et dans le silence qui suit l'arr�t du moteur, Fl�chard crie : ARMAND FL�CHARD Je vous aime ! Plan rapproch� sur les deux jeunes gens debout sur leur deux-roues au milieu de la place, avec, en arri�re-plan, des badauds qui les entourent et les regardent. ARABELLA DE CHAVILLE Vous avez fait �a ? Vous ? Fl�chard baisse la t�te et sourit. ARMAND FL�CHARD Oui. Arabella lui sourit avec tendresse. Plan moyen sur l'entr�e de la mairie. Le maire descend les marches du perron et fait quelques pas vers deux femmes qui regardent le couple en souriant. MONSIEUR DUBENO�T Qu'est-ce qu'il a fait ? Contrechamp sur l'autre c�t� de la place, o� d'autres badauds souriants observent le couple, dont le boucher appuy� sur sa bicyclette. Guilloche s'approche du couple en souriant, et les salue. Plan moyen sur le couple. Fl�chard baise la main d'Arabella. ARABELLA DE CHAVILLE Oh Armand, c'est merveilleux. ARMAND FL�CHARD Oh oui, Arabella. ARABELLA DE CHAVILLE Vous allez �tre mis en prison ? ARMAND FL�CHARD Oui... Il cesse de sourire et la regarde avec plus d'attention. ARMAND FL�CHARD Comment donc ? ARABELLA DE CHAVILLE Moi qui vous trouvais fade, idiot, insignifiant. Mais si vous allez en prison, je vais devenir folle de vous. Fl�chard se redresse. ARMAND FL�CHARD En prison ? Il lui l�che la main et s'�loigne de deux pas. ARMAND FL�CHARD Mais j'y vais. Arabella le retient par le bras. ARABELLA DE CHAVILLE Vous feriez �a pour moi ? ARMAND FL�CHARD Oui, Arabella. ARABELLA DE CHAVILLE Tout de suite ? ARMAND FL�CHARD J'y vais. Il s'�loigne � grandes enjamb�es. ARMAND FL�CHARD J'y vais ! Le maire court apr�s lui, suivi par Guilloche. MONSIEUR DUBENO�T Fl�chard ! Fl�chard ! MONTPAILLARD - PLACE DE L'�GLISE - EXT�RIEUR JOUR Plan de demi-ensemble de la place de l'�glise. Le maire rattrape Fl�chard et lui prend le bras, mais Fl�chard continue � marcher. Le maire le suit tout en lui parlant. Derri�re eux, on voit Guilloche qui marche � grands pas pour les rejoindre. MONSIEUR DUBENO�T O� allez-vous ? ARMAND FL�CHARD Chez le Procureur de la R�publique avouer mon crime. MONSIEUR DUBENO�T Il n'y a pas de crime � Montpaillard ! ARMAND FL�CHARD C'est moi qui ai ross� Parju, Blaireau est innocent. Il sort la plaque de Parju de sa poche, et la montre au maire. MONSIEUR DUBENO�T Qu'est-ce que vous chantez ? ARMAND FL�CHARD �a ne sera pas, monsieur le maire. J'expie. Il s'�loigne et sort du champ. Le maire s'est arr�t� de marcher. Guilloche le rejoint. MA�TRE GUILLOCHE Mais... c'est une erreur judiciaire. MONSIEUR DUBENO�T Non ! Pas d'erreur judiciaire � Montpaillard. MA�TRE GUILLOCHE C'est un �pouvantable scandale. MONSIEUR DUBENO�T Il n'y a pas de scandale � Montpaillard ! MA�TRE GUILLOCHE Et bien, il va y en avoir un, moi, je vous le garantis. PALAIS DE JUSTICE - BUREAU DU PROCUREUR - INT�RIEUR JOUR Plan rapproch� du procureur, assis derri�re son bureau. LE PROCUREUR Non, non, non, non-non, non-non, non-non... Il frappe sur son bureau. LE PROCUREUR ... on ne vient pas faire des aveux juste au moment des vacances. Contrechamp et plan rapproch�, en l�g�re contre-plong�e, sur Fl�chard, debout devant le bureau. ARMAND FL�CHARD Monsieur le Procureur, le remords ne choisit pas son jour. Plan moyen sur les deux hommes, vu de c�t�, avec la fen�tre entr'ouverte derri�re eux. Le procureur hoche la t�te. LE PROCUREUR Le remords ?... Et retarder mon d�part en vacances, �a ne vous en donne pas, de remords ? Vous, la sant� de mes enfants vous importe peu. ARMAND FL�CHARD Quand dois-je me rendre en prison ? LE PROCUREUR Parce que vous voulez aller aussi en prison ? C'est un monde ! ARMAND FL�CHARD Je veux coucher en prison ce soir. LE PROCUREUR Non, monsieur, vous ne coucherez pas en prison ce soir- m�me. Il ramasse un dossier sur son bureau, et le met dans un tiroir, qu'il referme d'un geste sec. ARMAND FL�CHARD Bon, ben... alors quand ? Plan rapproch� sur le procureur. LE PROCUREUR On vous �crira. CH�TEAU DE CHAVILLE - VESTIBULE - INT�RIEUR JOUR Gros plan sur un colis, avec une �tiquette, sur laquelle est inscrit : � Pour Armand Fl�chard �. A c�t� du colis, une bouteille de � Clos de Chaville - Montpaillard �. On voit la main d'Arabella qui prend la bouteille. Zoom arri�re sur Arabella qui met la bouteille dans le colis. Son p�re s'approche d'elle. L�ON DE CHAVILLE Mais... pour qui, ce colis ? ARABELLA DE CHAVILLE Pour mon fianc�. L�ON DE CHAVILLE Mais il sort de prison ! ARABELLA DE CHAVILLE Mais non, il y entre. L�ON DE CHAVILLE Il... il y entre ? Mais... qui ? ARABELLA DE CHAVILLE Mais mon nouveau fianc�, papa. Arabella prend son colis et s'�loigne. L�ON DE CHAVILLE Oh !... Non, non, non, non, non, non ! Il donne un grand coup de poing sur la table. PRISON - BUREAU DU DIRECTEUR - INT�RIEUR JOUR Plan moyen sur le bureau, derri�re lequel Bluette est assis. Blaireau est debout � c�t� du bureau, son baluchon � la main, et est en train de signer sur un grand registre ouvert sur le bureau BLAIREAU L� ! Il tend le stylo � Bluette, qui le prend. MONSIEUR BLUETTE Voil�. Il se l�ve. BLAIREAU Alors �a y est, je suis libre ? MONSIEUR BLUETTE Oui. Il lui tend la main. MONSIEUR BLUETTE Au revoir, mon vieux Blaireau. Il lui tape sur le bras, puis le guide hors du bureau. MONSIEUR BLUETTE Donnez-moi de vos nouvelles, hein ? Blaireau se retourne BLAIREAU Je vous apporterai du gibier. MONSIEUR BLUETTE Allons, voyons ! BLAIREAU Il ne vous co�tera pas cher, et � moi non plus. Il ricane, imit� par Bluette. MONSIEUR BLUETTE Vous allez donc toujours l'intention de braconner ? Ils sont presque arriv�s � la porte, et Blaireau se retourne de nouveau. BLAIREAU Ah, ben, que voulez-vous, tout le monde ne peut pas �tre fonctionnaire, monsieur le directeur. A la revoyure, monsieur Bluette. Ils se serrent de nouveau la main. Bluette ouvre la porte. MONSIEUR BLUETTE Allez, au revoir, Blaireau. BLAIREAU Allez. Il sort en chantonnant. Bluette referme la porte derri�re lui, et revient vers son bureau, en chantonnant lui aussi. Il referme le registre en ricanant. Il aper�oit alors une enveloppe que, apparemment, il n'avait pas encore remarqu�e. Il la ramasse, l'ouvre et sort la lettre qui est � l'int�rieur. MONSIEUR BLUETTE Qu'est-ce que c'est encore que �a ? PRISON - COUR D'ENTR�E - EXT�RIEUR JOUR Plan de demi-ensemble de la cour avec la porte d'entr�e dans le fond. Victor est en train d'ouvrir la porte. Blaireau se dirige vers lui, puis s'arr�te et siffle la ritournelle d'appel de son chien. Deux aboiements lui r�pondent. Victor ouvre la porte pour Blaireau, et le chien se dirige vers eux. MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen de Blaireau en train de serrer la main de Victor, vu depuis la place � l'ext�rieur de la prison. Derri�re eux, � l'�tage, on voit Bluette derri�re les barreaux de sa fen�tre. BLAIREAU Au revoir, Victor. VICTOR Au revoir, Blaireau. MONSIEUR BLUETTE Encore une petite seconde, Blaireau. Victor l�ve les yeux vers la fen�tre. BLAIREAU Avec plaisir, monsieur le directeur. Blaireau, qui �tait d�j� sorti, revient dans la cour. Victor referme la porte derri�re lui. PRISON - BUREAU DU DIRECTEUR - INT�RIEUR JOUR Plan de demi-ensemble de la pi�ce. Au fond, Bluette est debout devant la fen�tre, la lettre � la main. MONSIEUR BLUETTE �a, c'est incroyable ! Il revient vers le centre de la pi�ce, qui est assez �l�gamment meubl�e, avec, entre autres, plusieurs fauteuils de style. MONSIEUR BLUETTE Le v�ritable coupable a fait des aveux complets, et s'est mis � la disposition de la justice. Il ricane. Il est arriv� devant la porte, qui s'ouvre doucement. Blaireau entre dans la pi�ce. MONSIEUR BLUETTE Ah ! Il referme la porte derri�re lui. MONSIEUR BLUETTE Blaireau ! Qu'est-ce que vous r�pondriez si je vous apprenais que vous �tes innocent ? BLAIREAU Ah, je vous r�pondrais que je le savais. MONSIEUR BLUETTE Et vous aviez raison, Blaireau. BLAIREAU Ah !... Bluette s'avance vers son bureau, en relisant la lettre. MONSIEUR BLUETTE Je viens de recevoir une lettre du Parquet... �a... euh... Vous �tes innocent. Blaireau se rapproche de lui. BLAIREAU Mais... mais qui c'est qu'a fait le coup ? MONSIEUR BLUETTE C'est Fl�chard... oui, c'est �a, le professeur de piano. Blaireau ouvre de grands yeux et se met une main sur la hanche. BLAIREAU Oh ben �a, si les professeurs s'y mettent maintenant ! Bluette revient vers la lettre. MONSIEUR BLUETTE Alors voil� exactement ce que dit la lettre, n'est-ce pas. � Apr�s les formalit�s indispensables, on mettra Blaireau en libert� le plus t�t possible. � BLAIREAU Oui, mais enfin maintenant, je suis libre. MONSIEUR BLUETTE Oh la ! Le plus t�t possible. BLAIREAU Comment ? Le plus t�t possible ? MONSIEUR BLUETTE Oh �a, Blaireau, je m'y engage. Il met la lettre dans la poche de sa veste. BLAIREAU Enfin, moi maintenant, moi, je m'en vais. Il se dirige vers la porte. Bluette le rattrape. MONSIEUR BLUETTE Ah non. Il attrape Blaireau par le bras. BLAIREAU Comment non ? MONSIEUR BLUETTE Non. Vous avez fini votre temps comme coupable, bon. Mais... Il revient vers le centre de la pi�ce. MONSIEUR BLUETTE ... on apprend aujourd'hui que vous �tes innocent. Il s'assoit derri�re son bureau. MONSIEUR BLUETTE Nous nous trouvons en pr�sence de nouvelles formalit�s � remplir. Contrechamp sur Blaireau, qui vient vers le bureau BLAIREAU Alors, comme �a, c'est parce que je suis innocent qu'il faut que je reste en prison ? Plan moyen sur les deux hommes, Bluette assis derri�re son bureau, et Blaireau debout devant. Bluette se l�ve. MONSIEUR BLUETTE La loi est la loi. Blaireau ricane. Bluette se penche vers lui. MONSIEUR BLUETTE Pour �tre emprisonn�, il n'est pas absolument n�cessaire d'�tre coupable, mais, d'un autre c�t�, pour �tre mis en libert�, il ne suffit pas toujours d'�tre innocent. D�sabus�, Blaireau s'assoit dans le fauteuil en face du bureau. BLAIREAU C'est bon... Bluette lui tape sur l'�paule. MONSIEUR BLUETTE Oh mais je... Pauvre Blaireau, va. Il ouvre une bonbonni�re ancienne pos�e sur le bureau. MONSIEUR BLUETTE Un bonbon ? BLAIREAU Bah ! Blaireau fait une grimace de d�go�t. Bluette referme la bonbonni�re. MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR JOUR Plan rapproch�, en contre-plong�e, du fronton de la prison, avec le mot � Prison � �crit en grosses lettres majuscules blanches, et le drapeau Fran�ais flottant au-dessus. Panoramique descendant rapide vers le niveau du sol. Arabella vient d'arriver � moto, avec le colis pour Fl�chard en travers du guidon. Elle regarde de l'autre c�t� de la place avec une mimique de surprise. Elle croise les bras sur son colis. Toute la sc�ne suivante est jou�e sur le mode des films muets, o� le mime jouait un r�le important. Elle est d'ailleurs accompagn�e par une petite musique de piano, qui ressemble � celles qui �taient jou�es par les accompagnateurs de films muets. Contrechamp montrant Arabella, de dos, au premier plan, et, en arri�re-plan, Parju, en grande discussion avec le boucher et deux autres badauds. Fl�chard s'approche de Parju dans son dos. Fl�chard montre � Arabella le bureau du procureur, au premier �tage de l'immeuble d'en face. Puis il fait un signe d'impuissance. Plan rapproch� sur Arabella, toujours assise sur sa moto devant la prison. Elle fait une mimique de demande d'explications. Puis elle pose le coude sur son colis, et s'appuie la t�te sur la main. Plan de demi-ensemble de Fl�chard, debout dans le dos de Parju. Parju, lui discute toujours avec les m�mes badauds. Fl�chard tape sur l'�paule de Parju, qui se retourne. Fl�chard lui tend les poignets pour qu'il lui passe les menottes. Parju fait un signe de d�n�gation, puis retourne � sa conversation. Fl�chard semble d�sabus�. Il tape de nouveau sur l'�paule de Parju, et lui raconte l'attaque de nuit pr�s du ch�teau. Il mime une bagarre. Parju fait signe que cette histoire ne l'int�resse pas. Fl�chard fouille dans sa poche, en sort la plaque de Parju et la lui donne. Parju l�ve les bras au ciel en guise de remerciement. Il se tourne vers Fl�chard et l'embrasse sur les deux joues. Il revient vers les badauds et leur montre la plaque qu'il a remise en place. Il se retourne et donne une grande bourrade � Fl�chard. Plan moyen sur Arabella, toujours � califourchon sur sa moto. Elle hausse les �paules, d�marre la moto et s'en va. Retour sur le m�me plan de Parju et Fl�chard. Parju est visiblement en train d'expliquer aux badauds que Fl�chard est le h�ros qui lui a rendu sa plaque. Fl�chard fait une mimique de d�couragement et s'en va. Fondu encha�n�. PRISON - BUREAU DU DIRECTEUR - INT�RIEUR JOUR Plan moyen de Bluette assis derri�re son bureau, occup� � lire un document. On frappe � la porte. MONSIEUR BLUETTE Oui, entrez... La porte s'ouvre et Fl�chard entre, un baluchon � la main. MONSIEUR BLUETTE Ah !... Vous voil�, Fl�chard. Il se l�ve et vient vers Fl�chard. Il lui montre le document qu'il a toujours en main. MONSIEUR BLUETTE Et bien, mes compliments, hein ! ARMAND FL�CHARD Bof ! MONSIEUR BLUETTE Et qu'est-ce que vous d�sirez ? ARMAND FL�CHARD Je viens me constituer prisonnier. MONSIEUR BLUETTE Ah ! Vous avez un papier ? ARMAND FL�CHARD Ah... non, monsieur le directeur. MONSIEUR BLUETTE Un mot, une lettre du parquet ? ARMAND FL�CHARD Mais non, je n'ai rien du tout. MONSIEUR BLUETTE Et vous vous imaginez que je vais vous coffrer comme �a ? De chic ! Mais vous �tes �tonnant, ma parole d'honneur. Il retourne s'assoir derri�re son bureau. ARMAND FL�CHARD Comment ? Il faut une recommandation, maintenant, pour entrer en prison ? MONSIEUR BLUETTE Mais certainement. ARMAND FL�CHARD Oui, toujours la faveur, alors. Bluette semble ne pas appr�cier cette accusation. Il pointe le doigt vers Fl�chard, et marmonne entre ses dents : MONSIEUR BLUETTE �coutez bien... On frappe � une autre porte que la porte d'entr�e habituelle du bureau. Bluette et Fl�chard se tournent vers cette porte. Bluette r�pond sur un ton tr�s sec : MONSIEUR BLUETTE Oui ! Plan moyen sur l'autre porte qui s'ouvre doucement. Blaireau appara�t. BLAIREAU Monsieur le directeur. MONSIEUR BLUETTE Allons, bon, l'autre � pr�sent. Qu'est-ce que c'est encore ? Blaireau s'approche du bureau, l'air un peu obs�quieux. BLAIREAU Ce n'est pas pour vous faire un reproche, monsieur le directeur, mais je trouve que vous y mettez du temps � me rel�cher. Plan de demi-ensemble montrant Bluette assis derri�re son bureau, Fl�chard debout d'un c�t� et Blaireau debout de l'autre c�t�. MONSIEUR BLUETTE Impossible avant d'avoir re�u l'ordre du Parquet. BLAIREAU Alors, non seulement je fais mon temps et je suis innocent, et on ne veut pas me rel�cher. Ben �a, c'est trop fort ! ARMAND FL�CHARD Oui, ben moi, c'est encore plus fort. Je suis coupable, et on ne veut pas m'arr�ter. MONSIEUR BLUETTE Oh !... Si on devait mettre tous les coupables en prison... ben l�, on n'en sortirais plus ! BLAIREAU Oui, ben elle est propre, la justice. MONSIEUR BLUETTE Non, mais vous allez vous taire ! BLAIREAU Non, je ne me tairai pas. Il frappe du plat de la main sur le bureau. BLAIREAU Je veux sortir ! ARMAND FL�CHARD Je veux rentrer ! Il frappe du plat de la main sur le bureau. BLAIREAU Je veux sortir ! Il frappe du plat de la main sur le bureau. ARMAND FL�CHARD Je veux rentrer ! BLAIREAU Je veux sortir ! Il frappe du plat de la main sur le bureau. ARMAND FL�CHARD Je veux rentrer ! Bluette frappe des deux mains sur son bureau et se l�ve, tr�s en col�re. MONSIEUR BLUETTE Assez !... Victor ! Victor entre dans le bureau. VICTOR Monsieur le directeur ? MONSIEUR BLUETTE Flanquez-moi Blaireau au cachot. Quant � vous, monsieur Fl�chard, dehors ! Victor pousse Blaireau vers une porte, et Bluette pousse Fl�chard vers l'autre. Tous parlent en m�me temps et on ne comprend pas ce qu'ils disent. PRISON - COUR D'ENTR�E - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen de l'un des escaliers du perron de la prison. Bluette tient toujours Fl�chard par le bras, et le force � descendre les escaliers. ARMAND FL�CHARD �coutez, monsieur Bluette, il faut que j'entre en prison. MONSIEUR BLUETTE Non. PRISON - UN COULOIR - INT�RIEUR JOUR Victor tient Blaireau par le bras, et le pousse vers le cachot. Blaireau se d�bat. VICTOR Allons, allons ! BLAIREAU Je me plaindrai au gouvernement ! MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen sur la porte de la prison. La porte s'ouvre et Bluette pousse Fl�chard dehors. MONSIEUR BLUETTE Vous �tes charmant, Fl�chard, mais non. ARMAND FL�CHARD Mais voyons... La porte se referme, et Fl�chard tape dessus. Elle se rouvre et Bluette r�apparait. MONSIEUR BLUETTE Non. Il referme la porte. PRISON - UN COULOIR - INT�RIEUR JOUR Plan moyen de Victor poussant Blaireau � l'int�rieur du cachot. VICTOR Allez ! BLAIREAU Non ! Victor claque la porte du cachot derri�re Blaireau. La t�te de Blaireau appara�t � la lucarne de la porte. BLAIREAU Non ! Je suis innocent ! Victor donne deux tours de cl� � la porte. Zoom avant sur le visage de Blaireau. BLAIREAU Je suis innocent ! Oh !... Quand je sortirai, �a fera du vilain ! Je suis innocent !... Fondu au noir. MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR Roulement de tambour. Gros plan sur la premi�re page de � L'�veil de Montpaillard �. Un gros titre en travers de toute la page : � Un Scandale � Montpaillard - L'Affaire Blaireau - grave erreur judiciaire�. Et, en dessous, dans un encadr�, les mots � Le Crime �, puis, dans la pliure du journal, on devine le mot � Maire �. Plan rapproch� de Guilloche en train de lire son journal devant une porte, sur laquelle est inscrit � Imprimerie �. Il plie le journal en quatre. MA�TRE GUILLOCHE Cramponne-toi, Dubeno�t. Il regarde autour de lui. MA�TRE GUILLOCHE En avant ! Zoom arri�re montrant une dizaine de jeunes gar�ons, portant chacun un paquet de journaux dans les mains et qui s'�parpillent en courant et en criant : � L'�veil ! L'�veil ! �. De chaque c�t� de l'entr�e de l'imprimerie, des affichettes, coll�es sur les murs, indiquent � L'�veil de Montpaillard �. Des jeunes gens, un peu plus �g�s, sortent, � leur tour, de l'imprimerie, portant aussi des paquets de journaux. Guilloche pousse les derniers gamins, dont l'un s'est m�me fait un chapeau avec l'un des journaux ! Plan de demi-ensemble de la rue. Les gamins passent en courant devant le maire, qui se retourne pour les regarder. Il a d�j� un journal � la main. Un passant arr�te un gamin pour lui acheter un journal. Guilloche s'approche du maire. Le maire pointe le doigt vers lui, et lui dit quelque chose, et Guilloche lui r�pond, mais, avec les cris des gamins, on ne peut comprendre ce qu'ils se disent. D'autres badauds s'approchent d'eux, tenant chacun un journal � la main. Ils sont tous hilares. Contrechamp montrant, au premier plan, le maire et Guilloche en pleine discussion. Derri�re eux, en arri�re-plan, Parju est en train de lire le journal. Un gendarme garde un b�timent officiel, vers lequel Fl�chard se dirige. Le maire court vers lui. Guilloche entre � la suite de Fl�chard dans le b�timent, mais le maire reste dehors. Il est rejoint par Parju. Plan moyen montrant le boucher en train de se battre avec Auguste. Un gendarme essaie de les s�parer. AUGUSTE Je le savais qu'il �tait innocent... Je le savais ! MONTPAILLARD - PLACE DE LA MAIRIE - EXT�RIEUR JOUR Vue a�rienne de la place. Des badauds se rassemblent sur la place. Des tracts � tombent du ciel �. Dessus, on peut distinguer, �crits en majuscules, les mots � Tous - Nous attendrons Blaireau � sa Lib�ration �, et sur un autre tract : � Grande F�te - pour l'innocence de Blaireau �. MA�TRE GUILLOCHE (voix off sortant d'un m�gaphone) Un innocent est maintenu en prison. Une voiture arrive sur la place, couverte de banderoles au nom de � L'�veil de Montpaillard �, avec, �crit en dessous : � Directeur : A. Guilloche �. Debout dans la voiture, la moiti� du corps passant par le toit ouvrant, Guilloche harangue la foule, un m�gaphone � la main. MA�TRE GUILLOCHE Nous, fils de Saint Louis, assoiff�s de justice, nous n'avons pas pris la Bastille pour rien. Notre journal, L'�veil de Montpaillard, obtiendra la lib�ration de Blaireau. Crions notre indignation. Lib�rez Blaireau ! Plan moyen sur Guilloche debout dans sa voiture arr�t�e, le m�gaphone devant la bouche. Derri�re lui, le perron de la mairie MA�TRE GUILLOCHE Fustigeons les pouvoirs publics d�cadents. F�tons Blaireau, l'innocence retrouv�e. Le maire et Parju montent les marches du perron de la mairie. La voiture de Guilloche red�marre et sort du champ. MA�TRE GUILLOCHE (voix off sortant d'un m�gaphone) Tous demain, devant la prison. Le peuple reconna�tra les siens. Assez d'abus, assez de... Le reste se perd dans le brouhaha ambiant. Zoom avant sur le maire, qui met la main sur l'�paule de Parju. MONSIEUR DUBENO�T Ah !... Mon pauvre Parju. Montpaillard n'est plus la ville la plus calme de France. Gros plan sur le sol de la place o� les tracts continuent � tomber du ciel. LA FOULE (voix off) Lib�rez Blaireau ! Lib�rez Blaireau ! Lib�rez Blaireau ! Lib�rez Blaireau !... Fondu au noir PRISON - COUR D'ENTR�E - EXT�RIEUR JOUR Plan moyen sur Bluette et Blaireau, vus de dos. Devant eux, la porte de la prison est ouverte � deux battants par Victor. Bluette s'efface pour laisser passer Blaireau. Devant eux, en travers de la rue, une grande banderole, entour�e de drapeaux, affiche : � Pardon Blaireau �. Sur la place, devant la prison une grande foule est rassembl�e. Elle acclame, � grands cris, la sortie de Blaireau. Blaireau est habill� d'un costume sombre, mais porte toujours son �ternel b�ret. Il h�site un peu � sortir, mais Bluette le pousse. Dehors, Blaireau est accueilli par Guilloche, en habit, et portant un chapeau haut-de-forme � la main. Derri�re Bluette, le chien sort tranquillement. Les cloches de la ville se mettent � sonner. Blaireau serre chaleureusement la main de Bluette. LA FOULE Blaireau ! Blaireau ! Blaireau !... MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR JOUR Contrechamp montrant, en plan moyen, Bluette, Blaireau et Guilloche, vus de face. On remarque que Blaireau, outre son beau costume sombre, porte un noeud papillon et un oeillet blanc � la boutonni�re. Les portes de la prison se referment derri�re eux. LA FOULE (voix off) Blaireau ! Blaireau ! Blaireau !... Zoom arri�re permettant de d�couvrir une grande voiture � deux portes, d�capotable et d�capot�e, et qui s'arr�te devant la porte de la prison. Le chauffeur sort de la voiture et enl�ve sa casquette. Guilloche rel�ve le si�ge avant, puis monte dans la voiture, suivi de Blaireau. Le chauffeur remet sa casquette et reprend sa place au volant. Guilloche fait signe � la foule de se taire. Les acclamations diminuent. Puis Guilloche fait signe � un petit gar�on d'approcher. Le petit gar�on porte un bouquet de fleurs, qu'il donne � Guilloche. Plan rapproch� de Guilloche et Blaireau debout � l'arri�re de la voiture. Guilloche tend le bouquet � Blaireau, qui le lui prend des mains. La foule est maintenant silencieuse. On n'entend plus que les cloches. Guilloche passe le bras autour des �paules de Blaireau. MA�TRE GUILLOCHE Mes chers concitoyens, l'�motion m'emp�che de vous parler longuement. Votre journal, L'�veil de Montpaillard, vous a demand� d'�tre l�, et Montpaillard est l�, manifestant sa sympathie au martyr innocent et sa r�probation � la tyrannie municipale. Plan moyen sur un coin de la place. Deux petites filles portent des fleurs dans les cheveux. Autour d'elles, un homme hilare, un petit gar�on et deux jeunes femmes souriantes. Derri�re eux, Parju surveille l'�v�nement. Le maire appara�t timidement derri�re un pan de mur, et regarde Parju. MA�TRE GUILLOCHE (voix off) Mais oublions, en ce beau jour... Retour sur Guilloche et Blaireau dans la voiture MA�TRE GUILLOCHE ... les passions et les haines, et r�p�tons ces deux mots, illustrant les sentiments qui, tous, nous r�unissent : pardon Blaireau. VOIX D'ENFANTS (voix off) Pardon Blaireau ! Il embrasse Blaireau sur les deux joues, ce qui a l'air de ne plaire que moyennement � l'int�ress�. Plan un peu plus �loign� de la voiture. MA�TRE GUILLOCHE Et vive Blaireau ! LA FOULE (voix off) Vive Blaireau ! Guilloche tape sur l'�paule du chauffeur, qui d�marre la voiture... un peu s�chement, ce qui fait que Guilloche et Blaireau tombent tous les deux � la renverse et se retrouvent assis sur le si�ge. Bluette les regarde partir en les applaudissant. MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR JOUR Plan d'une rue en enfilade. En travers de la rue, une banderole, entour�e de guirlandes, affiche : � Honneur � Blaireau �. Une foule nombreuse et joyeuse est mass�e des deux c�t�s de la rue. Au bout de la rue, on voit s'avancer la voiture d�capotable, entour�e de gendarmes � bicyclette. Plan rapproch� de Blaireau dans la voiture. Il est couvert de serpentins. Une jeune femme blonde lui tend son chien, qu'il prend dans ses bras, et d�pose sur la banquette. En �change, il donne son bouquet � la jeune femme. Retour sur la rue en enfilade. Un gendarme � v�lo attend que la voiture red�marre pour repartir. La voiture passe devant la cam�ra et sort du champ sur la droite. Guilloche est assis et salue la foule avec son chapeau haut-de-forme. Blaireau est debout et salue aussi la foule. LA FOULE Blaireau ! Blaireau ! Blaireau !... Derri�re la voiture, arrive un cort�ge cycliste d'enfants. Contrechamp en plan de demi-ensemble. La cam�ra surplombe la rue, en travers de laquelle une pancarte, entour�e de drapeaux, indique : � Vive Blaireau �. Le voiture passe sous la cam�ra. Blaireau est debout, son chien dans les bras. Devant la voiture tourne un man�ge. Plan moyen sur la voiture qui vient de s'arr�ter. Guilloche, son chapeau sur la t�te, sort c�t� passager. Blaireau pose son chien sur la banquette et sort � son tour. Les deux hommes se fraient un chemin au milieu des serpentins. Ils arrivent devant la voiture. Guilloche fait un grand geste du bras. MA�TRE GUILLOCHE Cette f�te est pour vous, Blaireau. BLAIREAU Mais il fallait pas, mais c'est trop ! Guilloche d�signe quelque chose de la main. MA�TRE GUILLOCHE H�, tenez. BLAIREAU Mais tout �a, c'est pour moi ? Contrechamp montrant des hommes rassembl�s autour de grandes barriques de vin. Au-dessus d'eux, une pancarte indique : � � la sant� de Blaireau �. Les hommes l�vent tous leurs verres vers Blaireau. LES HOMMES A ta sant�, Blaireau ! Retour sur Guilloche et Blaireau devant la voiture. BLAIREAU Mais, mais, mais je suis confus. MA�TRE GUILLOCHE Mais non. Blaireau donne une grande tape dans le dos de Guilloche, dont le chapeau manque de tomber. Blaireau se pr�cipite vers les hommes. La cam�ra le suit. Il arrive pr�s d'eux. Il prend un verre des mains d'Auguste, et se tourne vers la foule. Il l�ve son verre. BLAIREAU H�, les gars, c'est ma tourn�e. LA FOULE Vive Blaireau ! Vive Blaireau ! Des hommes sortent de la foule et s'approche de Blaireau pour trinquer avec lui. Plan rapproch� sur le chien, assis sur une planche devant les barriques. Il a un noeud autour du cou et une fleur en papier pass�e dans son collier. A c�t� de lui, le petit gar�on � lunettes, que nous avions d�j� vu p�cher avec le juge, partage sa glace avec le chien. Le petit gar�on porte un petit chapeau en carton, style � Fez � marocain. Plan moyen sur Guilloche, qui regarde la foule en liesse. Le maire arrive derri�re lui, tout souriant. MONSIEUR DUBENO�T H�, h�, c'est beau, le d�sint�ressement, hein ? MA�TRE GUILLOCHE Vous ici, monsieur le maire ? MONSIEUR DUBENO�T Je m'amuse beaucoup. Enfin, on ne crie pas : � Vive Guilloche ! �, on crie : � Vive Blaireau ! �. MA�TRE GUILLOCHE C'est bien normal, je ne suis pas la victime. MONSIEUR DUBENO�T Oh, mais �a va venir. Le prochain maire de Montpaillard ne s'appellera pas Dubeno�t, ni Guilloche, il s'appellera Blaireau ! H�, h�, h� ! Beau travail, mon cher ma�tre. Il lui donne une grande tape dans le dos. Guilloche titube un peu et se masse l'�paule. Le maire s'�loigne d'un pas, puis s'arr�te et regarde un homme qui s'approche de Guilloche, un papier � la main. Il s'agit du marchand de vins. LE MARCHAND DE VINS Voici la facture du vin. Le maire le regarde en souriant. MONSIEUR DUBENO�T Ah bon ! Guilloche d�plie la facture, et a une mimique de surprise. Il prend l'homme par le bras et s'�loigne avec lui. Derri�re lui, on voit le maire qui salue la famille de Chaville au grand complet, Arabella comprise. ANNONCE (voix off provenant d'un haut-parleur) Voici le grand prix cycliste de Montpaillard. Plan en enfilade des coureurs align�s pour le d�part. Au premier plan, Parju essaie d'emp�cher les enfants de faire des b�tises. ANNONCE (voix off provenant d'un haut-parleur) Voici le grand prix cycliste de Montpaillard. Travelling longeant la rang�e de cyclistes jusqu'� l'autre extr�mit� de la rang�e, o� se trouvent un gendarme et Auguste. ANNONCE (voix off provenant d'un haut-parleur) Le d�part va �tre donn� par Blaireau. Blaireau rejoint Auguste. Il a toujours son verre � la main, mais il tient, dans l'autre main, le revolver destin� � lancer le d�part de la course. Il agite le revolver, puis boit un coup. Contrechamp sur Parju, � l'autre extr�mit� de la rang�e de cyclistes, et qui essaie d'emp�cher la foule de g�ner le d�part de la course. Il l�ve la t�te et regarde Blaireau. Contrechamp sur Blaireau, qui agite toujours le revolver. Il aper�oit Parju et baisse lentement son arme. BLAIREAU Attends un peu, toi. Il vise Parju. Les hommes autour de lui rigolent. Contrechamp sur Parju, apeur�, et qui se r�fugie au milieu de la foule qui l'entoure. Contrechamp sur Blaireau, et les hommes qui �clatant de rire autour de lui. BLAIREAU Bon, allez, faut pas jouer avec ces choses-l�. Allez. Il met le revolver dans sa poche. Contrechamp sur Blaireau, cach� derri�re les hommes dans la foule PARJU Je t'aurai, Blaireau, je t'aurai. BLAIREAU (voix off) A trois, vous partez... Contrechamp sur Blaireau. BLAIREAU Bon... A chaque chiffre, il fait un grand geste de main. BLAIREAU Un... deux... Les cyclistes se penchent sur leurs guidons, pr�ts au d�part. BLAIREAU ... deux et demi... Zoom arri�re sur les cyclistes qui se lancent dans un faux d�part. Tout le monde �clate de rire autour de Blaireau. Les cyclistes reculent pour se remettre sur la ligne de d�part. Blaireau �clate de rire � son tour. Il prend un verre des mains de son voisin. Alors qu'il a d�j� ses l�vres sur le bord du verre, il se tourne brusquement vers les cyclistes. BLAIREAU Trois ! Les cyclistes s'�lancent pour de bon. Plan de demi-ensemble des cyclistes, vus de dos, qui d�marrent leur course. Ils essaient d'�viter Fl�chard qui marche tout seul au milieu de la rue. Plan de demi-ensemble d'un man�ge. Arabella grimpe sur le man�ge, aid�e par Blaireau, qui lui a tendu la main. Contrechamp sur Fl�chard, qui marche vers le man�ge, en �cartant les enfants qui courent autour de lui. Contrechamp sur Fl�chard, vu de dos. Il arrive au man�ge, qui a d�marr� et qui tourne. Il arrive n�anmoins � grimper sur le man�ge. Plan moyen sur Arabella, assise sur une vache sur le man�ge. La cam�ra est plac�e sur le man�ge devant Arabella, et tourne donc avec le man�ge. Le man�ge et ses accessoires sont en plan fixe, et c'est la foule qui semble d�filer autour du man�ge. Fl�chard se faufile derri�re Arabella, et grimpe sur la vache voisine de celle d'Arabella, et qui �tait libre. Il se penche vers elle. Comme la vache de Fl�chard monte et descend et que celle d'Arabella est fixe, la conversation est un peu compliqu�e. ARMAND FL�CHARD Arabella, j'ai tout essay�. ARABELLA DE CHAVILLE Parfait. �tes-vous en prison ? ARMAND FL�CHARD Euh... non. ARABELLA DE CHAVILLE Pourquoi ? ARMAND FL�CHARD Mais ils ne veulent pas de moi. ARABELLA DE CHAVILLE Dans ce cas, je ne veux pas de vous non plus. ARMAND FL�CHARD Mais, moi, je vous aime, Arabella. ARABELLA DE CHAVILLE Prouvez-le. Autre plan du man�ge. Blaireau et le juge sont assis sur deux cochons voisins. BLAIREAU Belle f�te, hein, ah, ah, monsieur le juge. LE JUGE LERECHIGNEUX Mon cher Blaireau, vous �tes le h�ros de Montpaillard, et gr�ce � qui ?... Gr�ce � moi. Il se tapote sur la poitrine BLAIREAU Ah ?... D'un seul coup, il r�alise l'�tranget� du propos du juge, et il met sa main en cornet pr�s de son oreille. BLAIREAU Je vous demande pardon ? LE JUGE LERECHIGNEUX Mais bien s�r. Si vous n'aviez pas �t� jug� coupable d'abord, vous n'auriez pas �t� reconnu innocent ensuite. Et personne ne s'occuperait de vous. BLAIREAU Ah, mais c'est pourtant vrai. LE JUGE LERECHIGNEUX J'esp�re que vous ne me gardez vraiment pas rancune ? BLAIREAU Ah, mais voyons, pourquoi donc. A chacun sa sp�cialit�. Vous m'avez trouv� coupable, parce que vous �tes juge. Mais Si vous �tiez avocat, vous m'auriez trouv� innocent. Oui, enfin, chacun son m�tier, hein ? Le man�ge ralentit BLAIREAU Allez, venez boire un verre avec moi, �a vous remettra. LE JUGE LERECHIGNEUX Avec joie. Il descend de son cochon avec une certaine difficult�. Stand de tir. Plan moyen des tireurs et des spectateurs, vus de l'int�rieur du stand. Au milieu des tireurs, le maire, un revolver � la main. Derri�re le maire, Auguste. Le maire tire un coup. Le responsable du stand lui prend le revolver des mains pour le recharger. Blaireau arrive derri�re lui, accompagn� du juge. MONSIEUR DUBENO�T Je sais pas ce que j'ai aujourd'hui. Il hausse les �paules. BLAIREAU Alors, on joue au petit soldat. Le maire se tourne en riant vers Blaireau. Le responsable redonne le revolver charg� � Dubeno�t. Celui l�ve le revolver en l'air, pr�t � le redescendre pour viser. Blaireau lui donne une grande tape sur l'�paule. BLAIREAU Sacr� Dubeno�t, va ! Le coup part. Plan rapproch� sur la guirlande au-dessus du stand de tir. Le coup de revolver d�croche l'un des lampions de papier, qui descend lentement. Plan rapproch� sur Guilloche, debout � c�t� du stand de tir. Il tient la main d'une jeune femme blonde dans la sienne. Il est visiblement en train de lui lire les lignes de la main. Le lampion lui descend sur la t�te, sans qu'il s'en aper�oive, et il se retrouve coiff� � la mani�re d'un fakir. MA�TRE GUILLOCHE L'amour, beaucoup d'amour. LA JEUNE FEMME Mais vous �tes fakir ? MA�TRE GUILLOCHE A mes heures. Il se tourne vers elle en souriant, et en serrant sa main dans la sienne. A ce moment-l� seulement, elle rel�ve la t�te et s'aper�oit de la nouvelle coiffure de Guilloche. Elle pousse un cri, retire sa main et se sauve en courant. On entend des rires. Guilloche se tourne vers les rires Contrechamp sur le stand de tir. Devant le stand, le maire, entour� de Blaireau et de la comtesse de Chaville, et derri�re lui Auguste et le juge. Ils sont tous en train de rire de la m�saventure de Guilloche. BLAIREAU Allez ! Venez trinquer avec nous, monsieur le maire. MONSIEUR DUBENO�T Quel honneur pour moi, Blaireau. Blaireau passe un bras sous celui du maire, puis l'autre bras sous celui du juge. Le maire pointe son doigt vers Guilloche en riant. BLAIREAU Allez, Guilloche, venez boire un verre avec nous, quoi. Vous n'�tes pas de trop. Un travelling arri�re, qui suit la marche de Blaireau, d�couvre Guilloche, qui a remis son haut-de-forme sur sa t�te, mais qui tient toujours le lampion � la main. BLAIREAU Allez ! Il lui donne une grande tape dans le dos. Ils sortent du champ. Guilloche jette le lampion par terre et les suit. Plan moyen de Parju, vu de dos. Il est debout en train de manger une glace. En arri�re-plan, le man�ge est en train de tourner. BLAIREAU (voix off) A la justice ! Au son de la voix de Blaireau, Parju se retourne et �carquille les yeux. Contrechamp et plan moyen sur Blaireau, entour� du maire, du juge et de Guilloche, tous les quatre le verre � la main. LE JUGE, DUBENO�T & GUILLOCHE (ensemble) A l'innocence ! Ils boivent. BLAIREAU Et bien, Parju, hein-hein ? Qu'es-ce que tu dis de �a ? Contrechamp sur Parju, qui, de surprise, fait tomber sa glace par terre. BLAIREAU (voix off) Alors ? C'est-y toi qui trinquerais avec les grosses l�gumes de Montpaillard ? Retour sur Blaireau et ses � amis �. BLAIREAU Hein ? Il donne son verre au maire, et fait signe � Parju. BLAIREAU Parju !... Parju ! Plan plus �loign�, avec Parju de dos en premier plan et Blaireau et ses � amis � en arri�re-plan. Blaireau s'avance vers Parju, en lui faisant le m�me petit signe de la main. Puis il se plante en face de lui. BLAIREAU Serrons-nous la main, vieux camarade. Il lui tend la main. Parju sourit. Un � Ah ! � d'admiration s'�l�ve de la foule qui les entoure. Parju prend la main de Blaireau, et la serre vigoureusement. BLAIREAU Parju... Plan plus rapproch� sur le juge entour� du maire et de Guilloche. MONSIEUR DUBENO�T Quelle popularit�, hein ? Il se tourne vers Guilloche. MONSIEUR DUBENO�T Blaireau vous devra une fi�re chandelle, quand il sera d�put�. MA�TRE GUILLOCHE D�put�, vous badinez ! Plan d'ensemble de la rue en f�te. Dans le fond le man�ge. Au- dessus de la rue, la pancarte � Vive Blaireau �. La foule s'est �cart�e en deux groupes, de fa�on � m�nager un passage sous la pancarte pour le retour des coureurs. ANNONCE (voix off provenant d'un haut-parleur) Blaireau ! On demande monsieur Blaireau, au contr�le de l'arriv�e pour le grand prix d'Ile-de-France. Plan de demi-ensemble d'une partie de la foule, mass�e dans l'attente des coureurs. Les gens se mettent � crier et � applaudir. Dans le fond, on voit appara�tre les premiers coureurs. Lorsqu'ils arrivent au niveau de la cam�ra, celle-ci les suit, puis s'arr�te � un groupe dans la foule. Il s'agit de Blaireau portant un grand bouquet de fleurs, et entour� de la comtesse de Chaville et d'une jeune femme blonde. A c�t� de la jeune femme, Guilloche applaudit les coureurs. On voit passer d'autres coureurs devant eux. Plan moyen sur le petit groupe. Blaireau semble tr�s excit�, et il parle en faisant de grands gestes � la comtesse. Mais, avec le bruit ambiant, on ne comprend pas ce qu'il dit. Le vainqueur de la course revient, roulant au pas, vers Blaireau. Le coureur enl�ve sa casquette et la jeune femme l'embrasse. Blaireau tend le bouquet au coureur en riant. Puis il se ravise, d�tache une fleur du bouquet, la donne au coureur, lui mime un baiser, puis donne le reste du bouquet � la comtesse. BLAIREAU Voil� ! COMTESSE DE CHAVILLE Oh !... Blaireau baisse la t�te, puis la rel�ve en joignant les mains. BLAIREAU Madame de Chaville, voulez-vous me faire l'honneur et l'avantage de gambiller la prochaine avec moi ? La comtesse �clate de rire. COMTESSE DE CHAVILLE Ce gar�on est d'un champ�tre ! Elle donne le bouquet au gendarme debout � c�t� d'elle, puis se tourne vers Blaireau. COMTESSE DE CHAVILLE Mais je gambille, mon ami, je gambille. Ils s'�loignent tous deux vers la piste de danse, applaudis par la foule. Plan de demi-ensemble, en l�g�re contre-plong�e, de la piste de danse. Blaireau et la comtesse s'avancent au milieu de la piste vide, et se mettent � danser, d'une fa�on un peu comique, surtout pour Blaireau. Retour sur le vainqueur de la course, avec la jeune femme blonde � c�t� de lui. Guilloche regarde les danseurs, puis il prend la jeune femme par le bras, et l'entra�ne, au d�sappointement marqu�, � la fois du coureur et de la jeune femme. Retour sur le m�me plan de la piste de danse, sur laquelle Blaireau danse toujours avec la comtesse. Des enfants viennent les rejoindre, suivis de couples adultes. Blaireau et la comtesse sortent du champ en dansant. Plan moyen de Guilloche et de la jeune femme debout et en train de manger une glace. En arri�re-plan, le stand de tir. Blaireau passe entre eux et le stand de tir, dansant toujours avec la comtesse. BLAIREAU Alors, Guilloche, �a roulotte ? Hein... Allez ! Il lui donne une grande tape dans le dos, et Guilloche s'�crase le nez dans sa glace. Blaireau s'�loigne en dansant avec la comtesse. Guilloche rel�ve la t�te : il a la moustache et la barbe pleines de glace. La jeune femme met la main devant sa bouche pour masquer son fou-rire. Puis elle s'�loigne. Le maire et le juge, qui �tait debout devant le stand de tir, se rapprochent de Guilloche, qui s'essuie le visage avec son mouchoir. LE JUGE LERECHIGNEUX Alors, mon cher ma�tre, �a roulotte ? MONSIEUR DUBENO�T Amusant, hein, ce Blaireau ? MA�TRE GUILLOCHE Moquez-vous, messieurs, mais... Il jette sa glace par terre. MA�TRE GUILLOCHE J'avoue que je me suis tromp�. LE JUGE LERECHIGNEUX La jeunesse, mon cher. Guilloche continue � s'essuyer le visage avec son mouchoir. MA�TRE GUILLOCHE Bien s�r, le peuple, c'est courageux... MONSIEUR DUBENO�T & LE JUGE (ensemble) Oh oui !... MA�TRE GUILLOCHE ... c'est travailleur, MONSIEUR DUBENO�T & LE JUGE (ensemble) Oui !... Guilloche remet son mouchoir en pochette dans la poche pectorale de sa veste. MA�TRE GUILLOCHE ... mais c'est bien ingrat. MONSIEUR DUBENO�T & LE JUGE (ensemble) Oh la la !... Plan moyen de Fl�chard qui marche le long du stand de vin. BLAIREAU (voix off) H�, Fl�chard... Fl�chard se retourne. Blaireau s'approche de lui, et le prend par la taille. BLAIREAU H�-h�... Ben, si le vrai coupable s'en va, la f�te est finie ! Fl�chard tape sur l'�paule de Blaireau. Plan de demi-ensemble en l�g�re contre-plong�e sur la piste de danse, o� enfants et adultes sont en train de danser. Plan rapproch� du petit gar�on � lunette et du chien de Blaireau, assis c�te � c�te dans une voiture du man�ge. Devant la voiture, un cheval ail�. Plan moyen de Blaireau et Fl�chard. Ils sont assis sur un banc devant le stand de vin. Blaireau a un verre � la main, et Fl�chard termine son r�cit, avec, lui aussi, un verre � la main. ARMAND FL�CHARD ... ben, voil�... Pas de prison, pas de mariage. Blaireau ricane. Il r�fl�chit un instant puis pose son verre sur le banc. Il montre quelque chose � Fl�chard. BLAIREAU Tu vas aller l�-bas... Fl�chard pointe son doigt dans la direction indiqu�e par Blaireau. Puis Blaireau marmonne des mots incompr�hensibles en faisant des gestes de la main. Fl�chard mime les gestes de Blaireau. BLAIREAU ... et je vais t'arranger le coup. Il sort, de sa poche, le revolver de d�part de la course cycliste, qu'il avait gard�. Il tourne machinalement le barillet, puis se l�ve, le revolver point� devant lui. Fl�chard le suit des yeux, puis se l�ve et s'�loigne. Plan de demi-ensemble d'un espace vide derri�re le man�ge. Au fond de l'espace vide, deux chevaux de bois inutilis�s sont pos�s dans un coin. A c�t� des chevaux, Arabella discute avec sa m�re. Blaireau s'approche d'elles. Il s'incline devant la comtesse, puis prend Arabella dans ses bras, et s'�loigne en dansant avec elle. La cam�ra suit le couple, qui atteint un coin discret pr�s d'une roulotte. Blaireau l�che Arabella et d�gaine son revolver, qu'il pointe sur la jeune fille. BLAIREAU Pas un mot ou je tire. ARABELLA DE CHAVILLE Monsieur Blaireau ! BLAIREAU Haut les mains ! Arabella l�ve les mains en l'air. Tout en parlant, Blaireau l'entra�ne derri�re la roulotte. BLAIREAU Alors, on aime les terreurs, les balafr�s, les � gan- sessse-terre �, hein ? Ils sont arriv�s pr�s de Fl�chard, qu'Arabella n'a pas encore vu derri�re elle. BLAIREAU Allez, embrassez vite votre grand voyou, mmm ! Arabella se penche sur le visage de Blaireau, comme pour l'embrasser. Blaireau a un l�ger mouvement de recul. BLAIREAU Non, mais dites, pas moi, lui ! Il pointe le doigt sur Fl�chard. Arabella se retourne, et colle sa bouche sur celle de Fl�chard, qui la serre contre elle. Plan l�g�rement plus rapproch� sur Blaireau qui regarde les deux jeunes gens s'embrasser. Fl�chard se d�tache d'Arabella et regarde Blaireau. BLAIREAU Bon, et bien je vois que l'on n'a plus besoin de moi ! Il se retourne et sort du champ. Les deux jeunes gens s'embrassent de nouveau, puis se d�tache lentement l'un de l'autre. ARMAND FL�CHARD Arabella, vous verrez comme nous serons heureux. D�s ma sortie de prison... ARABELLA DE CHAVILLE Je ne veux plus que tu ailles en prison. ARMAND FL�CHARD J'irai tout de m�me. ARABELLA DE CHAVILLE Non. ARMAND FL�CHARD Arabella... � partir de ce soir, c'est moi qui d�cide. ARABELLA DE CHAVILLE Oui, mon amour. Il se serre l'un contre l'autre. ARMAND FL�CHARD C'est bien entendu. ARABELLA DE CHAVILLE Oui, mon amour. Il la regarde dans les yeux. ARMAND FL�CHARD Bon... bon... ben alors, je n'irai pas en prison. Ils s'embrassent de nouveau. Plan moyen de Blaireau en train de � gambiller � avec la comtesse de Chaville. Plan moyen de Guilloche, entour� du maire et du juge, toujours debout � une courte distance du stand de tir, que l'on voit derri�re eux. MA�TRE GUILLOCHE Permettez, messieurs, que je me range � vos c�t�s d�sormais. Ses deux compagnons lui tendent la main en pronon�ant un mot incompr�hensible. Guilloche leur prend les mains dans les siennes, chacune d'un c�t�. MA�TRE GUILLOCHE Nous lutterons ensemble contre le cataclysme que serait le gouvernement de notre pays aux mains des Blaireau. Les deux hommes hochent la t�te, puis ils se l�chent les mains, et tous les trois se retournent pour marcher lentement vers le stand de tir. Ils ramassent chacun un revolver sur le stand et tirent ensemble. Puis il reposent les revolvers, se retournent et regardent la f�te. Plan moyen de Blaireau qui � gambille � toujours avec la comtesse, tout en lui parlant � l'oreille. La comtesse se tourne vers lui. COMTESSE DE CHAVILLE Fl�chard ? Blaireau hoche la t�te, puis lui parle encore un peu � l'oreille. COMTESSE DE CHAVILLE Arabella ? Oh, c'est merveilleux. Il faut que j'annonce la bonne nouvelle � son p�re. Elle cherche des yeux son mari dans la foule. COMTESSE DE CHAVILLE L�on ! Plan moyen d'Arabella dans les bras de Fl�chard, debout pr�s des balan�oires. A c�t� d'eux, le comte de Chaville, l'air un peu contrari�. ARABELLA DE CHAVILLE Mais papa !... COMTESSE DE CHAVILLE (voix off) L�on ! L�on ! Le comte se tourne vers son �pouse qui s'approche de lui, accompagn� de Blaireau COMTESSE DE CHAVILLE Monsieur Blaireau vient de m'apprendre. Le comte l'arr�te de la main. L�ON DE CHAVILLE Je sais ! Il se tourne vers Fl�chard. L�ON DE CHAVILLE Jamais ! Il pointe le doigt vers lui. L�ON DE CHAVILLE D'ailleurs, je vais m'occuper de vous. Il s'�loigne � grandes enjamb�es. Sa femme le regarde partir avec surprise. COMTESSE DE CHAVILLE Mais enfin... L�on. Blaireau regarde Fl�chard et Arabella. BLAIREAU Bon, et ben, moi, je vais m'occuper de lui. Il s'�loigne dans la m�me direction que le comte. Plan moyen du juge en train de boire un verre pr�s des tonneaux, sur lesquels on peut lire � Clos de Chaville �. Le comte s'approche, lui prend son verre de la main et le pose. L�ON DE CHAVILLE Lerechigneux, un mot. Ce Fl�chard est coupable ? Blaireau arrive pr�s d'eux et se sert un verre au tonneau. LE JUGE LERECHIGNEUX Sans aucun doute. L�ON DE CHAVILLE Alors, rendez-moi un service. Flanquez-le moi � l'ombre le plus vite possible. Les deux hommes se serrent la main. A c�t� d'eux, Blaireau crache le vin qu'il venait de boire. BLAIREAU Pouah ! Quelle bibine ! Le juge s'�loigne, et le comte se tourne vers Blaireau. Il sursaute en voyant le tonneau dont Blaireau vient de parler. L�ON DE CHAVILLE Mon vin, de la bibine ? BLAIREAU Oh-oh ! Du pipi de chat. L�ON DE CHAVILLE Mon vin, du pipi de chat ? BLAIREAU Oh, tiens, go�tez vous-m�me. Il tire un verre de vin du tonneau et le tend au comte. BLAIREAU Go�tez vous-m�me. Le comte boit une gorg�e de vin. L�ON DE CHAVILLE Il est excellent, ce vin. Il rend le verre � Blaireau. BLAIREAU Bon, alors, go�tez-le mieux. Il tire un autre verre de vin, et le tend au comte, qui le boit. BLAIREAU Hein ? Hein ? Il racle un peu, hein ? L�ON DE CHAVILLE Il est un peu jeune, peut-�tre. BLAIREAU Il est m�me vert. Tenez, go�tez celui-l�. Il se tourne vers un autre tonneau voisin du premier, et sur lequel est inscrit � Clos du Duc �. Auguste, debout � c�t� du tonneau, est visiblement ivre. BLAIREAU �a, c'est du fameux. Il tend le verre au comte, qui le go�te. L�ON DE CHAVILLE Il est tr�s quelconque. BLAIREAU Bon alors, maintenant, go�tez le v�tre � c�t�. Mis � part les paroles, qui restent � vitesse normale, les jeux de sc�ne, � partir de maintenant, sont tr�s l�g�rement acc�l�r�s. Blaireau tire un verre de � Clos de Chaville �, et le tend au comte qui le boit. L�ON DE CHAVILLE Il est excellent, ce vin. BLAIREAU On fait celui-l�. Il tire du vin d'un tonneau pos� sur les autres, et marqu� � 56 �, et le donne au comte, qui le boit. L�ON DE CHAVILLE Manque de corps. BLAIREAU Oui, bon, nous sommes d'accord. Blaireau tire du vin du tonneau voisin de � 56 �, et dont on n'arrive pas � lire le nom. Il donne le verre au comte. BLAIREAU Celui-l�. Le comte boit. L�ON DE CHAVILLE Ouais... ouais... c'est... BLAIREAU Maintenant le v�tre. Il tire un autre verre de � Clos de Chaville �, et le donne au comte. BLAIREAU Tenez ! Le comte boit et rend son verre � Blaireau. L�ON DE CHAVILLE Excellent, ce vin. A partir de maintenant, toute la sc�ne est pr�sent�e en acc�l�r�, m�me pour ce qui est des paroles, que l'on a donc du mal � bien comprendre. Blaireau tire un verre d'un troisi�me tonneau de Clos de Chaville, en bousculant un ivrogne, qui se trouvait sur son chemin. Le comte boit, Blaireau reprend le verre. L�ON DE CHAVILLE Je croyais que... Blaireau revient vers le Clos du Duc, dont il tire un verre, qu'il donne au comte. Fondu encha�n�. MONTPAILLARD - UNE RUE - EXT�RIEUR NUIT Plan moyen de Blaireau et du comte, toujours debout � c�t� des tonneaux. Il doit �tre un peu plus tard, car la nuit est tomb�e. Le comte est visiblement et totalement ivre. Blaireau, lui, est un peu moins ivre que le comte, mais titube quand m�me l�g�rement. Le comte ricane b�tement d'un rire d'ivrogne. BLAIREAU Si t'�tais gentil... Zoom avant sur les deux hommes. L�ON DE CHAVILLE �coute... �coute... appelle-moi L�on. Il prend Blaireau dans ses bras. BLAIREAU Si t'�tais gentil, L�on... L�ON DE CHAVILLE Moi, je suis toujours gentil, moi, mon ami Blaireau. BLAIREAU Alors, si t'�tais, L�on, gentil, tu me donnerais la main de ta fille. L�ON DE CHAVILLE Oh !... Je te la donne, mon vieux Blaireau. Il l'embrasse sur le front. BLAIREAU Mais c'est pas pour moi. L�ON DE CHAVILLE Ah... C'est pas... c'est pas pour toi ? BLAIREAU Non. C'est pour Fl�chard. L�ON DE CHAVILLE Ah ? C'est pour Fl�chard ? Tout ce que tu fais est bien fait, mon... Blaireau. Il l'embrasse de nouveau sur le front. L�ON DE CHAVILLE Allez hop ! Va pour Fl�chard ! IL CRIE : L�ON DE CHAVILLE Fl�chard !... Oh-oh !... Il s'�loigne en titubant. Blaireau le regarde partir, puis fait un grand signe dans l'autre direction. Plan moyen sur Arabella et Fl�chard, assis dans une voiture du man�ge, avec le chien de Blaireau. Ils se l�vent. le chien aboie et saute hors de la voiture. On d�couvre que la comtesse, qui se l�ve � son tour, �tait aussi assise dans la voiture, mais cach�e � notre regard par les chevaux de bois. Arabella envoie un baiser � Blaireau et se serre contre Fl�chard. La comtesse aussi envoie un baiser � Blaireau. Plan rapproch� sur Blaireau, qui regarde les amoureux, le verre � la main. L�ON DE CHAVILLE (voix off) H�, Blaireau... Blaireau se retourne L�ON DE CHAVILLE (voix off) H�... tu viens boire un coup, Blaireau ? Blaireau a un hoquet et fait, d'un seul coup, une dr�le de t�te, puis il tombe � la renverse. FONDU ENCHA�N� MONTPAILLARD - PLACE DE L'�GLISE - EXT�RIEUR JOUR Plan rapproch� sur Arabella et Fl�chard, tous deux en habit de mari�s. Zoom arri�re, nous permettant de d�couvrir les invit�s de la noce, tous en habit et chapeau haut-de-forme pour les hommes et en robe de gala pour les femmes. Nous sommes devant la porte ferm�e de l'�glise. Le photographe s'approche des mari�s. LE PHOTOGRAPHE Voil�, ils sont charmants. Le zoom continue, nous permettant de d�couvrir, parmi les invit�s, tous les personnages du film que nous connaissons d�j�. Seul Parju n'est pas en habit, mais en uniforme, et Blaireau ne porte pas de haut-de-forme, mais son �ternel b�ret. Au premier plan, en bas des marches, nous d�couvrons l'appareil photo, pos� sur son tr�pied. Le photographe va de l'un � l'autre des invit�s. LE PHOTOGRAPHE Monsieur Bluette, Ma�tre Guilloche, Parju, madame de Chaville, mademoiselle Rose. Il passe de l'autre c�t� des mari�s. LE PHOTOGRAPHE Voyons, monsieur Blaireau, monsieur de Chaville, monsieur le juge, monsieur le maire. Parfait ! Il redescend vers son appareil et passe derri�re l'appareil. LE PHOTOGRAPHE Attention, ne bougeons plus ! Plan rapproch� sur Blaireau, debout � c�t� du comte, qui se penche vers lui, et lui parle discr�tement. L�ON DE CHAVILLE Vous m'avez bien saoul� l'autre soir, hein, animal ! Blaireau se penche et parle entre ses dents. BLAIREAU �a n'a pas �t� sans mal. LE PHOTOGRAPHE (voix off) Souriez ! Plan rapproch� sur le photographe, vu de face derri�re son appareil. Derri�re lui, des badauds regardent la noce. LE PHOTOGRAPHE Parfait ! Ne bougeons plus. Il met le voile noir de l'appareil sur sa t�te, et prend le d�clencheur en main. On entend les cloches de l'�glise. Zoom avant sur l'appareil. LE PHOTOGRAPHE Un... deux... et trois... Plan de demi-ensemble de l'entr�e de l'�glise, avec les mari�s et leurs invit�s, qui prennent la pose en haut des marches. Une deux- chevaux Citro�n s'arr�te devant les marches. L'arri�re de la voiture est plein de valises et d'�quipement de p�che. La porte arri�re s'ouvre et un gendarme en descend, puis un autre gendarme. Le procureur, lui, descend du si�ge passager avant. LE PHOTOGRAPHE (voix off) Le petit oiseau va sortir ! Les gendarmes se saisissent de Fl�chard et l'entra�ne avec eux. Ils s'arr�tent devant le procureur, debout � c�t� de sa voiture. LE PROCUREUR Monsieur, vous vouliez aller en prison ? Et bien, allez-y ! ARMAND FL�CHARD Mais je me marie. Le procureur sort un papier de sa poche et le tend � Fl�chard LE PROCUREUR Voil�, vous en prison, et moi, en vacances. La voiture red�marre, en laissant sur place le procureur, qui court apr�s la voiture. LE PROCUREUR H� ! Attendez-moi ! Les gendarmes emm�nent Fl�chard, suivi par tous les invit�s de la noce, mari�e en t�te. Fl�chard se retourne. ARMAND FL�CHARD Arabella !... ARABELLA DE CHAVILLE Armand !... Les gendarmes sortent du champ avec Fl�chard. Le groupe de la noce, en plan de demi-ensemble, s'arr�te face � la cam�ra. Arabella se serre contre Blaireau. COMTESSE DE CHAVILLE L�on ! Faites quelque chose ! Plan moyen sur le photographe, qui enl�ve son voile noir. LE PHOTOGRAPHE Oh, ben non alors, voyons ! Il s'appuie sur son appareil, qui s'�croule sous son poids. Fondu au noir MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR NUIT Vue d'ensemble de la place devant la prison. Il fait nuit. Arabella, toujours en habit de mari�e, est appuy�e contre la porte. A ses pieds, le chien de Blaireau g�mit. Blaireau entre dans le champ et traverse la place vers la prison. Il s'arr�te et se frappe les mains sur les cuisses. Puis il reprend sa marche d'un air d�cid�. Son chien vient vers lui. Plan moyen d'Arabella, en larmes, son bouquet � la main, et appuy�e sur le c�t� du porche. Blaireau s'approche d'elle. BLAIREAU Oh !... Regardez-moi �a. Attendez !... Il frappe sur la porte � coups de poing. BLAIREAU Monsieur Bluette ! Il refrappe. BLAIREAU Monsieur Bluette ! PRISON - COUR D'ENTR�E - EXT�RIEUR NUIT Plan moyen de Bluette en pyjama, debout derri�re la porte. Il a son gros livre du r�glement des prisons � la main. MONSIEUR BLUETTE Non, non, non ! Blaireau frappe de nouveau. Bluette marche de long en large. BLAIREAU (voix off) Monsieur Bluette ! MONSIEUR BLUETTE Non ! Non ! BLAIREAU (voix off) Monsieur Bluette ! Bluette se dirige vers la porte et l'ouvre. MONTPAILLARD - PLACE DEVANT LA PRISON - EXT�RIEUR NUIT M�me plan moyen que pr�c�demment. Bluette ouvre la porte, mais ne sort pas. MONSIEUR BLUETTE Non ! Blaireau se tourne vers Arabella. BLAIREAU Vous ne pouvez pas laissez cette petite femme dehors, le soir de ses noces. MONSIEUR BLUETTE Mais Blaireau, mais... Il feuill�te le livre du r�glement. MONSIEUR BLUETTE ... le r�glement. Il a ouvert le livre � la page concern�. Blaireau regarde le livre un court instant, puis prend la page concern�e, la d�chire hors du livre et la froisse. Bluette le regarde. BLAIREAU Ah, vous n'auriez pas pens� � �a ? MONSIEUR BLUETTE Ouais ! Il regarde autour de lui. MONSIEUR BLUETTE Mais que personne n'en sache rien, hein ? BLAIREAU Personne, monsieur. MONSIEUR BLUETTE Personne ! Blaireau hausse la voix. BLAIREAU Personne ! Bluette tend la main � Arabella. MONSIEUR BLUETTE Entrez, ch�re petite madame. Arabella sourit et entre dans la prison. Elle ressort un instant et se serre contre Blaireau. ARABELLA DE CHAVILLE Oh, monsieur Blaireau. BLAIREAU Ouais, ouais... Oui, allez, allez... Elle entre et la porte se referme. Blaireau met ses mains en porte-voix, mais la porte s'ouvre de nouveau, et Bluette appara�t, un doigt sur les l�vres. MONSIEUR BLUETTE Chut ! Blaireau baisse les mains et fait un geste d'ob�issance. La porte se referme. Blaireau remet ses mains en porte-voix et crie : BLAIREAU �a y est ! LA FOULE (voix off) Vive les mari�s ! Vue d'ensemble de la place devant la prison. Des fen�tres s'allument, et des gens portant des flambeaux et des lampions allum�s descendent d'un escalier entre deux immeubles. LA FOULE Vive les mari�s ! Vive les mari�s !... D'autres personnes arrivent par la rue, portant, elles aussi, des lampions. Tous convergent vers la place. MONTPAILLARD - ENTR�E DE LA VILLE - EXT�RIEUR NUIT Vue g�n�rale de Montpaillard, �clair�e et anim�e de porteurs de lampions. Une fus�e �clate dans le ciel. D'autres porteurs de lampions passent en premier plan, se dirigeant vers le centre ville. Les enfants se tiennent la main en farandole. Zoom arri�re, nous permettant de d�couvrir la pancarte pos�e � l'entr�e de la ville : � La Ville la plus Calme de France �. Blaireau est devant la pancarte, un crayon � la main. Il trace une grande croix sur le mot � calme �, et �crit au-dessus le mot � Gaie �. Puis il se tourne en souriant vers la cam�ra. Parju s'approche de lui, un petit paquet � la main. PARJU Tiens ! C'est pour toi. BLAIREAU Mais je suis confus. Il prend le paquet. PARJU Oui, oui... BLAIREAU C'est pour moi ? Il commence � ouvrir le paquet. PARJU Oui-oui, c'est pour toi. A l'int�rieur du paquet, une petite bo�te en bois avec un couvercle. Blaireau voit un bouton � c�t� du couvercle. Il fait signe � Parju, qui hoche la t�te. Blaireau appuie sur le bouton et le couvercle s'ouvre tout seul. Un gendarme � l'ancienne, comme on en voit chez Guignol, jaillit hors de la bo�te, gr�ce � un ressort. Parju frappe sur l'�paule de Blaireau. PARJU Je t'ai eu, Blaireau ! Blaireau rit, et tape sur l'�paule de Parju, qui, � son tour, tape sur l'�paule de Blaireau. Blaireau tape sur l'�paule de Parju, qui tape sur l'�paule de Blaireau... Ils continuent � se taper mutuellement sur l'�paule, jusqu'� ce qu'ils cessent de rire tous les deux. La plaisanterie a tourn� en bagarre, et les coups qu'ils se donnent deviennent des bourrades plus agressives. FONDU ENCHA�N� TH��TRE GUIGNOL - INT�RIEUR JOUR Nous retrouvons le th��tre de marionnettes, que nous avions d�j� vu pour le g�n�rique. Gros plan sur les deux marionnettes, celle qui ressemble � Blaireau et celle qui ressemble � Parju. Elles s'envoient mutuellement des bourrades, comme nous venons de voir les v�ritables Blaireau et Parju le faire. En fait, pendant le temps du fondu encha�n�, les deux bagarres, la r�elle et celle des marionnettes, se superposent. Puis les marionnettes arr�tent de se bagarrer et nous saluent. Le mot � FIN � s'inscrit en lettres blanches sur l'�cran, et se rapproche de nous en zoom avant. Les deux marionnettes se regardent, hochent la t�te, puis se tournent de nouveau vers nous pour nous saluer. Fondu au noir. FIN DU FILM